The Project Gutenberg EBook of La casserole, by Oscar Méténier This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org/license Title: La casserole: drame en un acte, en prose Author: Oscar Méténier Release Date: February 25, 2017 [EBook #54231] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA CASSEROLE *** Produced by Clarity, Hélène de Mink, and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by The Internet Archive/Canadian Libraries)
Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées. L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée. Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.
Les pièces à succès. No 7.Prix NET: 60 centimes.
LA CASSEROLE
Un acte par OSCAR MÉTÉNIER
AVEC DOUZE SIMILI-GRAVURES
PARIS.—Ernest FLAMMARION, éditeur, 26, rue Racine.—PARIS
EN VENTE
LUI!
Un acte par Oscar MÉTÉNIER
1er FASCICULE DES PIÈCES A SUCCÈS
AVEC DOUZE SIMILI-GRAVURES
Prix NET: 60 centimes
LA CINQUANTAINE
Un acte par Georges COURTELINE
2me FASCICULE DES PIÈCES A SUCCÈS
AVEC DOUZE SIMILI-GRAVURES
Prix NET: 60 centimes
LE MÉNAGE ROUSSEAU
Un acte par Léo TRÉZENIK
3me FASCICULE DES PIÈCES A SUCCÈS
AVEC DOUZE SIMILI-GRAVURES
Prix NET: 60 centimes
EN FAMILLE
Un acte par Oscar MÉTÉNIER
4me FASCICULE DES PIÈCES A SUCCÈS
AVEC DOUZE SIMILI-GRAVURES
Prix NET: 60 centimes
MON TAILLEUR
Comédie de salon en un acte d'Alfred CAPUS
5me FASCICULE DES PIÈCES A SUCCÈS
AVEC DOUZE SIMILI-GRAVURES
Prix NET: 60 centimes
MONSIEUR ADOLPHE
Un acte d'Ernest VOIS et Alin MONTJARDIN
6me FASCICULE DES PIÈCES A SUCCÈS
AVEC DOUZE SIMILI-GRAVURES
Prix NET: 60 centimes
DU MÊME AUTEUR ROMANS ET NOUVELLES |
||
---|---|---|
Madame la Boule | 1 vol. 3 fr. 50 | |
La Lutte pour l'Amour | —— 3 fr.50 | |
Zézette | —— 3 fr.50 | |
Les Cabots | —— 3 fr.50 | |
Le Policier | —— 3 fr.50 | |
La Nymphomane | —— 3 fr.50 | |
Le Beau Monde | —— 3 fr.50 | |
L'Amour vaincu | —— 3 fr.50 | |
La Chair | —— 0 fr.60 | |
La Grâce | —— 0 fr.60 | |
Myrrha-Maria | —— 0 fr.60 | |
La Croix | —— 0 fr.60 |
THÉÂTRE
38601.—Imprimerie LAHURE, 9, rue de Fleurus, Paris.
OSCAR MÉTÉNIER
La Casserole
DRAME EN UN ACTE, EN PROSE
PARIS
ERNEST FLAMMARION, ÉDITEUR
26, RUE RACINE, 26
LE MERLAN
{M.M MÉVISTO.
{ERNEST VOIS.
LE PÈRE CHABOT.
{ANTOINE.
{HOMERVILLE.
LA TERREUR-DE-LA-MAUBE
{LÉO WILL.
{CAUDIEUX.
LE PATRON
{PINSARD.
{JOVENET.
PETIT-LOUIS
{AMYOT.
{LABRUNY.
LE GARÇON
{ARQUILLIÈRE.
{HAUSSER.
CRÉVECŒUR
{LUGNÉ-POË.
{DANVERS.
UN GARDE RÉPUBLICAIN
{TINBOT.
{THUILLIER.
LA GRANDE CARCASSE
{Mlles GABRIELLE FLEURY.
{GABRIELLE ROGER.
LA VIEILLE LISA
{LOUISE FRANCE.
LA ROUQUINE
{EUGÉNIE NAU.
{LOLA NOYR.
Gardiens de la paix, musiciens, souteneurs et filles.
A Paris, rue du Fouarre
Les simili-gravures ont été reproduites d'après les photographies de MM. CAUTIN et BERGER.
La Casserole
A
ANDRÉ ANTOINE
Directeur du THÉATRE LIBRE
La scène représente une salle de marchand de vins. Au fond, une porte à deux battants communiquant avec une salle de bal. Au-dessus de cette porte, un écriteau: Entrée du bal, 20 centimes. A gauche, un comptoir de zinc, et derrière ce comptoir une étagère chargée de bouteilles. A droite, devanture et porte vitrée donnant sur la rue. Sur les murs, des chromos, des dessins à la main et ces inscriptions peintes: Ici on paye en servant. Pas de consommations au-dessous de 15 centimes. Tables de bois blanc entourées de bancs et de sièges. A l'intérieur du bal, un garde républicain. A la cantonade, l'orchestre joue une polka.
SCÈNE PREMIÈRE
LE PATRON, LA TERREUR-DE-LA-MAUBE, CRÉVECŒUR, assis à une table à droite, LE GARÇON, puis LISA.
LE PATRON.—Je te dis que je veux plus te servir, c'est clair ça, hein?
CRÉVECœUR, à moitié gris.—Rien qu'un demi-setier!...
LE PATRON.—Rien du tout! T'es trop teigne quand t'es saoul!... tu cherches des rognes à tout le monde... ça me convient pas!
CRÉVECœUR.—Ça n'est pas vrai! Y a qu'aux crâneurs que je cherche des rognes quand ils m'embêtent!
«LA TERREUR, s'avançant.—Dis donc? C'est-y pour moi que tu dis ça?
CRÉVECœUR.—Pour toi comme pour les autres.
«LA TERREUR, menaçant.—Tu sais... répète pas!
CRÉVECœUR.—Je répéterai... si ça me plaît... et puis, je veux
à boire!
Il assène un coup sur la table avec un verre qui vole en éclats.
LA TERREUR.—Patron, faut-il le sortir?
LE PATRON.—Allez-y, la Terreur!
CRÉVECœUR., se levant.—Viens-y donc, grand lâche!
LA TERREUR.—Ugène, ouvre la porte! (Le garçon court à la porte, la tient grande ouverte. La Terreur saisit Crévecœur par la ceinture. Malgré sa résistance, il le soulève à bras tendus, et le lance dehors. Bruit de chute dans la coulisse. Le garçon referme la porte.) Un de purgé! C'est pas plus malin que ça!
Lisa entre.
8 LE PATRON., debout près de l'entrée du bal.—Merci bien, la Terreur!... Tiens, dis donc... c'est-y pas la Carcasse, là-bas?
LA TERREUR.—Oui, une rude fille... elle en a de l'estomac! J'en connais pas pour la dégoter. Et pourtant, j'en connais quelques-unes... sans me vanter!
LISA, descendant à droite.—Dire que j'étais comme ça, il y a quelques années... ça m'a passé, ça y passera aussi, ayez pas peur!
LE PATRON.—Y a joliment longtemps qu'on ne l'a pas vue, y a
au moins six mois. Est-ce qu'elle n'a pas été fabriquée, un jour
que....
Il fait le geste de voler.
LA TERREUR.—J'sais pas, mais j'ai entendu dire qu'elle était bien avec la rousse, faut se méfier.
L'orchestre se tait. Un murmure s'élève dans le bal et la grande Carcasse entre au bras de Petit-Louis. Derrière elle, danseurs et danseuses.
SCÈNE II
LES MÊMES, LA CARCASSE, PETIT-LOUIS, LA ROUQUINE, DANSEURS ET DANSEUSES.
LA CARCASSE.—Eh ben, les enfants, qu'est-ce que vous dites de ça? Je vous ai fait caner tous, hein! Une demi-heure de polka sans piper! Ah! regardez-moi donc le Petit-Louis! T'en peux plus, mon vieux!
PETIT-LOUIS, s'épongeant le front.—J'peux pus souffler! C'est comme les musiciens, ils avaient pus de vent.... Tu leur as fait gagner leur argent. (Il s'assied.) Ouf!
LA CARCASSE.—T'es donc pas un homme? En v'là un mollasson! Tâte-moi donc ce biceps, tiens! Moi, je danserais jusqu'à demain.... Je veux être bonne fille, viens boire un verre, Petit-Louis!
Elle l'entraîne au comptoir.
[1] [«LA TERREUR.—Dites donc, patron, savez que tantôt j'ai fait que trente-sept ronds... dam! y a pas de quoi croustiller chérot... pendant que les guincheurs vont s'enfiler un glass, si j'en donnais une petite séance....
9 LE PATRON.—Faites, faites, la Terreur, allez donc!
«LA TERREUR.—Eh ben, les enfants, qu'est-ce qui va me chercher mes poids.... Vous savez où que je mets mes outils... à côté de la porte... là, sous le petit hangar.
«Il enlève son paletot et apparaît en maillot pendant que deux assistants étendent un tapis, sur lequel ils déposent les poids.
«LA CARCASSE.—En v'là des manières de se défringuer ici! Pour qui qu'y nous prend?
«LA TERREUR.—Dis donc, toi, eh! crevette, est-ce que je m'occupe de ton turbin? T'occupes donc pas du mien!
10 «PETIT-LOUIS—Laisse-le gagner sa vie, c'est un aminche.
«LA CARCASSE.—On est là pour guincher, on est pas là pour admirer sa structure.
«LA TERREUR.—Ferme donc ça, eh! marmotte! Dites donc, les enfants, j'vas vous en donner une petite secousse, mais vous savez que je suis pas là pour m'amuser. Le bureau est ouvert. Vous êtes des ouvriers comme moi, mais un petit sou par-ci, un petit sou par-là, moi, ça me fait ma petite journée.... J'ai pas besoin de vous en dire plus long....
«La Terreur commence à travailler avec ses poids.
«LISA—Un beau gars, la Terreur! C'est égal, je me l'envoierais bien!
«LA ROUQUINE.—Si tu savais ce qu'il est crapule avec les femmes, tu dirais pas ça.
«LA CARCASSE.—Il a pas bientôt fini de nous raser avec ses poids en carton.
«LA TERREUR.—En carton! Viens donc y mettre les doigts! eh! chipie! (Il laisse tomber un poids.) Tiens, paye seulement un verre, je le mets sur un poids et je le bois d'une main!
«LA CARCASSE.—Chiche! je le paye, fais servir!
«LA TERREUR.—Garçon, un rhum!
«La Terreur prend d'une main un poids à la pincée, fait placer dessus un verre plein et boit.
«LA CARCASSE.—Ah! ça, c'est épatant! Je te rends mon estime.
«LA TERREUR.—Pas de boniment et un peu plus de pognon! Les enfants... s'il vous plaît... s'il vous plaît... oubliez pas la Terreur!
«Pendant qu'il fait la quête en commençant par la Carcasse, deux assistants enlèvent le tapis et les poids. La Terreur se perd dans la foule et va se rhabiller dans le fond.»]
LA ROUQUINE., à Lisa.—Qu'est-ce que c'est donc que c'te bonne femme-là?
LISA—Tu la connais pas! C'est la grande Carcasse, l'ancienne bonne amie au Marin! On a assez parlé d'elle dans les journaux!
LA ROUQUINE., soupçonneuse.—Le Merlan la connaît?
LISA—Si il la connaît, lui, l'ami du Marin? Pour sûr! Tu sais, méfie-toi!
LA ROUQUINE.—As pas peur, j'y aurai l'œil.
LISA—Elle est capable de tout... pas qu'elle est grande et frusquée à peu près, elle méprise les anciennes.... Si on avait pas été là pour y montrer le chemin, ah! malheur! Maintenant, ça fait la fière! Méfie-toi, je te dis, ton Merlan, je le connais, c'est un vrai paillasson!
LA ROUQUINE.—T'as rien à craindre! Si tu te figures qu'a me fait peur! j'en ai vu bien d'autres!
Elle va au comptoir et pousse du coude la Carcasse.
«LA CARCASSE., se retournant.—Dites donc, vous, la rouge, si vous faisiez un peu attention, hein? Y sont pas capitonnés, vos osselets!
12 LA ROUQUINE., grincheuse.—Faut se retirer quand je passe!
LA CARCASSE.—Faut se retirer! Pas de manières, hein! Tu m'a pas regardée!
PETIT-LOUIS—Laisse-la tranquille. Elle l'a pas fait exprès... pas vrai, la Rouquine?
LA CARCASSE.—Non... mais avez-vous vu c'te poupée en cire! Je voudrais pas souffler dessus, a s'envolerait!
LA ROUQUINE.—T'as qu'à essayer!
LA CARCASSE.—Ça va pas être long!
PETIT-LOUIS s'interpose, entraîne la Carcasse à la table de gauche, sur laquelle il dépose les deux verres, puis il s'assied. Pendant ce jeu de scène, les deux femmes se toisent du regard.
PETIT-LOUIS, s'approchant très près de la Carcasse.—Voyons... te fâche pas, là... assieds-toi! Et continuons notre petite conversation, veux-tu?
LA CARCASSE.—J'veux bien, mais que c'te grenouille-là essaye pas de m'embêter!...
PETIT-LOUIS—Mais non! Mais non! Écoute un peu!
Il passe un bras sous celui de la Carcasse et lui parle à l'oreille.
LA ROUQUINE., toujours au comptoir.—Patron, une verte!
LE PATRON.—Une verte, à c't'heure-ci?
LA ROUQUINE., sombre.—Oui, à c't'heure-ci!
LISA—La Rouquine qui boit de l'absinthe! Sûr, y aura un coup de chien, ce soir! Ce sera rien rigolo!
«LA TERREUR., à Lisa.—On dirait que le Petit-Louis en pince pour la Carcasse.
LISA—S'il a des poches, il peut se fouiller. Tiens, un miché... le père Chabot!
SCÈNE III
Les Mêmes, LE PÈRE CHABOT.
CHABOT., titubant.—Bonjour, la petite famille! Eh bien, quoi? On ne rigole plus maintenant? Je suis pour la joie, moi!
Il chante.
Elle s'appelait Madeleine,
Zig zon zig zon zaine;
Elle s'appelait Madeleine.
Aux oiseaux! Aux oiseaux!
Il s'assied à la table de droite.
LA TERREUR.—Qu'est-ce que c'est que ce paroissien-là?
LISA—L'père Chabot, l'marchand de vaches de la rue Boutebrie, un richard!
LA TERREUR.—Tu le connais?
LISA—Si je le connais! C'est un client à moi... d'puis vingt ans!
LA TERREUR.—C'est lui qui t'entretient?
LISA—Des fois! Bonjour, père Chabot! Ça va bien, c'te santé?
CHABOT.—Pas mal! Pas mal! Ça se maintient. Garçon!
14 LE GARÇON.—M'sieu Chabot!
CHABOT.—Donne-moi un verre de schnick... et tu sais... d'la bouteille au patron... pas de blagues!
LISA, se coulant sur le banc, près de Chabot.—Tu me régales?
CHABOT.—Non, pas aujourd'hui!
LISA—On n'aime donc plus sa petite Lisa?
CHABOT., bourrant sa pipe.—Je te dis, pas aujourd'hui, là!
LISA—Tu me donneras bien une cigarette?
CHABOT.—Ça, oui, si t'as du papier! Y aurait-il moyen... d'avoir du feu... avec des protections?... (Lisa se lève et court au comptoir chercher une allumette. Le garçon apporte un petit verre.) Est-ce que tu te fous de moi? Je t'ai pas demandé un dé à coudre... j'veux un grand verre.
LISA, revenant avec une allumette enflammée.—Tu te plaindras pas que j'aye pas soin de toi! (Elle l'aide à allumer sa pipe.) Voyons! j'ai bien mérité une petite goutte!
Le garçon apporte un grand verre qu'il remplit d'eau-de-vie jusqu'au bord.
CHABOT.—T'es rien devenue canule depuis que je t'ai vue! Quand j'ai dit non, c'est non!
LISA—Alors, c'est fini, nous deux, mon petit Chabot? Pus d'amour?
CHABOT.—Non! pus d'amour du tout! J'suis devenu un homme sérieux!
Il chante.
Madeleine, c'est un beau nom,
La belle zig zig, la belle zig zon.
Madeleine, c'est un beau nom
Pour la fille d'un capitaine:
Aux oiseaux! Aux oiseaux!
LISA—Voyons! T'as rien à me reprocher! j'ai toujours été gentille avec toi.
CHABOT.—C'est possible.
LISA—Tu veux m'empêcher de gagner ma vie?...
CHABOT.—Puisque je te dis que j'ai acheté une conduite.
LISA, très pressante.—Voyons, mon petit Chabot!.. mon petit Chabot... Je t'assure... tu verras....
Elle lui parle à l'oreille.
LA CARCASSE., se levant.—Non, Petit-Louis! Y a rien de fait! Tu perds ton temps.
PETIT-LOUIS—Si tu me connaissais....
LA CARCASSE.—J'te connais assez! Des michés, tant qu'on voudra! Des béguins, jamais de la vie! J'suis assez de toute seule pour manger ma bonne galette!
PETIT-LOUIS—A deux, on fait des économies! Et puis, ça te ferait une compagnie.
LA CARCASSE.—Non, mon vieux, non! moi, j'veux ma liberté! Avoir un homme pour qu'y vous foute des coups!
16 PETIT-LOUIS—Pas moi, par exemple! J'suis tout ce qu'il y a de doux!
LA CARCASSE.—J'aime pas ça non plus, les hommes doux, es-tu content? Ah! là, là, t'es pas le premier qu'as voulu acheter ma figure, mais j'suis trop marlouse, vois-tu! Tu m'as bien fait danser. J'vas te régaler... pour une fois, hein? J'peux bien faire ça pour toi!
Elle va au comptoir et jette au patron le prix des deux verres. Puis, elle va se regarder dans une petite glace pendue au mur et arrange ses cheveux.
LISA—Alors... non?
CHABOT., brutalement.—Non!
LISA—J'suis pourtant pas dépensière, pas exigeante.... Voyons! là... tu me donneras ce que tu voudras.
CHABOT.—Zut! (Au garçon.) Dis donc, l'employé, pourquoi que tu m'as pas fait payer tout de suite?
LE GARÇON.—Oh! vous, m'sieu Chabot!
CHABOT., à moitié gris.—Y a un règlement d'affiché! J'connais que le règlement, moi!... J'veux pas de faveur! Combien que je dois?
LE GARÇON.—Ça fait six sous.
CHABOT.—Ah! six sous!
Il sort de sa poche une bourse en cuir, dénoue les cordons, l'étale sur la table et y plonge la main.
LA TERREUR.—Ah! ça, il a donc escroqué quelqu'un? C'est scandaleux d'avoir tant de galette, quand les autres sont fauchés! (A la Rouquine.) Il serait rudement bon à dégringoler.
LISA—Donne-moi au moins cinquante centimes pour mon tabac?
CHABOT., payant.—V'là huit sous! Ça fait-il le compte?
LE GARÇON.—Merci ben, m'sieu Chabot!
LISA—Cinq ronds! Rien que cinq ronds! Pour ma goutte, demain matin!
CHABOT.—Rien.
LISA, piquée.—T'es rien avare.
CHABOT., de plus en plus gris.—Je suis simplement écolome.. j'suis rangé des voitures!
LA CARCASSE., s'approchant de Chabot, qui renoue les cordons de sa bourse.—Tiens! mon oncle!
CHABOT., riant bêtement,—Ah! Ah! Ah! C'est une nouvelle! Ah! elle est rigolote!
LA CARCASSE.—Oh! c'est épatant ce que t'as la bobine à mon oncle.
CHABOT.—Dis donc.... Veux-tu être ma nièce?
LA CARCASSE.—Merci! Je sors d'en prendre! Si c'est tout ce que tu peux faire pour moi!
18 CHABOT., avec difficulté.—J'ferai tout ce que tu voudras! Tiens, viens t'asseoir là!
LA CARCASSE.—J'ai des fourmis dans les jambes. Merci! J'suis pas venue pour m'asseoir, je suis venue pour danser! Et puis, d'ailleurs, j'aime pas tant que ça les vieux!
CHABOT—Moi, j'suis pas vieux... pas vieux du tout! Et tu sais... j'suis pas ingrat!... Quel âge que t'as?
LA CARCASSE.—Dix-neuf ans, toutes mes dents et pas de corset!
LISA—Dix-neuf ans! As-tu fini! Dix-neuf ans et puis quelque chose avec! L'écoute pas, mon vieux Chabot! Reste avec moi, va, c'est dans les vieux pots qu'on fait de la bonne soupe.
LA CARCASSE.—C'est pas la peine de te démancher tant que ça, va, je te l'enlèverai pas, ton vieux! Non, mais j'vous demande un peu si ça serait pas mieux à six pieds sous terre, en train de manger du pissenlit par la racine!
L'orchestre joue les premières mesures d'un quadrille.
LE PATRON.—Le dernier quadrille! Après ça on ferme!
LA CARCASSE.—Le dernier quadrille! J'en suis! Qu'est-ce qui me fait vis-à-vis?
Elle exécute une série d'entrechats.
CHABOT., se levant avec peine.—Moi! moi!
LISA—Tu vas pas aller avec c'te roulure-là! Voyons, mon petit Chabot, quitter ta petite Lisa!
CHABOT., bousculant Lisa.—Veux-tu me foutre la paix, une fois pour toutes! (Se campant en face de la Carcasse.) Allons-y! C'est moi... ton cavalier!
Il fait un avant-deux et titube, la Carcasse le retient.
LA CARCASSE.—Tu sais... avec moi, faut des jambes!
CHABOT.—Des jambes! j'en ai, des jambes! Tu vas voir un peu!
La Carcasse entraîne Chabot dans le bal.
LISA—R'gardez-moi un peu c'te Jeanne d'Arc, qui vient vous souffler vos clients sous le nez!
LA CARCASSE., disparaissant dans le bal.—Va donc remiser ton fiacre, eh! vieux restant de Saint-Lazare!
Tous la suivent, sauf la Rouquine et Lisa.
SCÈNE IV
LA ROUQUINE, LISA, LE PATRON, LE GARÇON, puis LE MERLAN.
LISA—Ah! si j'avais dix ans de moins... et pas de rhumatisses!... Mais je le repincerai... c'est pas fini, c't'affaire là!... Tiens, le Merlan!
LE MERLAN. >Il entre et fait un moulinet avec sa canne; à la Rouquine.—Qu'est-ce que tu fais là? C'est comme ça que tu travailles?
20 LA ROUQUINE., humblement.—Écoute, chéri....
LE MERLAN.—Quoi? As-tu de la monnaie?
LA ROUQUINE., la tête basse.—Non!
LE MERLAN.—J'aime qu'on s'occupe.... Je peux pas souffrir les feignants, moi!
LA ROUQUINE.—Mon petit homme, tu sais bien que je t'aime tout plein... que j'aimerais mieux me passer de manger que de te voir triste et sans le sou.... Tiens, regarde.... (Elle fouille dans sa poche.) Il me reste cent sous, les voilà! D'ici ce soir, j'en ferai d'autres... seulement, veux-tu que je te dise.... Y a des moments que je suis jalouse... j'ai pas le cœur à l'ouvrage.... Il me semble que tu m'aimes plus... et que pendant que je travaille.... Tu feras jamais ça, est-ce pas? Tu me ferais trop de peine.... Tu n'aimeras jamais que moi, dis?...
LE MERLAN.—Est-ce que c'est bientôt fini?
LA ROUQUINE.—Vois-tu!... si jamais tu me trompais....
LE MERLAN.—Je vois que tu tiens à avoir une explication avec le bout de ma botte!
LA ROUQUINE.—Mon petit homme...
LE MERLAN.—Fais-moi le plaisir de filer, hein! Et plus vite que ça.
LA ROUQUINE., humble.—Je m'en vais.
Elle marche à pas lents en regardant le Merlan, qui se dirige vers le comptoir.
LE MERLAN.—Eh bien, patron! Ça va les affaires?
Le patron et le Merlan causent à voix basse.
LISA, à la Rouquine.—Va, ma fille, l'excite pas! Je connais ça, moi, vois-tu! Au fond, c'est pas un mauvais cœur, le Merlan, seulement, faut savoir le prendre!
LA ROUQUINE.—Surveille-le! s'il y avait quelque chose...
LISA—Je te préviendrai!
La Rouquine sort.
SCÈNE V
LISA, LE MERLAN, LE PATRON.
LISA, [à part.—Attends, Carcasse! Tu vas me payer ça!] J'ai mon plan! Le Merlan, c'était l'ami au Marin... l'ancien de la Carcasse. Attends un peu! (Haut.) Dis donc, Merlan, t'es pas gracieux pour c'te pauvre Rouquine.
LE MERLAN.—Tiens, t'étais là, toi, la mère Lisa?
LISA—Bien sûr! Elle t'aime bien, tu sais.
LE MERLAN.—Elle m'aime trop, ça me gêne!
LISA—Toi, tu l'aimes donc plus?
LE MERLAN.—Faut bien que je l'aime, jusqu'à ce que j'en trouve une autre... Je l'ai pas à perpétuité!
22 LISA—Tu sais pas pourquoi qu'elle t'a fait une scène... c'est qu'il y en a là une autre... une nouvelle... une chouette... que tu connais bien et que tu serais peut-être pas fâché de revoir...
LE MERLAN., intéressé.—Qui donc?
LISA—Vas-y voir, elle danse! (A part, pendant que le Merlan se dirige vers l'entrée du bal.) Nous y v'là!
LE MERLAN.—Laquelle donc?
LISA—Tu vois pas?... Celle qui lève la jambe à la hauteur de l'œil....
LE MERLAN., pâle et faisant un pas en arrière.—Tonnerre! la Casserole!
LISA—Hein, quoi?
LE MERLAN.—La Casserole! Ah! mon pauvre Marin! Oui, c'est bien elle! C'est bien sa tronche! Elle a beau se farguer, je la reconnais aux châsses! Ah! la canaille!
LE GARDE RÉPUBLICAIN.—Allons! Entrez ou sortez! Restez pas là!
Il passe.
LE MERLAN.—De quoi est-ce qu'il s'occupe encore, celui-là? (il va jusqu'à la porte de la rue.) Encore des fliques qui passent! Quel sale quartier! On peut pas faire un pas sans se foutre dans de la rousse!
SCÈNE VI
Les Mêmes, LA TERREUR, PETIT-LOUIS
LA TERREUR.—Elle est tout de même épatante, c'te môme-là! Elle vous pince une frétillante avec un chic! Tiens, le Merlan, bonjour!
LE MERLAN., sombre.—Bonjour... Vous l'avez vue aussi, hein?
LA TERREUR.—Qui?
LE MERLAN.—La grande Carcasse.
LA TERREUR.—Oui! c'est une gigolette, je te dis que ça! Tu la connais aussi, toi?
LE MERLAN., amèrement.—Oui, je la connais aussi! Mais c'est pas de ça qu'il s'agit! Méfiez-vous! (Confidentiellement.) C'est une castrole... elle marche avec la rousse!
PETIT-LOUIS—Ah, bah!
LA TERREUR.—Je l'avais déjà entendu dire.
LE MERLAN.—Moi, j'en suis sûr! C'est elle qui a fait gerber le Marin, vous savez bien, le Marin?... Il est au dur et pour dix ans... à cause d'elle!
PETIT-LOUIS—Pas possible!... Et moi, qui tout à l'heure... j'étais bien tombé!
24 LE MERLAN.—Oui, à cause d'elle!... de c'te bonne femme qu'est en train de faire la belle jambe avec son vieux.... Je vas vous conter çà. (Il s'assied à la table de droite, la Terreur et Petit-Louis s'asseyent près de lui.) Garçon, du pétrole! Et puis, des brêmes! En maquillant les brêmes, on jaspine mieux!
LISA—Y aura bien un verre pour moi....
LE MERLAN.—Parfaitement! T'es pas de trop! Toi, t'es une frangine! Tu causes pas... quand il faut se taire...
Le garçon apporte un litre d'eau-de-vie, des verres et un jeu de cartes.
LISA—Garçon, un verre pour ma figure!
Elle s'assied.
LE MERLAN., mettant dans son œil une pièce de cinq francs comme un monocle et la faisant sauter d'une chiquenaude sur la table.—Amarre la thune! C'est la dernière! Plus un radis, mais la gonzesse turbine, y aura de la galtouze ce soir!
LE GARÇON.—V'là votre monnaie, le Merlan!
LE MERLAN.—C'est bon! (Le garçon se retire. Le Merlan verse de l'eau-de-vie dans les verres.) Vous l'avez tous connu, l'Marin, n'est-ce pas? C'était un camarade à moi, un ami de cœur, je l'aimais!
LISA—La Rouquine en était jalouse.
LE MERLAN., avec un sourire contenu.—Elle avait p't'être raison? Des amis comme ça, on y tient! C'est à la vie, à la mort! La preuve, c'est que je le regrette! Je me suis jamais consolé depuis son départ! Tandis que les femmes.... Pfff! Une de perdue, dix de retrouvées!...
LISA—Ça, c'est vrai, les femmes! c'est pas rare!
LE MERLAN.—Aussi, un beau jour, vous verrez... faudra que je la crève, la sale Carcasse!
LA TERREUR.—Ah! tu sais, faut bien réfléchir avant... moi, je suis pour la prudence.
LE MERLAN.—La prudence! Tu me fais rire, tiens! T'as donc jamais été touché là, toi, au cœur? (Il se frappe la poitrine.) Quand ça me prendra, ça ne traînera pas! A toi de faire, Petit-Louis, maquille, maquille! Ça regarde pas le bistro, ce que je jaspine là! Faut qu'y croit que nous jouons!
LISA—Ah! oui, le cœur! Ça fait souffrir! Je sais ce que c'est! Quand vous en aurez souffert autant comme moi! J'en ai eu deux, des amis, moi, à qui qu'on a coupé le cou.... Eh bien! j'sais la peine que ça m'a fait!
LE MERLAN.—Il l'avait prise, sortant du claque, sans un radis, sans une liquette à se foutre sur le dos! Rien de rien! On turbinait ensemble dans ce temps-là, et on l'avait nippée, fringuée, quoi! Un béguin qui l'avait pris comme ça, l'pauvre Marin! C'est un malheur! Eh bien, un jour, elle l'a fait pincer... en flagrant délit... un coup d'escalade et d'effraction... la nuit!... Attrapé, dix ans... et devant le juge, elle l'a chargé! Encore heureux que j'ai pas trinqué, j'étais du même coup, mais elle m'avait pas vu!
LA TERREUR.—N'en faut pas, des castroles, ici!
26 PETIT-LOUIS—Sans compter qu'ça grille le métier! N'y faut pas de mec à la gonzesse, mince alors!
L'orchestre se tait. On entend un long murmure dans le bal et des cris:—Bravo! Bravo!
LE PATRON., à l'entrée du bal.—C'est pour avoir l'honneur de vous remercier! Il va être deux heures, les enfants!
LE MERLAN.—On va fermer! C'est le moment! V'là la coterie qui défile et la Carcasse aussi! Faut pas qu'elle aille se bâcher tranquille! On y dégringolera son pante! Ça y est-il? Si alle bouge, quelques bonnes poignées de salsifis sur la poire... et faudra qu'elle paye la sauce!... Entendu?
TOUS.—Oui!
La salle de bal se vide. Le garde républicain part, les musiciens sortent, les danseurs s'attablent. Puis la Carcasse apparaît, dépeignée, le visage enflammé, traînant le père Chabot veule, avachi, fléchissant sur ses jambes. Le Merlan et ses acolytes sont debout à droite de la salle.
SCÈNE VII
LES MÊMES, LA CARCASSE, LE PÈRE CHABOT, SOUTENEURS ET FILLES.
LA CARCASSE., soutenant Chabot.—Tu sais, mon oncle, t'es rien lourd!
CHABOT., remuant péniblement la tête.—Fatigué!... Fatigué!...
LA CARCASSE.—T'es fatigué, mon pauv' vieux! T'as mal à tes gambettes! Dam! tu sais, faut être jeune pour tricoter des pincettes! Tiens, sis-toi là! (Elle le fait asseoir à la table de gauche.) Tout à l'heure, on va aller faire dodo! Ça te reposera! Tu prends du kirsch, dis? C'est très bon, le kirsch, pour vous remettre.... Garçon, du kirsch!
CHABOT.—Du krisch! Oui, j'veux prendre du krisch!... C'est bon, le krisch!...
LE MERLAN., s'approchant en se dandinant.—Bonjour, Carcasse, tu payes rien?
LA CARCASSE.—Tiens, le Merlan! T'payer quelque chose? Tu t'en ferais mourir, c'est pas dans mes habitudes. D'abord, c'est pas moi... c'est mon oncle qui régale... à moins que le vieux.... Dis donc, vieux, veux-tu y offrir quelque chose, au Merlan?... C'est un ancien copain.
CHABOT.—Hein, quoi?
LA CARCASSE.—Je te demande si tu veux y offrir quelque chose, au Merlan... un verre de kirsch?
CHABOT.—Du krisch?... C'est bon... le krisch!
LA CARCASSE., désignant le Merlan.—Garçon, un kirsch pour monsieur!
Le Merlan s'assied en face de la Carcasse.
LISA, se glissant vers la porte, à part.—C'est le moment! La Rouquine doit pas être loin. Vous allez voir le tableau!
Elle sort.
28 LE MERLAN.—A ta santé, Carcasse!
LA CARCASSE.—A la tienne! Trinque donc, mon oncle!
Ils trinquent.
LE MERLAN., après avoir bu.—Y a tout de même longtemps qu'on s'est pas vu. T'es rien devenu belle fille!
LA CARCASSE.—Oui... y en a déjà quelques-uns qui me l'ont dit.
LE MERLAN.—Et le Marin? Y-a-t'il longtemps que t'en as eu des nouvelles, du Marin?
LA CARCASSE.—Le Marin! Mon petit, c'est de l'histoire ancienne, ça! Ah bien! il est loin, s'il court toujours!
SCÈNE VIII
Les Mêmes, LA ROUQUINE, LISA.
LE MERLAN., voyant apparaître la Rouquine sur le seuil.—Ma femme!
Il recule sa chaise.
LA CARCASSE.—Ta femme... c'te mal roussie? Qu'est-ce que ça peut me foutre, ta femme? J'suis pas libre, p't'être bien, d'trinquer avec qui que je veux?
LA ROUQUINE., s'arrêtant à deux pas de la Carcasse.—Ah! rosse, t'as pas assez de ton vieux? Y t'faut encore les hommes des autres! Eh bien, attends un peu pour voir!
LA CARCASSE., debout, les poings sur les hanches.—Hein, de quoi? Des menaces? Eh bien, viens-y donc! Et puis, après tout, y a longtemps que tu me cherches.... Tu m'as trouvée, c'te fois!... Allons, je t'attends!
LA ROUQUINE.—Tu m'attends? Eh bien! me v'là!
Elle se jette sur la Carcasse, mais celle-ci la saisit à bras-le-corps et profitant de sa grande taille, elle fait pleuvoir sur la tête de la Rouquine une grêle de coups.
LA CARCASSE.—Ah! sale bête! tu veux goûter de mes salsifis! Tiens... en v'là un... et puis un autre... et puis encore un autre!
TOUS.—Kiss! Kiss!
Un grand cercle s'est formé, au milieu duquel a lieu le combat. Le père Chabot, toujours assis et très entouré, considère les deux femmes d'un air hébété, tandis qu'adroitement Petit-Louis explore ses poches et subtilise son porte-monnaie.
LE MERLAN.—Allume, allume!
LA ROUQUINE.—A mon tour, maintenant!
Elle se baisse, enlace les jambes de la Carcasse, la fait basculer et toutes deux tombent, la Carcasse dessous. La Rouquine lui enfonce ses ongles dans la face.
LA CARCASSE.—Oh! la rosse!
LA ROUQUINE.—Tiens, Casserole, v'là pour toi... et encore pour toi!
30 LE MERLAN., sans bouger.—Allume! Allume!
LE PATRON.—C'est vot'dame qui a commencé, le Merlan! J'veux pas d'ça chez moi!
LE MERLAN.—Des disputes de femmes, ça me regarde pas!
Le patron saisit la Rouquine, l'arrache avec peine de dessus la Carcasse et la jette à la porte.
LA CARCASSE., se relevant ensanglantée et montrant le poing à la Rouquine.—As pas peur! Tu perds rien pour attendre! Je te repincerai! Et ce sera pas long! Viens-t'en, mon vieux, paye et viens-nous-en!
Tous les souteneurs se retirent, laissant isolés au milieu de la salle la Carcasse et le père Chabot.
SCÈNE IX
Les Mêmes, moins LA ROUQUINE.
LA CARCASSE.—Allons, voyons! Eh bien, paye donc et que ça finisse!
CHABOT., se fouillant, atterré.—Porte-monnaie!... Porte-monnaie!... Rien!... Je suis volé!
LA CARCASSE.—Volé! On t'a volé! C'est vous autres, tas de mufles, qui lui avez volé sa bourse à ce pauv'vieux! Ça se passera pas comme ça! Ah! vous me traitez de castrole! Eh bien, j'vas vous montrer si j'en suis une, de castrole! C'est que je vous connais tous, moi! Toi, le Marseillais, c'est pas la peine de te foutre ta casquette sur l'œil, je te vois bien, va! Et toi, Petit-Louis, avec ton grimpant que t'as fabriqué à la Maube! Et toi, la Terreur, avec ta pelure que t'as grinché à l'étalage!
LE MERLAN., s'avançant.—Et moi?
LA CARCASSE.—Toi! T'aurais mieux fait de ne pas ouvrir la gargoine! Du haut en bas, t'as rien à toi... pas seulement tes croquenauds!
CHABOT.—Je suis volé!... Je suis volé!...
LE MERLAN., les dents serrées.—V'là un mot de trop, la Carcasse!
LA CARCASSE.—De quoi, v'là un mot de trop? Il avait deux cents balles dans sa poche, mon vieux, et vous y avez secoué son porte-monnaie! A moins que ce soit moi.... C'est peut-être bien moi... au fait!
LA TERREUR.—Pourquoi pas?
LA CARCASSE.—Ah! mais non, tu sais!... Putain, tant qu'on voudra! Et encore pas pour toi, entends-tu, la Terreur! Putain, mais pas voleuse! A preuve, le Marin, mon ancien amant! Tant qu'il est resté bon fieu, ça a été! Mais le jour qu'il est venu me trouver et qu'il m'a dit:—«La môme, je te gobe, si tu veux, on va prendre une chambre ensemble, tu feras le turbin et pour l'argent on s'arrangera!» J'en ai eu assez!... Le jour qu'il est venu me trouver pour faire un coup, j'en ai eu de trop!... Je mange pas de ce pain-là! Y ne m'en faut pas de camelotte à moi! J'peux pas souffrir les pègres!
32 LE MERLAN.—Quand t'avais pus le rond, t'étais bien aise de palper ses pièces de vingt balles, au Marin!
LA CARCASSE. —Mais j'savais pas d'où qu'elles devenaient!.. D'abord toi, le Merlan, t'étais son ami, son poteau! Tu passeras en jugement comme lui! As pas peur, j'vas m'occuper de toi et pas plus tard que demain, au bureau du quart d'œil.... Le porte-monnaie du vieux se retrouvera, crains rien! Viens, mon oncle, t'as pus le rond, eh ben! c'est moi qui vas casquer!
LE PATRON.—En v'là assez, n'est-ce pas? Encore une fois, j'veux pas de disputes chez moi! Allons, oust!
Murmures dans la foule. Le patron aidé de son garçon pousse tout le monde dehors, sauf Chabot et la Carcasse.
LE MERLAN., sortant le dernier.—C'est bon! C'est bon! On s'en va!
Il jette en sortant un coup d'œil menaçant à la Carcasse, qui soutient son regard.
SCÈNE X
LA CARCASSE, CHABOT, LE PATRON, LE GARÇON.
LA CARCASSE., jetant de l'argent sur le comptoir.—V'là de la galtouze! Alle est pas grinchée, celle-là!
LE PATRON., rendant la monnaie.—Voyez-vous, la Carcasse, moi, j'suis juste! Tout ça, c'est un peu de vot' faute, si vous aviez pas bu avec le Merlan....
LA CARCASSE.—Laissez-moi donc tranquille! Tout ça, c'est voleur et compagnie! (Allant auprès du père Chabot qu'elle essaye de remettre sur ses jambes.) Viens, mon vieux, viens-nous-en! Je te ferai rendre, moi, ton porte-monnaie, crains rien! Ils y passeront tous, les uns après les autres!
CHABOT.—Je suis volé.... Je suis volé!...
LA CARCASSE.—Va donc! puisque je te le ferai rendre! J'irai trouver le quart d'œil! Demain, ils auront tous les flicards à leurs trousses... ils n'y couperont pas!
LE PATRON.—Allons! la Carcasse, dépêchons! C'est l'heure! En route!
LA CARCASSE., qui est parvenue à remettre Chabot sur ses pieds.—Si vous croyez que c'est facile! Allons, viens-nous-en, mon vieux!
Elle soutient Chabot et tous deux font quelques pas vers la porte.
LE PATRON.—Eh! le loufiat! Viens m'aider un peu à ranger les bancs dans la salle de bal, avant d'éteindre.
LE GARÇON.—On y va!
Tous deux disparaissent dans la salle de bal.—Demi-obscurité.
SCÈNE XI
LA CARCASSE, CHABOT, puis successivement LA TERREUR,
LE MERLAN, LA ROUQUINE, LISA.
LA CARCASSE.—Allons! un peu de courage! (On entend au dehors un coup de sifflet.) Sifflez donc, tas de gouapeurs! J'vous crains pas! (Nouveau coup de sifflet.) Ah, çà! est-ce qu'ils nous attendraient?
Elle s'arrête au milieu de la salle, soutenant toujours le père Chabot.
LA TERREUR. Il passe sa tête dans l'entre-bâillement de la porte, jette un regard circulaire dans la salle pour s'assurer que le patron n'est plus là, puis il se retire en faisant un signal.—Pi... ouitt!
LE MERLAN., répondant à la cantonade.—Pi... ouitt!
LA CARCASSE., immobile et inquiète.—Les v'là! Tiens-toi bien, mon homme!
LE MERLAN., apparaissant à la porte et marchant vers la Carcasse, à petits pas, les bras croisés.—T'as trop jaspiné pour ce soir, la Carcasse!
LA CARCASSE.—J'ai dit ce qu'il fallait! Vous êtes des grinches, laisse-moi passer!
Elle veut écarter le Merlan qui ne bouge pas.
LA ROUQUINE., apparaissant à la porte, suivie de Lisa.—Mais saigne-la donc!
LA CARCASSE., à la Rouquine.—Me saigner! Viens-y donc! (Se reculant tout à coup avec un geste d'effroi.) T'as pas envie de me suriner, je suppose?
LE MERLAN.—P't-être bien que si!
Il lui enfonce un couteau dans la poitrine.
LA CARCASSE., lâchant Chabot, tombe.—Oh! la rosse! Il m'a linguée! Barre-toi, mon vieux!
CHABOT., tombant assis lourdement, d'un air hébété.—J'suis volé!... j'suis volé!...
LA TERREUR., debout près de la porte.—Acrès! V'là l'arnaque!
Il disparaît dans la rue. Le Merlan, les bras croisés, ne bronche pas. Il regarde la Carcasse se tordant et râlant à ses pieds.
LA ROUQUINE.—T'as donc pas entendu? V'là la rousse!
LE MERLAN.—Je suis pas sourd!
LA ROUQUINE., essayant de l'entraîner.—Viens-t'en donc!... Ils vont t'aggriffer!
LE MERLAN., la repoussant.—Lâche-moi le coude! C'est ce que je veux! J'ai vengé le Marin! C'était mon poteau!... Je veux aller le retrouver!...
LA ROUQUINE.—Eh bien? Et moi?...
LE MERLAN.—Toi?... Je m'en fous pas mal!
LA ROUQUINE.—Cochon, va!
SCÈNE XII
Les Mêmes, LE PATRON, LE GARÇON, puis des Gardiens de la paix.
LA CARCASSE., râlant.—A moi!... A moi!...
LE GARÇON.—Ah! mon Dieu!... Madame Carcasse!
LISA, montrant la Carcasse.—Oh! c'te poëlée! V'là où que ça mène, la mauvaise conduite!
Des gardiens entrent en courant. Ils saisissent la Rouquine, qui cherche à s'enfuir.
LA ROUQUINE., se débattant.—Tas de brigands! Tas de canailles!...
Un gardien l'entraîne.
LE PATRON., survenant.—C'est lui!... C'est le Merlan!... Ah! le bandit! Prenez garde!... Il a son couteau!
Les agents saisissent le Merlan.
LE MERLAN., très calme, souriant.—Oui! c'est moi qui l'ai surinée!... Mais n'ayez pas peur, allez!... Je me sauverai pas.... Je me rends.... V'là mon lingue!...
Il tend son couteau ensanglanté. On l'entraîne aussitôt, pendant que le patron, le garçon et un dernier gardien relèvent la Carcasse et Chabot.
LA CARCASSE., à moitié soulevée.—Je vous le dis... vous pouvez... me croire... tous... tous... toute la tierce... y... passera!...
Elle retombe dans les bras de ceux qui la soutiennent.
CHABOT.—J'suis volé!... J'suis volé!...
RIDEAU
38601.—Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9, Paris.
EN VENTE A LA MÊME LIBRAIRIE
UN DES PLUS GRANDS SUCCÈS DE LA LIBRAIRIE MODERNE
Plus de cinq millions de volumes répandus sur tout le globe depuis
l'apparition de cette Bibliothèque économique.
AUTEURS CÉLÈBRES
à 60 centimes le volume.
En jolie reliure spéciale à la collection 1 fr. le volume.
Le but de la Collection des AUTEURS CÉLÈBRES est de mettre entre toutes les mains de bonnes éditions des meilleurs écrivains modernes et contemporains, pouvant en même temps tenir une belle place dans toute bibliothèque.
CHAQUE OUVRAGE EST COMPLET EN UN VOLUME
(Extrait du Catalogue)
J. NICOLLE
Costumier
VENTE ET LOCATION
de costumes
10, Rue Grange-Batelière, 10
POUR THÉATRES ET SOIRÉES
Photographie CAUTIN & BERGER
62
rue CAUMARTIN
PARIS
HOTEL PRIVÉ
Téléphone
Le Grand Guignol
20 bis, rue Chaptal
Directeur artistique: OSCAR MÉTÉNIER
Secrétaire général: PAUL DORNANS
TOUS LES SOIRS
Comédies et drames inédits en un acte
Abonnements: CENT FRANCS par an donnant droit à huit représentations inédites et à une entrée par semaine.
CHEMIN DE FER DU NORD
PARIS A LONDRES
VIA CALAIS OU BOULOGNE
Cinq services rapides quotidiens dans chaque sens
Trajet en 7h—Traversée en 1h.
Tous les trains comportent des 2es classes
En outre, les trains de malle de nuit partant
de Paris pour Londres et de Londres pour Paris
à 9h du soir, et les trains de jour partant de
Paris pour Londres à 3h 45' du soir et de Londres
pour Paris à 2h 45' du soir via Boulogne-Folkestone,
prennent les voyageurs munis de billets
de 3me classe.
Départs de Paris:
Via Calais-Douvres: 9h, 11h 50' matin et 9h soir.
Via Boulogne-Folkestone: 10h 30' mat. et 3h 45' s.
Départs de Londres:
Via Douvres-Calais: 9h, 11h matin et 9h soir.
Via Folkestone-Boulogne: 10h mat. et 2h 45' s.
Services officiels de la Poste (via Calais).
La gare de Paris-Nord, située au centre des
affaires, est le point de départ de tous les grands
express Européens pour l'Angleterre, l'Allemagne,
la Russie, la Belgique, la Hollande,
l'Espagne, le Portugal, etc.
37965.—Imprimerie, LAHURE, rue de Fleurus, 9, à Paris
NOTE:
[1] La scène mise entre guillemets peut être supprimée à la représentation, en cas d'insuffisance de l'artiste chargé du rôle de la Terreur-de-la-Maube.
End of the Project Gutenberg EBook of La casserole, by Oscar Méténier *** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA CASSEROLE *** ***** This file should be named 54231-h.htm or 54231-h.zip ***** This and all associated files of various formats will be found in: http://www.gutenberg.org/5/4/2/3/54231/ Produced by Clarity, Hélène de Mink, and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by The Internet Archive/Canadian Libraries) Updated editions will replace the previous one--the old editions will be renamed. Creating the works from public domain print editions means that no one owns a United States copyright in these works, so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties. Special rules, set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark. Project Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you charge for the eBooks, unless you receive specific permission. If you do not charge anything for copies of this eBook, complying with the rules is very easy. You may use this eBook for nearly any purpose such as creation of derivative works, reports, performances and research. They may be modified and printed and given away--you may do practically ANYTHING with public domain eBooks. Redistribution is subject to the trademark license, especially commercial redistribution. *** START: FULL LICENSE *** THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free distribution of electronic works, by using or distributing this work (or any other work associated in any way with the phrase "Project Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full Project Gutenberg-tm License (available with this file or online at http://gutenberg.org/license). Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg-tm electronic works 1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to and accept all the terms of this license and intellectual property (trademark/copyright) agreement. If you do not agree to abide by all the terms of this agreement, you must cease using and return or destroy all copies of Project Gutenberg-tm electronic works in your possession. If you paid a fee for obtaining a copy of or access to a Project Gutenberg-tm electronic work and you do not agree to be bound by the terms of this agreement, you may obtain a refund from the person or entity to whom you paid the fee as set forth in paragraph 1.E.8. 1.B. "Project Gutenberg" is a registered trademark. It may only be used on or associated in any way with an electronic work by people who agree to be bound by the terms of this agreement. There are a few things that you can do with most Project Gutenberg-tm electronic works even without complying with the full terms of this agreement. See paragraph 1.C below. There are a lot of things you can do with Project Gutenberg-tm electronic works if you follow the terms of this agreement and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm electronic works. See paragraph 1.E below. 1.C. The Project Gutenberg Literary Archive Foundation ("the Foundation" or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project Gutenberg-tm electronic works. Nearly all the individual works in the collection are in the public domain in the United States. If an individual work is in the public domain in the United States and you are located in the United States, we do not claim a right to prevent you from copying, distributing, performing, displaying or creating derivative works based on the work as long as all references to Project Gutenberg are removed. Of course, we hope that you will support the Project Gutenberg-tm mission of promoting free access to electronic works by freely sharing Project Gutenberg-tm works in compliance with the terms of this agreement for keeping the Project Gutenberg-tm name associated with the work. You can easily comply with the terms of this agreement by keeping this work in the same format with its attached full Project Gutenberg-tm License when you share it without charge with others. 1.D. The copyright laws of the place where you are located also govern what you can do with this work. Copyright laws in most countries are in a constant state of change. If you are outside the United States, check the laws of your country in addition to the terms of this agreement before downloading, copying, displaying, performing, distributing or creating derivative works based on this work or any other Project Gutenberg-tm work. The Foundation makes no representations concerning the copyright status of any work in any country outside the United States. 1.E. Unless you have removed all references to Project Gutenberg: 1.E.1. The following sentence, with active links to, or other immediate access to, the full Project Gutenberg-tm License must appear prominently whenever any copy of a Project Gutenberg-tm work (any work on which the phrase "Project Gutenberg" appears, or with which the phrase "Project Gutenberg" is associated) is accessed, displayed, performed, viewed, copied or distributed: This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org/license 1.E.2. If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is derived from the public domain (does not contain a notice indicating that it is posted with permission of the copyright holder), the work can be copied and distributed to anyone in the United States without paying any fees or charges. If you are redistributing or providing access to a work with the phrase "Project Gutenberg" associated with or appearing on the work, you must comply either with the requirements of paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 or obtain permission for the use of the work and the Project Gutenberg-tm trademark as set forth in paragraphs 1.E.8 or 1.E.9. 1.E.3. If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is posted with the permission of the copyright holder, your use and distribution must comply with both paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 and any additional terms imposed by the copyright holder. Additional terms will be linked to the Project Gutenberg-tm License for all works posted with the permission of the copyright holder found at the beginning of this work. 1.E.4. Do not unlink or detach or remove the full Project Gutenberg-tm License terms from this work, or any files containing a part of this work or any other work associated with Project Gutenberg-tm. 1.E.5. Do not copy, display, perform, distribute or redistribute this electronic work, or any part of this electronic work, without prominently displaying the sentence set forth in paragraph 1.E.1 with active links or immediate access to the full terms of the Project Gutenberg-tm License. 1.E.6. You may convert to and distribute this work in any binary, compressed, marked up, nonproprietary or proprietary form, including any word processing or hypertext form. However, if you provide access to or distribute copies of a Project Gutenberg-tm work in a format other than "Plain Vanilla ASCII" or other format used in the official version posted on the official Project Gutenberg-tm web site (www.gutenberg.org), you must, at no additional cost, fee or expense to the user, provide a copy, a means of exporting a copy, or a means of obtaining a copy upon request, of the work in its original "Plain Vanilla ASCII" or other form. Any alternate format must include the full Project Gutenberg-tm License as specified in paragraph 1.E.1. 1.E.7. Do not charge a fee for access to, viewing, displaying, performing, copying or distributing any Project Gutenberg-tm works unless you comply with paragraph 1.E.8 or 1.E.9. 1.E.8. You may charge a reasonable fee for copies of or providing access to or distributing Project Gutenberg-tm electronic works provided that - You pay a royalty fee of 20% of the gross profits you derive from the use of Project Gutenberg-tm works calculated using the method you already use to calculate your applicable taxes. The fee is owed to the owner of the Project Gutenberg-tm trademark, but he has agreed to donate royalties under this paragraph to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation. Royalty payments must be paid within 60 days following each date on which you prepare (or are legally required to prepare) your periodic tax returns. Royalty payments should be clearly marked as such and sent to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation at the address specified in Section 4, "Information about donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation." - You provide a full refund of any money paid by a user who notifies you in writing (or by e-mail) within 30 days of receipt that s/he does not agree to the terms of the full Project Gutenberg-tm License. You must require such a user to return or destroy all copies of the works possessed in a physical medium and discontinue all use of and all access to other copies of Project Gutenberg-tm works. - You provide, in accordance with paragraph 1.F.3, a full refund of any money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the electronic work is discovered and reported to you within 90 days of receipt of the work. - You comply with all other terms of this agreement for free distribution of Project Gutenberg-tm works. 1.E.9. If you wish to charge a fee or distribute a Project Gutenberg-tm electronic work or group of works on different terms than are set forth in this agreement, you must obtain permission in writing from both the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and Michael Hart, the owner of the Project Gutenberg-tm trademark. Contact the Foundation as set forth in Section 3 below. 1.F. 1.F.1. Project Gutenberg volunteers and employees expend considerable effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread public domain works in creating the Project Gutenberg-tm collection. Despite these efforts, Project Gutenberg-tm electronic works, and the medium on which they may be stored, may contain "Defects," such as, but not limited to, incomplete, inaccurate or corrupt data, transcription errors, a copyright or other intellectual property infringement, a defective or damaged disk or other medium, a computer virus, or computer codes that damage or cannot be read by your equipment. 1.F.2. LIMITED WARRANTY, DISCLAIMER OF DAMAGES - Except for the "Right of Replacement or Refund" described in paragraph 1.F.3, the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, the owner of the Project Gutenberg-tm trademark, and any other party distributing a Project Gutenberg-tm electronic work under this agreement, disclaim all liability to you for damages, costs and expenses, including legal fees. YOU AGREE THAT YOU HAVE NO REMEDIES FOR NEGLIGENCE, STRICT LIABILITY, BREACH OF WARRANTY OR BREACH OF CONTRACT EXCEPT THOSE PROVIDED IN PARAGRAPH 1.F.3. YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE TRADEMARK OWNER, AND ANY DISTRIBUTOR UNDER THIS AGREEMENT WILL NOT BE LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH DAMAGE. 1.F.3. LIMITED RIGHT OF REPLACEMENT OR REFUND - If you discover a defect in this electronic work within 90 days of receiving it, you can receive a refund of the money (if any) you paid for it by sending a written explanation to the person you received the work from. If you received the work on a physical medium, you must return the medium with your written explanation. The person or entity that provided you with the defective work may elect to provide a replacement copy in lieu of a refund. If you received the work electronically, the person or entity providing it to you may choose to give you a second opportunity to receive the work electronically in lieu of a refund. If the second copy is also defective, you may demand a refund in writing without further opportunities to fix the problem. 1.F.4. Except for the limited right of replacement or refund set forth in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS' WITH NO OTHER WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO WARRANTIES OF MERCHANTABILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE. 1.F.5. Some states do not allow disclaimers of certain implied warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages. If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by the applicable state law. The invalidity or unenforceability of any provision of this agreement shall not void the remaining provisions. 1.F.6. INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone providing copies of Project Gutenberg-tm electronic works in accordance with this agreement, and any volunteers associated with the production, promotion and distribution of Project Gutenberg-tm electronic works, harmless from all liability, costs and expenses, including legal fees, that arise directly or indirectly from any of the following which you do or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause. Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of electronic works in formats readable by the widest variety of computers including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from people in all walks of life. Volunteers and financial support to provide volunteers with the assistance they need, are critical to reaching Project Gutenberg-tm's goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will remain freely available for generations to come. In 2001, the Project Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 and the Foundation web page at http://www.pglaf.org. Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit 501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by U.S. federal laws and your state's laws. The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered throughout numerous locations. Its business office is located at 809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email [email protected]. Email contact links and up to date contact information can be found at the Foundation's web site and official page at http://pglaf.org For additional contact information: Dr. Gregory B. Newby Chief Executive and Director [email protected] Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide spread public support and donations to carry out its mission of increasing the number of public domain and licensed works that can be freely distributed in machine readable form accessible by the widest array of equipment including outdated equipment. Many small donations ($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt status with the IRS. The Foundation is committed to complying with the laws regulating charities and charitable donations in all 50 states of the United States. Compliance requirements are not uniform and it takes a considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up with these requirements. We do not solicit donations in locations where we have not received written confirmation of compliance. To SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any particular state visit http://pglaf.org While we cannot and do not solicit contributions from states where we have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition against accepting unsolicited donations from donors in such states who approach us with offers to donate. International donations are gratefully accepted, but we cannot make any statements concerning tax treatment of donations received from outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff. Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation methods and addresses. Donations are accepted in a number of other ways including checks, online payments and credit card donations. To donate, please visit: http://pglaf.org/donate Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic works. Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm concept of a library of electronic works that could be freely shared with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support. Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper edition. Most people start at our Web site which has the main PG search facility: http://www.gutenberg.org This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, including how to make donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.