Project Gutenberg's L'Illustration, No. 3279, 30 Décembre 1905, by Various This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org Title: L'Illustration, No. 3279, 30 Décembre 1905 Author: Various Release Date: July 21, 2011 [EBook #36807] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ILLUSTRATION, NO. 3279, 30 DÉCEMBRE 1905 *** Produced by Jeroen Hellingman and Rénald Lévesque
L'Illustration, No. 3279, 30 Décembre 1905
Suppléments de ce numéro:
1º L'ILLUSTRATION THÊÂTRALE contenant le texte
complet de la Rafale;
2º Le 6e fascicule du roman de J.-H. Rosny: la
Toison d'or.
VILLÉGIATURE D'HIVER EN AFRIQUE CENTRALE
Sur les rives du
Nil Blanc: touriste anglaise et beautés du Soudan.
Voir l'article de M.
de Guerville, pages 438 et suivantes.]
Nos lecteurs trouveront encarté dans ce numéro le texte complet de:
LA RAFALE, de M. Henry Bernstein (Gymnase).
L' Illustration ne pouvait mieux terminer l'année 1905 qu'en publiant ce
grand succès de la saison théâtrale.
Un autre grand succès: LE REVEIL, de M. Paul Hervieu
(Comédie-Française), paraîtra dans un des premiers numéros de 1906.
Toutes les autres oeuvres dramatiques importantes de la saison, au
premier rang desquelles il faut placer encore Jeunesse, de M. André
Picard (Odéon), et dont la liste est reproduite sur la couverture de
L'Illustration théâtrale, seront offertes successivement à nos
abonnés.
Après LA TOISON D'OR, de J.-H. Rosny, L'Illustration publiera, en
février prochain: LE BON TEMPS, roman écrit spécialement pour
L'Illustration par l'auteur du Duel et du Marquis de Priola;
Puis: la Mémoire du coeur, par Michel Corday; Robinson, par Alfred
Capus; la Douceur de vivre, par Marcelle Tinayre.
Tous les numéros de L'Illustration contiennent un fascicule de roman,
illustré d'une gravure tirée sur chine.
Alternant avec les pièces de théâtre, paraîtront en 1906 de nombreuses
et superbes gravures d'art, hors texte, imprimées en couleurs, ou des
estampes tirées en taille-douce ou en camaïeu, toutes dignes d'être
encadrées.
Dans un des prochains numéros nous donnerons: LA LAITIÈRE, par J.-B.
Greuze, formant pendant à La Cruche cassée, parue dans le numéro du 16
décembre.
Notre prochain supplément musical contiendra notamment un fragment de la Coupe enchantée, la comédie lyrique de M. Gabriel Pierné, qui vient de remporter un si vif succès à l'Opéra-Comique.
«Les agents sont de brav' gens», dit une chanson montmartroise; et la chanson dit vrai. Ce sont de braves gens à qui bien injustement Paris rend la vie dure quelquefois. Ils auront mal fini l'année. Pendant les trois semaines que dura la grève de nos terrassiers, je les retrouvais à chaque instant, groupés autour des chantiers déserts, les mains tendues aux petites flammes des braseros. Des gardes républicains sans armes (encore de braves gens!) se mêlaient à eux; et tous demeuraient là, paisibles, dans la nuit et dans le froid, guettant la bagarre possible, toujours prêts à courir--sans phrases --au-devant de quelque mauvais coup. Les terrassiers sont redevenus sages et ce sont, à présent, les garçons épiciers qui se fâchent. Le bon sergot, lui, subit sa destinée sans colère. Des chantiers du Métro nous l'avons vu passer aux devantures des marchands de comestibles et, depuis huit jours, y monter la garde, impassible spectateur du tapage et des affolements qui parent d'une si pittoresque physionomie cette dernière semaine de décembre.
Car c'est l'affolement. Cohue sur les trottoirs; bousculade et asphyxie dans les magasins; les boulevards me font penser aux quais d'une gare où vingt mille personnes auraient peur, en même temps, de manquer le train. Y a-t-il, dans les rues, plus de voitures que la semaine dernière? Assurément non; mais, au lieu de fiacres vides qui stationnent, il y a des fiacres pleins qui courent, et cela donne aux yeux, dès que vient la nuit et que s'allument les lanternes, une impression d'enfer joyeux... La population des piétons aussi semble doublée, et l'on n'avance, entre la Madeleine et la porte Saint-Denis, qu'en jouant des coudes. Pourquoi? C'est que tout Paris est dans la rue. Tout Paris fait ses emplettes, fiévreusement, dans une hâte folle. Et cependant voilà plus de quinze jours que s'offraient à, nous les tentations des étalages de nouvel an. On s'y arrêtait paresseusement; on pensait: «Je verrai demain.» Et voici que l'heure presse et que, tout de même, il faut prendre un parti. Alors on court, on se rue, on prend d'assaut le sac de bonbons, le livre d'étrennes, le jouet, le bibelot, qui ne sont exactement ni le bibelot, ni le jouet, ni le volume, ni le sac de bonbons qu'on souhaitait d'acheter. Mais quoi? On est en retard. Tout le monde est en retard et de ce désarroi universel résulte une prodigieuse agitation de fête.
*
* *
Est-on, au fond, si gai que cela? Non. C'est un vacarme qui ressemble à de la gaieté; mais ce n'est pas de la gaieté. Je suis sûre que si l'on pouvait interrompre un instant cette diabolique bousculade, arrêter au passage ces gens qui courent, les mains pleines de paquets, et leur demander: «Vous amusez-vous?» la plupart répondraient: «Mais non! Je m'ennuie horriblement, et je n'ai pas vécu, depuis un an, une semaine plus désagréable que celle-ci!»
Ils auraient sujet de se plaindre, en effet. Les étrennes sont devenues un formidable impôt et qui entame douloureusement, au début de l'année, certains budgets. Que d'appétits déchaînés, juste ciel! Je ne vois autour de moi, depuis hier, que des yeux quêteurs et des mains tendues. Mon concierge et mes domestiques m'enveloppent de sourires menaçants; mon coiffeur m'épie; mon facteur, armé d'un almanach, m'a rendu visite, et trois porteurs de journaux m'ont présenté, avec leurs souhaits, les listes des périodiques déposés par eux, depuis janvier 1905, au rez-de-chaussée de ma maison. Personne ne veut être oublié. J'ai dû subir les compliments des délégués de diverses corporations attachées au fonctionnement de mon ascenseur, à l'entretien de mon immeuble, au nettoyage de ma rue... et de son sous-sol. Mes fournisseurs eux-mêmes me font de petits présents; mais ces fournisseurs ont des enfants à qui je devrai rendre la politesse... Il y a enfin les vrais cadeaux;--ceux qui coûtent cher, ou dont le choix impose un effort à l'imagination. Je suis entourée d'amis que cet effort rend très malheureux. Donneront-ils des fleurs, ou des bonbons? Oui, des bonbons; mais lesquels? Mme X... préfère les marrons glacés; Mlle Z..., le chocolat; à moins que ce ne soit le contraire; ils n'ont pas noté la chose; ils ne savent plus. Ils ignorent aussi si le petit Chose aime les livres, ou s'il ne préfère pas un jouet; et, là encore, les choix sont embarrassants; tel jouet peut déplaire et tel livre paraître absurdement grave ou d'une piteuse frivolité. L'opinion de l'enfant importerait peu, à la rigueur; mais il y a celle des parents qu'on ménage, et aux yeux de qui l'on ne voudrait pas passer pour un monsieur sans discernement.
Les même; scrupules rendent très difficile aux hommes le choix des étrennes féminines. Il est malaisé de deviner ce qu'une femme désire; d'autant qu'elle-même ne le sait pas toujours très bien. On voudrait découvrir pour elle, sans s'y ruiner tout à fait, le cadeau idéal: l'objet imprévu, la spirituelle trouvaille qui amusera, touchera, et devant quoi l'on aura le vaniteux plaisir de l'entendre s'écrier: «Où dénichez-vous ces merveilles?»--ou bien: «J'en désirais un depuis des années... comment le saviez-vous?» En attendant, on cherche, on hésite, on s'énerve; on est de très mauvaise humeur...
*
* *
Ephémères soucis! Dans deux jours, l'année nouvelle s'ouvrira, et les plus grincheux lui souriront. Ils subiront la contagion de l'universelle joie qui emplit ce jour-là les âmes des enfants et des humbles,--de tous ceux qui reçoivent des étrennes, au lieu d'en donner. Ils se sentiront heureux de tous les petits bonheurs qu'ils ont, même en rechignant, répandus autour d'eux;--et contents aussi d'entamer le calendrier neuf. Ce calendrier neuf, c'est le commencement heureux d'on ne sait quoi; c'est l'espérance ouverte sur des bonheurs possibles et qu'on a manques; c'est la promesse des réparations, des revanches attendues; c'est les trois cent soixante billets superposés d'une loterie qui recommence.
Y sera-t-on plus heureux cette année que l'autre? Avant quelques semaines, on ne songera même plus à se poser la question. Les vieilles habitudes seront reprises; les soucis d'hier nous auront ressaisis et il nous semblera qu'il n'y a rien de changé dans l'histoire de chacun de nous. Nous penserons simplement que nous avons un an de plus, et je connais quelques femmes que cette pensée contristera.
Pour l'instant, elles ne songent point à s'en plaindre. Elles oublient l'ennui de vieillir; elles se laissent aller, comme tout le monde, à la bonne griserie du Jour de l'An, sourient à l'année qui vient, et ne regrettent rien de celle qui s'en va.
Elle laissera en moi, cette année 1905, un souvenir très doux, très reconnaissant; car elle m'a procuré une joie dont je ne soupçonnais pas, avant de l'avoir éprouvée, l'infinie douceur et les amusantes surprises: la joie de se confier de loin, par l'écriture, à des milliers d'êtres qu'on ne voit pas, qu'on ne verra jamais. Qui sont-ils? Où va la confidence, joyeuse ou triste, qu'on vient de livrer à la feuille du journal? Ces petites pages, détachées du carnet où l'on a pris, jour à jour, l'habitude d'annoter sa vie, qui les lira?
C'est d'abord une inquiétude... une inquiétude qui va jusqu'à l'angoisse. On voudrait connaître ces étrangers mystérieux par qui on se sent guettée; savoir l'opinion qu'ils ont de vous. «Suis-je une bavarde dont on se moque, ou une ignorante dont on a pitié?» Et puis, un beau jour, le courrier vous apporte une lettre; une autre la suit bientôt; puis une autre... Et il y a de tout, dans ces lettres: des paroles qui encouragent, des doléances, des remerciements, des critiques; et tantôt une louange qui rend fière; et tantôt une petite semonce qui rend modeste. N'importe! On n'est plus seule; on sent se former et, de semaine en semaine, grossir autour de soi comme un cortège d'amis invisibles; et désormais c'est pour eux que l'on pense, et c'est pour eux que l'on écrit.
J'ai goûté pendant une année cette joie très profonde; j'en remercie de tout mon coeur, en prenant aujourd'hui congé d'eux, les lectrices et les lecteurs de ce journal.
Lorsqu'en janvier dernier, le directeur de L'Illustration voulut bien m'inviter à détacher de mon carnet, pour les publier ici, quelques-unes des «impressions» de ma deuxième année de Paris, il fut amicalement convenu entre nous que la place que me cédait--pour douze mois--le très spirituel écrivain qui l'occupait alors! lui serait rendue le jour même où ce bail prendrait fin. Les douze mois sont passés.
Les lecteurs de L'Illustration connaissent depuis longtemps M. Nozière, qui, sous la signature d'André Fagel, leur livra pendant plusieurs années les leçons de sa fine expérience des gens et des choses de Paris. Ce sont, de nouveau, les chroniques de M. Nozière qu'ils trouveront à cette place, à partir de la semaine prochaine.
Encore une fois, l'Etrangère à qui tant de bienveillance fut témoignée
leur dit merci; et, suivant la vieille formule qu'aucune formule
meilleure ne remplacera, elle leur souhaite, à toutes et à tous, une
bonne année.
Sonia.
Le convoi se rendant du village de Medwied à la gare
d'Utorgosch, éloignée de 15 verstes.
Tandis que les Japonais renvoient aux Russes leurs prisonniers, en Russie on s'occupe aussi de rendre au Japon les prisonniers qu'on lui avait faits. La tâche des Russes est infiniment moins compliquée, en ce cas, que ne l'est celle de leurs anciens adversaires.
D'abord, comme on le sait, les Russes, continuellement malheureux dans les combats et n'ayant guère remporté que des avantages partiels et passagers, avaient fait très peu de prisonniers. Tandis qu'ils confiaient les malades et les blessés aux soins des médecins militaires des hôpitaux de Moscou, ils avaient interné les captifs valides dans le village de Medwied, dans le gouvernement de Nijni-Novgorod. Nous avons publié, le 9 septembre, des vues de ce village, et montré par des photographies quel était le sort des prisonniers japonais. Toute la liberté compatible avec les règlements militaires leur avait été laissée, et ils n'ont pas plus eu à se plaindre du traitement qui leur était accordé que les prisonniers russes n'ont eu lieu de récriminer contre le sort qu'on leur faisait au Japon. Ils n'ont eu à souffrir réellement que du mal du pays, que d'être si éloignés de la terre natale.
Les Japonais, d'ailleurs, étaient des hôtes autrement dociles que leurs anciens antagonistes, et c'est ce qui rend, aujourd'hui encore, leur mise en liberté si peu compliquée.
Point de rébellions, ici, point de révoltes, nulle mutinerie parmi cette poignée d'excellents soldats, bien disciplinés, tout heureux à la pensée que leur exil est terminé et qu'ils vont retrouver bientôt leurs foyers, les êtres chers qu'ils ont laissés en partant pour accomplir le plus saint des devoirs.
On peut croire qu'ils ont quitté sans regret le petit village perdu, ses prairies maigres, ses bois de bouleaux défeuillés et de noirs sapins. Par la route déjà couverte de la couche légère des premières neiges, des chariots rustiques les ont emmenés, frileux, bien emmitouflés contre la bise déjà aigre, vers la gare prochaine; leurs bagages suivaient en un long convoi qui dut rappeler à plus d'un des souvenirs de guerre, et des défilés tout pareils sur les routes boueuses ou glacées de Mandchourie. On les a acheminés vers Hambourg, d'où ils se sont embarqués pour l'empire du Soleil-Levant.
Le rapatriement des prisonniers de guerre japonais
internés en Russie: sur la route de Medwied à Utorgosch.
LA MUTINERIE DE SÉBASTOPOL.--Pendant la canonnade entre
les navires révoltés et la forteresse: la population à genoux chantant
des hymnes et priant.
Les photographies que nous reproduisons ici complètent les documents que nous avons donnés, dans notre numéro du 16 décembre, sur les troubles qui se sont produits, à la fin de novembre, à Sébastopol. Ces troubles, on se le rappelle, eurent pour point de départ la mutinerie d'un certain nombre de marins de la flotte de la mer Noire, auxquels s'étaient joints les soldats du régiment de Brest.
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Dans le port, le croiseur Otchakof, quatre torpilleurs et même, un moment, le Panteleimon (ancien Potemkine) étaient aux mains des insurgés. On n'hésita pas, pour réduire ceux-ci, à canonner l'Otchakof, qui, de son côté, répondit, visant de préférence les bâtiments de la marine. La lutte fut courte: en quelques instants, l'Otchakof, ayant le feu à bord, son pont dévasté, hissait le pavillon blanc. On voit que les artilleurs des batteries de terre n'y étaient pas allés de main morte. Les projectiles de l'Otchakof semblent avoir causé moins de dégâts.
Dans la ville, cependant, les marins des dépôts, soutenus par les fantassins du régiment de Brest, secondaient de leur mieux leurs complices des bâtiments. Une partie de la population faisait cause commune avec les factieux. L'autre se trouvait sans défense entre deux menaces, redoutant l'émeute de terre et surtout la révolte en mer qui pouvait devenir terrible si l'escadre entière s'y associait. Alors, ce qui montre combien sont différentes, contradictoires, les émotions des foules en pareil cas, on vit une masse de gens se porter sur le rivage, au bord de la rade où étaient mouillés ces navires desquels on pouvait tout craindre, et se mettre à prier, chantant à haute voix l'hymne de la messe: Gospodi posidoni (Seigneur, aie pitié de nous), et demandant au ciel de retenir les marins dans le devoir, de leur inspirer la résolution de demeurer fermes dans leurs sentiments de fidélité à l'empereur.
M. Urbain Gohier.
La première audience du procès des antimilitaristes en Cour d'assises.
M. Gustave Hervé.
M. Amilcare Cipriani.
LE PROCÈS DES ANTIMILITARISTES.--Le banc des prévenus.
Le procès des antimilitaristes s'est ouvert, mardi 26 décembre, devant la Cour d'assises de la Seine. Il met en cause les signataires de l'affiche rouge placardée, au commencement d'octobre dernier, la veille du départ des conscrits de la classe 1904 pour le régiment, appel séditieux destiné à détourner les jeunes soldats de leurs devoirs militaires et même les provoquant au meurtre. Vingt-huit accusés, défendus par dix-huit avocats, sont impliqués dans cette grave affaire où ont été cités une soixantaine de témoins. Parmi les propagandistes qu'il est convenu de qualifier d' «intellectuels», on remarque le professeur Gustave Hervé et M. Urbain Gohier; à noter encore le vieil agitateur italien Amilcare Cipriani. Dès la première audience, tous ces contempteurs du patriotisme ont affecté de se féliciter de leur présence dans le prétoire pour la nouvelle occasion que les débats publics leur offraient de proclamer hautement leurs odieuses théories et de développer leurs détestables sophismes; mais, sans attendre les sanctions judiciaires, la saine opinion en avait déjà fait justice.
Cette fin d'année a été marquée, à Paris, par des grèves notables: grève des terrassiers sur les chantiers du Métropolitain, grève des garçons épiciers, grève des employés de la maison Dufayel. Ceux-ci, au nombre d'environ deux mille, ont, pendant les fêtes de Noël et les jours suivants, animé de leur mouvement le quartier Clignancourt où la grande maison de crédit a son siège, son administration centrale et ses magasins. Aucun incident grave ne s'est produit.
LA GRÈVE DE LA MAISON DUFAYEL.--Réunion des employés
grévistes, dans la salle de l'Elysée-Montmartre le 23 décembre
Combien de personnes, en France, savent qu'il est aujourd'hui possible de faire un voyage jusqu'au centre de l'Afrique, avec tous les conforts du vingtième siècle; que des dames, des enfants même, peuvent se rendre, sans difficultés et sans aucun danger, où, il y a six ans à peine, les Stanley et les Marchand seuls pouvaient parvenir, et au prix des efforts les plus grands, des dangers les plus terribles et de difficultés presque insurmontables?
Combien de nos chasseurs, même parmi les plus enragés, savent qu'ils peuvent aller en quelques jours--moins de deux semaines--en bateaux à vapeur et en trains de luxe, jusqu'aux rivières peuplées d'hippopotames et de crocodiles, jusqu'aux forêts habitées par les lions, les éléphants, les buffles, les antilopes, etc., etc.?
Non seulement tout cela est possible, mais encore --et je vais surprendre bien des gens--ces voyages et ces chasses sont à la portée de ceux qui n'ont que des moyens relativement modestes. Pour quatre mille francs par personne, on peut se rendre de Paris au coeur même du Soudan anglo-égyptien et faire un voyage qui' durera deux mois et donnera l'occasion de voir Marseille, Naples, Alexandrie, le Caire, Luxor, Assouan, Khartoum, le Nil Bleu et de remonter le Nil Blanc jusqu'à Fachoda et plus loin encore.
Le train de luxe allant de Wadi Halfa à Khartoum, à
travers le désert de sable.
La nouvelle Khartoum: le palais du gouverneur.
Et il n'est pas besoin d'avoir grande expérience des voyages. Les timides et les inexpérimentés peuvent se procurer à Paris même, à l'Agence Cook, tous les billets de chemin de fer, de wagons-lits, de bateaux à vapeur, tous les coupons d'hôtels dont ils auront besoin, au moins jusqu a Khartoum. Partout ils trouveront des interprètes qui s'occuperont de leur personne et de leurs bagages.
C'est si simple et si facile que c'est presque incroyable!
Examinons en détail dans quelles conditions de confort le voyage peut se faire.
Avant tout, ayez suffisamment de vêtements et de linge; n'oubliez pas d'emporter de la laine, car, en mer et dans la basse Égypte, il fait souvent froid en hiver. Les nuits sur le Nil, entre le Caire et Assouan, à la première cataracte, sont souvent glaciales. Un bon pardessus, de bonnes couvertures et de fortes bottines sont également indispensables.
Le vapeur qui fait le service mensuel (durée: 28 jours;
prix: 1.800 francs par personne) entre Khartoum et Gondokoro (Ouganda).
De chaque côté, d'immenses barges pour les nègres, les animaux, les
marchandises,
Mais comme, à mesure que vous avancerez, la température s'élèvera, il faut également des vêtements de demi-saison et enfin, pour le Soudan, de la flanelle légère.
De Paris à Marseille, c'est le grand luxe et la rapidité foudroyante, rapidité qu'on ne retrouvera nulle part. Le fameux train Côte d'Azur, qui fait le trajet en dix heures, est incontestablement ce qu'il y a de mieux en Europe.
De Marseille à Alexandrie, le voyage est de cinq à six jours, et nous n'avons que l'embarras du choix. Les Messageries Maritimes de France, le Peninsular and Oriental et autres grandes lignes anglaises ont des services réguliers. Le Lloyd de Brème a établi, l'hiver dernier, un service bi-hebdomadaire de grand luxe, avec escale à Naples. Le prix des cabines est élevé, mais il est impossible de rêver mieux.
Enfin, une ligne anglaise: The Bibby Line, qui a de superbes bateaux, vend des billets aller et retour de Marseille, pour 550 francs. De très grands personnages, tel le représentant de l'Angleterre en Égypte, lord Cromer, ne dédaignent pas voyager sur ces paquebots.
A Alexandrie, le voyageur a sa première vision de l'Orient, d'un Orient à moitié européen, où toutes les races semblent se coudoyer, où la pauvreté, la misère et la saleté se retrouvent à côté des somptueux palais où règne un luxe effréné. D'excellents express avec wagons-restaurants de la Compagnie Internationale font le trajet d'Alexandrie au Caire en trois heures.
Nous appellerons la capitale de l'Égypte notre première grande étape, et je calcule qu'on peut y parvenir, de Paris, pour la somme de 900 francs aller et retour, en 1re classe, bien entendu. Mais nous pouvons diviser notre lre classe en trois catégories, que nous appellerons le grand luxe, le luxe moyen et le simple confortable. C'est ce dernier qui nous aura coûté 900 francs, en voyageant par la Bibby Line. Le second reviendrait à 1.250 francs (en prenant les Messageries) et le premier à 2.000 francs par le Lloyd.
Le Nil Blanc à Ombdurman.
Il y a tant de choses intéressantes à voir au Caire, c'est pour l'étranger une vie si curieuse et si nouvelle, que le voyageur le plus anxieux d'aller loin--le chasseur le plus pressé de tuer son premier lion--voudra néanmoins s'y arrêter quelques jours: disons une semaine.
Le Caire est par excellence la ville des hôtels somptueux, des palaces superbes. Notre «grand luxe» ira au Savoy, au Ghesireh ou au Shepheards et y dépensera de 30 à 100 francs par jour; le «luxe moyen» aura tous les conforts possibles au Continental ou au d'Angleterre pour la somme de 20 à 40 francs par jour, et enfin notre «confortable» trouvera à l'hôtel du Nil ou au Victoria une excellente pension pour 15 ou 18 francs par jour. Avec les extras, je compte 30 francs par jour pour les petites bourses. (1).
Note 1: L'auteur de cet article voulant donner aux lecteurs des indications réellement pratiques, a tenu a fournir des renseignements précis sur les hôtels, les agences et leurs prix. Il est à peine besoin d'affirmer qu'il n'y a là aucune réclame payée.
Notre seconde étape nous conduira à Luxor, l'ancienne Thèbes, où sont les merveilleuses ruines du temple de Karnac et les fameuses tombes royales, puis de là à Assouan, située à la première cataracte, sur la frontière de la Nubie et où se trouve l'immense réservoir qui contient un milliard de mètres cubes des eaux du Nil, eaux qui, pendant les périodes de sécheresse, donnent la vie à l'Égypte et à son agriculture.
Comment nous rendrons-nous du Caire à Luxor et à Assouan?
Le «confortable» ira simplement parle train. Une nuit seulement jusqu'à Luxor, dans de superbes wagons-lits appartenant à la Compagnie Internationale. C'est un des plus beaux et des plus luxueux trains que je connaisse. Deux jours à Luxor dans l'un ou l'autre des excellents hôtels (Grand ou Karnac), appartenant à un Français, M. Pagnon. Huit heures de chemin de fer entre Luxor et Assouan. Dans cette dernière ville, nos «luxes» trouveront deux admirables palaces hôtels, le Cataract et le Savoy, de 20 à 40 francs par jour.
Le moyen le plus agréable, mais aussi le plus dispendieux de se rendre à Luxor et à Assouan, est par le Nil même sur l'un des magnifiques bateaux Touristes. Il y a deux Compagnies: Thos. Coolt and Son, la plus importante, et The Anglo-American. Ces bateaux sont d'un luxe vraiment incroyable, et les cabines, la table, le service, sont parfaits. Partout où il y a quelque chose d'intéressant à visiter, ils s'arrêtent le temps nécessaire, et les voyageurs trouvent des guides, des ânes, des chaises à porteurs qui les attendent. Tout cela est compris dans le prix du billet qui est de 1.250 francs. Le voyage aller et retour dure vingt et un jours, y compris trois jours à Luxor et trois jours à Assouan.
MM. Cook ont un autre service appelé Bateaux-Express, qui font le même trajet avec presque les mêmes arrêts en vingt jours. Ils sont un peu moins grands, un peu moins luxueux, mais le prix du billet est seulement de 550 francs.
*
* *
D'Assouan, nous entreprenons notre troisième étape, de la première à la deuxième cataracte, c'est-à-dire jusqu'à Wadi-Halfa. Le Nil, aussi large que la Loire à Orléans, coule superbe et majestueux à travers le pays des Barbarins et la Nubie. Nous entrons en pays noir. Trois lignes de bateaux à vapeur, chacune offrant tous les conforts modernes, font le service d'Assouan à Wadi-Halfa. Les bateaux du gouvernement du Soudan accomplissent le trajet en moins de deux jours, avec arrêt de quelques heures aux fameux temples d'Abou Simbel, que l'impératrice Eugénie vint visiter en 1869 et, de nouveau, l'hiver dernier. Le prix du billet aller et retour revient, avec la nourriture, à 350 francs. Les bateaux de la Compagnie Anglo-Américaine et de la Compagnie Cook font de plus nombreuses escales et mettent trois jours et demi pour se rendre à Wadi-Halfa. Le prix des billets est plus élevé par ces lignes: 575 francs, aller et retour.
Le steamer de luxe Abbas-Pacha: une halte au bord du
fleuve.
L'AFRIQUE CENTRALE ACCESSIBLE AUX TOURISTES.--Les
passagers de l'«Abbas-Pacha» visitant un village de Shilouks sur la
rivière Sobat, qui se jette dans le Nil Blanc près de Fachoda. D'après
les photographies de M. de Guerville.--Voir son article à la page 442.]
Wadi-Halfa est la tête de ligne du fameux chemin de fer soudanais qui, traversant les grands déserts de sable, nous conduit en vingt-sept heures jusqu'à Khartoum.
Construite par lord Kitchener lors de la campagne contre les derviches en 1898, cette ligne militaire a rendu d'incalculables services.
En dehors des express et des trains ordinaires, il y a, trois fois par semaine, un «train de luxe limité», composé de wagons-lits et d'un wagon-restaurant.
Fachoda.
Les cabines sont d'une grandeur inconnue en Europe et contiennent, outre deux lits, une grande table, une chaise et un grand fauteuil. Les repas sont excellents et les menus écrits en français. Grand choix de vins et de liqueurs; lumière électrique et, dans toutes les cabines, un grand éventail électrique qui assure la fraîcheur de l'air. C'est une sensation étrange que de se sentir entraîner à travers les déserts soudanais tout en mangeant un repas aussi bien cuit et aussi bien servi que dans un grand restaurant du boulevard.
Le train de luxe quitte Wadi-Halfa à 8 heures du soir et, le lendemain matin, à 7 heures, il s'arrête à Abu Hamed. On peut imaginer la surprise du voyageur quand on le réveille en lui disant de se dépêcher, car son bain l'attend! S'enveloppant de son pardessus ou de sa robe de chambre, il descend du train et se trouve dans un grand établissement de bains, construit expressément pour les voyageurs. Il n'y a pas de ville, pas d'hôtel, simplement l'établissement au milieu du désert et des pompes puissantes qui y amènent l'eau du Nil. Des domestiques nègres vous ouvrent les portes, et chaque personne se trouve dans une immense salle de bains, avec une grande baignoire, un lavabo à l'anglaise, de grosses serviettes éponges, eau bouillante et froide à volonté.
Le train s'arrête une heure afin de donner tout le temps nécessaire à une toilette des plus complètes.
Pendant ce temps, le wagon-restaurant est nettoyé à fond; quand vous sortez de votre salle de bains, vous allez vous asseoir aux tables toutes préparées et le train repart.
*
* *
Nous voici enfin à Khartoum, la capitale du Soudan.--C'est ici que Gordon fut massacré par les troupes du Madhi. Celui-ci, après sa victoire, détruisit la ville de fond en comble et s'installa, en face, sur l'autre rive du Nil Blanc, à Ombdurman, grande ville arabe et nègre et l'un des plus importants marchés de l'Afrique.
Après la victoire de l'armée anglo-égyptienne et la défaite finale des derviches, il y a six ans, Khartoum fut reconstruite sur les ruines de l'ancienne. C'est aujourd'hui une fort jolie ville avec de belles maisons, de gracieuses villas, de charmants jardins. Le palais du gouverneur est superbe et les ministères spacieux. Il y a un Grand Hôtel et enfin un collège très important, le «Gordon Collège».
Je n'essayerai pas de décrire toutes les attractions de Khartoum et son merveilleux climat en hiver. L'espace me manque, mais je dirai qu'il n'y fait, de décembre à février, ni chaud, ni froid, simplement bon, et qu'il n'y tombe jamais une goutte de pluie en hiver.
Le gouverneur général, sir Reginald Wingate, et lady Wingate, ainsi que la plupart des officiers du gouvernement et du palais, parlent admirablement le français et reçoivent de la façon la plus gracieuse les étrangers qui leur sont recommandés.
La tranquillité la plus parfaite règne aujourd'hui au Soudan et un service mensuel de bateaux à vapeur sur le Nil Blanc relie Khartoum à Gondokoro dans l'Ouganda. Il faut vingt-huit jours pour accomplir le voyage aller et retour et les bateaux s'arrêtent à El-Duem, Melut, Fachoda, Tanfikia et Lado (Congo belge). Ce voyage est fort intéressant; les bateaux sont confortables; mais, les arrêts étant très courts, je ne puis les recommander aux personnes qui désirent chasser. Le temps manque absolument.
Au-dessus d'El-Duem, le Nil est rempli d'hippopotames et les berges sont couvertes d'énormes crocodiles; il y en a des centaines et des milliers: les premiers, seuls ou par groupe, s'ébattant dans l'eau, les autres se chauffant paresseusement au soleil. C'est un spectacle inoubliable. Le pays est boisé et jusqu'au confluent du Nil Blanc avec la rivière Sobat, on y trouve en très grande abondance, des lions, des éléphants, des buffles, des antilopes, des gazelles, etc. Le Nil lui-même est couvert de millions de canards, d'oies sauvages, de pélicans et d'une variété infinie d'immenses oiseaux.
Danseuses soudanaises.
C'est incontestablement le paradis du chasseur!
La question se pose: comment y parvenir de Khartoum? J'y répondrai en indiquant d'abord la manière dont, avec six amis, parmi lesquels trois dames, nous nous y prîmes. Nous louâmes au Département des bateaux et steamers du gouvernement du Soudan, un magnifique steamer appelé Abbas-Pacha. Celui-ci avait trois ponts. Sur le pont d'en bas, nous avions à l'arrière une grande salle à manger; le milieu était occupé par les machines; l'avant abritait nos cuisines, l'office, les magasins à provision et une véritable étable où étaient installés des poulets, pigeons, dindons, des moutons, et une vache afin d'avoir du lait frais. A fond de cale, nous avions 300 kilos de glace, et différents bateaux remontant le Nil nous en apportèrent. Nous n'en manquâmes qu'une demi-journée pendant tout le voyage.
Sur le deuxième pont nous avions dix magnifiques cabines à deux couchettes, deux salles de bains avec baignoires et douches froides et chaudes, un salon et, au milieu du pont, dans toute sa largeur, au-dessus des grandes roues, un endroit ouvert formant un grand «hall», meublé de tables, de fauteuils et de canapés.
Enfin, le troisième pont, tenant toute la longueur et toute la largeur du bateau, était pour la promenade. Ponts, cabines et salons étaient éclairés à l'électricité. Nous payâmes pour la location seule de ce bateau 500 francs par jour au gouvernement. Nous nous entendîmes avec la maison Angelo Capato, de Khartoum, qui nous fournit cuisiniers, domestiques, provisions fraîches, conserves, vins, liqueurs, bières, eaux minérales, glace, etc., etc. Une véritable cave et un magasin d'épicerie et de conserves avaient été installés à bord et tout ce dont nous ne nous servîmes pas fut repris.
Dans les différents villages, notre cuisinier acheta de la volaille, des poissons, des oeufs, des légumes.
Pour sept personnes, les frais revinrent à environ 200 francs par jour, qui, joints aux 500 francs de location du bateau, firent 100 francs par jour et par personne. La dépense par tête serait naturellement plus élevée pour moins de personnes, et moindre, au contraire, pour plus. L'Abbas-Pacha peut recevoir dix passagers en en mettant un seul par cabine et vingt en occupant tous les lits. Le prix de location serait le même pour cinq ou dix voyageurs.
On ne peut se figurer le charme d'un voyage sur le Nil Blanc dans ces conditions de confort. Il serait impossible d'être mieux installés en France que nous l'étions. On va naturellement où l'on veut et l'on s'arrête oit pour chasser, soit pour visiter les villages des nègres quand on le désire.
Nous remontâmes ainsi non seulement le Nil Blanc mais la Sobat (vers l'Abyssinie), où nous visitâmes les villages des Shilouks, une race de géants (les alliés du colonel Marchand), qui se vêtent simplement d'un beau bracelet d'ivoire, d'un petit collier--et c'est tout!
Ce voyage est pour le «grand luxe». Le «luxe moyen» peut obtenir de MM. Angelo Capato, à Khartoum, de grands bateaux plats à voiles sur lesquels on installe une grande cabine et une cuisine. Les domestiques couchent à fond de cale.
Le meilleur moyen est de prendre deux bateaux, l'un pour soi et trois ou quatre domestiques, l'autre pour des chameaux, des ânes et des tentes. On peut, de cette façon, s'arrêter et entreprendre des excursions de chasse à l'intérieur. Pour deux personnes, le coût serait 1.000 francs par semaine, tout compris. Les vents d'hiver permettent de remonter le Nil très rapidement et sans aucun danger de panne. Redescendre est plus long, les vents étant contraires, mais on peut se faire remorquer par les bateaux du gouvernement faisant des services réguliers.
Enfin, notre «simple confortable» suivra l'exemple de deux Rouennais qui vinrent à Khartoum l'hiver dernier et louèrent un seul bateau. MM. Capato le leur fournirent avec un cuisinier, six domestiques ou matelots, et la nourriture de tout ce monde, pour 500 francs par semaine.
Un permis de chasse est nécessaire. Le gouvernement en vend deux--le petit pour 50 francs, le grand pour 500 francs.--Le premier donne le droit de tuer les lions, les crocodiles, les gazelles et quantité de gibier à plumes et à poils, mais défend de toucher aux éléphants, aux hippopotames, aux buffles et aux antilopes.
A Tanfikia, au confluent du Nil Blanc et de la Sobat: les
autruches se promènent dans les rues.
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En résumé, le voyage reviendrait pour deux personnes à: 1° Simple confortable: Prix Durée en francs en jour Paris au Caire et retour, 1re classe, Bibby line 1.800 13 7 jours an Caire, à 30 francs (hôtels Nil ou Victoria) 420 7 Caire à Assouan et retour (train de luxe). 450 2 2 jours à Luxor et 2 jours à Assouan; à 30 francs 210 4 Assouan à Wadi-Halfa et retour (Bateaux du gouvernement) 750 4 Wadi-Halfa à Khartoum et retour (train de luxe) 1.200 3 Khartoum, 4 jours (Grand Hôtel et excursions) 330 4 3 semaines partie de chasse à 500 francs par semaine 1.500 21 Petit permis de chasse 100 Total 6.810 58 Soit 3.405 francs par personne. Il est évident qu'avec 4.000 francs par personne, le voyage se ferait très confortablement et le voyageur pourrait rapporter de nombreux et intéressants souvenirs. 2° Luxe moyen: Prix Durée en francs en jours Paris-Caire et retour (Messageries Maritimes) 2.500 13 7 jours au Caire (Continental ou Angleterre), à 50 francs 700 7 Caire à Assouan (bateaux express Cook, y compris séjour dans ces deux villes). 1.200 20 Assouan à Wadi-Halfa (bateau anglo-américain) 1.100 7 Wadi-Halfa à Khartoum (train de luxe) 1.200 3 Khartoum, 6 jours à 50 francs 600 0 3 semaines partie de chasse à 1.000 francs. 3.000 21 Grand permis de chasse 1.000 Total 11.300 77 Soit 5.650 francs par personne. 3° Grand luxe: Prix Durée en francs en jours Paris-Caire, retour avec escale à Naples (Lloyd de Brème) 2.500 13 15 jours au Caire, à 100 francs (Savoy, Ghesireh ou Shepheards) 3.000 15 Caire-Luxor-Assouan (bateaux Touristes). 2.700 21 Assouan à Wadi-Halfa (bateaux Cook). 1.500 7 Wadi-Halfa à Khartoum (train de luxe). 1.200 3 8 jours à Khartoum et excursions. 1.000 8 20 jours bateau à vapeur à 600 francs par jour 12.000 20 Grand permis de chasse 1.000 Total 24.900 92 Soit 12.450 francs par personne pour un voyage de plus de trois mois. Il est évident qu'en ce qui concerne le «grand luxe», le prix de revient du bateau à vapeur étant presque le même pour deux ou pour dix personnes, le coût du voyage serait beaucoup moindre pour plusieurs personnes. Il ne serait que de 10.000 francs par tête pour cinq amis voyageant ensemble, et de 8.000 francs seulement s'ils étaient dix.A.-B. DE GUERVILLE.
Un beau coup de fusil: éléphant tué près du Nil Blanc.
Le lâcher d'un cerf sur le terrain de chasse | Alphonse XIII et le prince de Bavière courant le cerf. |
Alphonse XIII en habit rouge. | Le prince Ferdinand de Bavière, futur beau-frère d'Alphonse XIII. |
Le roi d'Espagne, passionné, comme on sait, pour les sports, a pris l'habitude d'aller chasser, une fois par semaine, sur le terrain de la société dont le comte de Pena Ramiro est le président. Le mercredi, en compagnie de quelques personnages de la cour, notamment de son futur beau-frère, le prince Ferdinand de Bavière, qui va épouser dans peu de jours l'infante Marie-Thérèse, il se rend au «coto» de la Venta de la Rubia, situé près de Carabanchel, à 10 kilomètres de Madrid. Là, les exploits cynégétiques du jeune souverain se partagent entre le lièvre et le cerf. A la vérité, si ce terrain est fécond en lièvres, il ne possède point de cerfs; mais on en fait venir tout exprès du domaine royal d'El Pardo, où on les a pris au filet: transportés dans une sorte de fourgon, ils sont lâchés au moment opportun, puis forcés suivant les règles. Ainsi, chevauchant en costume classique, Alphonse XIII, sans s'éloigner beaucoup de sa capitale, peut se procurer fréquemment le plaisir et les émotions de la grande chasse à courre.
Ce n'est pas d'hier qu'on a constaté combien la neige agglomérée et comprimée se laisse aisément façonner: quel écolier n'en a fait l'expérience? Qui de nous n'a coopéré à la confection du traditionnel «bonhomme»? Mais, d'une exécution généralement sommaire, cette grossière image n'est rien auprès des résultats auxquels peut atteindre une facture plus soignée et plus habile.
Tous les ans, dans une petite ville de l'Allemagne du Sud, à Duderstadt, s'ouvre un concours de statues de neige; la plupart des habitants y prennent part; un jury, composé des conseillers municipaux et des notables, décerne des prix importants aux auteurs des oeuvres les plus méritoires. Le concours de cette année a été particulièrement remarquable, tant par la qualité que par la quantité, ainsi qu'en témoignent les curieux spécimens reproduits ici, certains concurrents se sont montrés artistes consommés en leur spécialité, ne craignant pas de s'attaquer aux sujets les plus compliqués, les plus difficiles, modelant de main de maître personnages, animaux, accessoires.
Est-il besoin de le dire? cette exposition unique, en pleine rue--véritable Salon d'hiver--a le privilège d'attirer à Duderstadt une foule de visiteurs empressés à contempler un genre de sculpture beaucoup moins durable que le marbre, le bronze et même le plâtre.
Le loup et le petit chaperon rouge. | La basse-cour. | L'amour vainqueur. |
UN CONCOURS DE STATUES, DE NEIGE A DUDERSTADT (ALLEMAGNE)
LES SABOTS DE NOËL A L'OPÉRA
Les bals masqués du carnaval ont été supprimée à l' Opéra. Mais notre Académie nationale de musique a ouvert cependant ses portes dans la nuit du 24 au 25 décembre, pour un bal dit des Sabots de Noël. Des sonneries de carillon célèbres alternaient avec les danses. Une immense cheminée était dressée au fond de la salle: au milieu de la fête, Mlle Zambelli et les artistes du corps de ballet en sortirent pour danser la «Sabotière» de la Korrigane Mais d'autres surprises étaient réservées aux spectatrices: elles étaient invitées à passer sous la cheminée et à désigner, d'une baguette, un des innombrables sabots rangés sur des étagères; on leur remettait aussitôt le sabot choisi qui contenait un cadeau.
Archéologie.
Deux de nos distingués collaborateurs du numéro de Noël, M. Georges Cain, le conservateur du musée Carnavalet, et M. F. Hoffbauer, l'artiste bien connu, viennent de publier, chacun, un intéressant livre d'art que nous sommes heureux de signaler à nos lecteurs:
Les Coins de Paris (Flammarion, 7 fr. 50), que nous présente M. Georges Cain, sont, pour une grande part, la réédition d'un ouvrage, Croquis du Vieux Paris, publié, en 1904, à un très petit nombre d'exemplaires. Le travail primitif, remanié et augmenté, forme, aujourd'hui, un luxueux volume, qu'accompagnent de multiples reproductions de tableaux, de dessins, d'eaux-fortes, de lithographies, empruntés à des collections particulières, à des musées, à des bibliothèques privées. L'auteur, dans son introduction, se défend d'avoir voulu refaire un «guide de l'étranger dans Paris». Point n'était utile de nous rassurer là-dessus. Nous savions que M. Georges Cain, négligeant de parti pris le trop décrit, le trop connu, se serait attaché seulement au rare, sinon à l'inédit, et nous devinions, dès le titre, qu'il avait désiré simplement nous associer à ses flâneries d'artiste amoureux de la vieille cité: «Notre but, dit en effet M. Georges Cain, serait de continuer, par des promenades dans ce qui nous reste du précieux Paris d'autrefois, la série des documents dessinés ou gravés que renferme le musée Carnavalet.» Tous les artistes voudront suivre, par des itinéraires peu usités, le précieux cicerone dans tous les endroits où l'on trouve encore d'anciennes maisons et de vieux aspects. Ils verront ressusciter à leurs yeux le Paris de Louis-Philippe, ce Paris qui était encore «la province» et dans lequel M. Victorien Sardou, le spirituel préfacier de l'ouvrage, jouait au cerceau autour de l'Eléphant de la Bastille.
M. Hoffbauer, lui, nous transporte à Borne et nous ramène à des âges beaucoup plus reculés. Il vient, en effet, d'entreprendre la reconstitution, par l'image, des aspects de la Ville Éternelle à travers les siècles. L'idée est heureuse. Depuis les récentes découvertes de M. Boni, on se méfiait des descriptions un peu conventionnelles, inspirées par la reconnaissance aux bénéficiaires de la civilisation latine. Une revision s'imposait et nul mieux que M. Hoffbauer n'était désigné pour ce travail. La première partie de l'étude, consacrée au Forum (Plon, 20 fr.), est ornée de 4 aquarelles, de 2 gravures hors texte et de 52 dessins dans le texte. Sur un récit sobre et nerveux de M. Thédenat, de l'Institut, qui nous retrace les phases mouvementées de la vie politique et religieuse de Borne, M. Hoffbauer a échelonné la série de ses merveilleuses illustrations. Successivement les monuments de la Ville Éternelle, fidèlement restitués d'après les documents authentiques, se dressent à nos regards. Oh! la prestigieuse évocation! le rappel impérieux de tous nos souvenirs classiques! Voici le temple de Janus, le collège et les statues des Vestales, la Curia hostilia, le Comitium, la prison, le Tullianum, les hideuses gémonies, le grand cloaque; puis, sous la République, la Curie, le Senaeulum, les temples de Saturne et de la Concorde, les tribunaux, les basiliques; puis encore, sous l'empire, les arcs de triomphe, les statues et les temples des empereurs, la Voie Sacrée...; enfin, après le christianisme, les premières églises... C'est toute la vie romaine, sous ses formes successives, qui, de ces pierres, de ces arcs et de ces colonnes, surgit exacte et saisissante.
Après les Peintres modernes, les Pierres de Venise constituent l'ouvrage le plus considérable de Buskin. Que fut Buskin? Un archéologue ou un artiste? Ni l'un ni l'autre. Buskin fut un sourcier, c'est-à-dire un de ceux qui découvrent, partout où elles se trouvent, des sources de vie. Sous les pierres amoncelées par les foules et que travaillèrent des milliers d'artistes, il a entendu murmurer des voix que l'histoire officielle n'a pas su percevoir. Ainsi parlent --et mieux que d'autres--les Pierres de Venise. L'ouvrage, traduit par Mlle Mathilde P. Crémieux (H. Laurens, 12 fr.) et magnifiquement illustré, est préfacé par M. Robert de la Sizeranne.
Beaux-Arts.
Cinq volumes nouveaux viennent de paraître dans la collection des Grands Artistes (H. Laurens, 2 fr. 50 chaque vol., in-8°, avec 24 gravures hors texte): ce sont les monographies de Gros, par M. Henry Lemonnier, professeur à la Sorbonne; de Claude Lorrain, par Baymond Bouyer; de Percier et Fontaine, par Maurice Pouché; de Ruysdaël, par Georges Biat; de Gainsborough, par Gabriel Mourey. Ces cinq études sont documentées à souhait et si nous signalons particulièrement celle de M. Maurice Fouché, c'est que Percier et Fontaine, architectes et décorateurs, créateurs et maîtres incontestés du style empire, collaborateurs inséparables, sont pour la première fois présentés au grand public, qui ne les connaissait guère que de nom et de réputation.
Pierre-François-Léonard Fontaine, né à Pontoise en 1762, et Charles Percier-Bassant, né à Paris en 1764, se rencontrèrent d'abord à l'école de Peyre jeune, inspecteur des bâtiments du roi, puis se retrouvèrent à Borne. C'est là qu'en 1788 un événement douloureux, la mort du peintre Drouais, leur permit d'associer pour la première fois leurs talents déjà formés: ils firent ensemble un projet de monument que le sculpteur Michallon exécuta dans l'église de Santa-Maria in via Lata. Trois ans plus tard, revenus à Paris, séparément, mais tous deux à pied, par économie, ils exécutaient pour l'ébéniste Jacob, qui avait la fourniture du mobilier de la Convention, des dessins dans lesquels ils s'étaient hasardés à restaurer le style antique. Cette tentative réussit et leur faveur commença. En 1793, ils étaient appelés à la «direction des décorations» de l'Opéra. C'était la fortune et, tout en continuant à créer des modèles de meubles, de bronzes d'ameublement, d'objets d'orfèvrerie, qu'on ne cessa plus de leur commander de toutes parts, ils purent désormais s'adonner à l'architecture. Ils établirent plus de projets, à vrai dire, qu'ils ne construisirent de monuments: l'arc de triomphe du Carrousel et le monument expiatoire de Louis XVI sont les seules oeuvres complètes qui nous restent d'eux. Mais ils furent surtout d'admirables restaurateurs, à la Malmaison d'abord, puis à Saint-Cloud, enfin aux Tuileries et au Louvre, dont ils devinrent les architectes en 1805, à Compiègne, Fontainebleau et au palais Pitti, à Florence. Toutes les décorations éphémères des fêtes du sacre, puis du deuxième mariage de Napoléon furent leur ouvrage. Elles étaient imposantes et majestueuses, comme nous pouvons en juger par les 54 planches du magnifique volume in-folio publié en 1807: Sacre et Couronnement de Napoléon, empereur des Français et roi d'Italie, et par les 13 planches du: Mariage de S. M. l'empereur Napoléon avec S. A. R. l'archiduchesse Marie-Louise d'Autriche. Louis XVIII et surtout Louis-Philippe continuèrent à Fontaine (Percier préférait se consacrer désormais à l'école qu'il avait fondée) la confiance que lui avait témoignée Napoléon: c'est dans cette seconde période qu'il restaura Versailles et le Palais-Royal, et construisit, de 1815 à 1826, le monument expiatoire de la rue d'Anjou, qui, vu de l'extérieur est souvent jugé un peu lourd, mais dont on apprécie le grand caractère et la belle ordonnance lorsqu'on pénètre à l'intérieur.
Tous les volumes de la collection des Grands Artistes sont illustrés de 24 gravures, très convenablement imprimées, qui reproduisent les oeuvres caractéristiques du peintre, du sculpteur ou de l'architecte étudié dans le texte. Il y manque peut-être une vingt-cinquième image: le portrait de l'artiste lui-même. Les traits de Gros, Ruysdaël, Claude Lorrain, Gainsborough, et surtout de Percier et de Fontaine, ne nous sont pas familiers: nous aimerions qu'on nous remette sous les yeux leur physionomie en même temps qu'on nous rappelle les faits de leur existence et les phases de leur talent.
De même, dans la collection parallèle des Villes d'art célèbres (H. Laurens, chaque vol., pet. in-4°, abondamment ill. 3 fr. 50 ou 4 fr., selon l'importance), il est permis de regretter l'absence d'un plan de chacune des cités qui nous sont décrites. Assurément M. Émile Gebhart, de l'Académie française, ne prétend pas nous guider dans Florence de la même façon que le Baedeker ou le Joanne, ni M. P.-J. Bié dans Nurenberg, ni M. Pierre Gauthiez dans Milan. Mais un plan nous aiderait cependant à nous orienter parmi les monuments au milieu desquels on nous promène, à situer les palais, les églises qu'évoquent pour nous de brillants écrivains dont le texte est semé de reproductions de photographies.
M. Pierre Gauthiez, artiste érudit, a entrepris de réhabiliter Milan, que l'on traverse trop souvent sans l'étudier, pour courir vers d'autres villes d'une beauté plus illustre. Il est un enthousiaste du Dôme trop souvent décrié: «... Je n'ignore pas, dit-il, qu'il est de bon goût, et raffiné, d'affecter, au nom du gothique, un grand mépris pour la cathédrale milanaise. Cette affectation de dédain, et les plaisanteries faciles, empruntées à la pâtisserie le plus souvent ou à la lingerie, sont simplement ineptes. Si la cathédrale de Chartres est la rude fleur d'un pays morne, gris et pâle, quand la moisson ne le fait point roux; si Notre-Dame de Paris, ou Laon, ou Reims, ou Bourges, expriment l'âpre mysticisme de nos terres barbares, pourquoi ce pays doux et gras du Milanais, dont l'allégresse accueille et dont le charme enivre, après la traversée des Alpes, n'aurait-il pas reçu le droit d'exprimer la forme de sa religion dans cette blanche église, immense, à mille clochetons, immaculée comme les glaciers que l'on découvre de son toit, offerte au soleil et aux molles pluies argentées comme les plaines qui lui font un magnifique piédestal? Est-ce que la vigne lombarde est courte et bossue, et revêche, comme nos ceps? Ne s'enlace-t-elle point aux mûriers pour s'épanouir en guirlandes? Et l'air qui joue autour du Dôme a-t-il rien de commun avec notre ciel dur et belliqueux? Ces gens avaient du marbre, et non une pierre austère et rugueuse. Ils ont fait leur cathédrale en marbre...»
A qui l'éditeur pouvait-il demander la monographie de Florence, sinon à M. Émile Gebhart? On devine avec quelle faveur cet érudit académicien, ce lettré exquis, analyse l'âme et la race florentines, répète ce que racontent les vieilles pierres de Florence, inventorie ses trésors d'art.
Trois plaquettes consacrées à Rossini par Lionel Dauriac, à Gounod par P.-L. Hillemacher, à Liszt, par M. D. Calvocoressi, inaugurent une nouvelle série: celle des Musiciens célèbres (H. Laurens, 2 fr. 50 chaque vol. petit in-8º). Ces études ne sont pas seulement intéressantes et élégamment écrites; elles sont présentées avec une illustration documentaire et anecdotique, aussi fidèle que variée: portraits, fac-similés de pages autographes, reproductions de costumes, de décors, de ballets, caricatures, etc., --richesses iconographiques enfouies en des musées, des bibliothèques, des conservatoires, et dont la plupart sont utilisées pour la première fois.
M. Romain Rolland (célèbre depuis quelques semaines pour avoir obtenu le prix de l'Académie féminine de la Vie heureuse, avec son roman Jean-Christophe), vient de publier, dans la collection, des Maîtres de l'art, une biographie de Michel-Ange (Librairie ancienne et moderne,3 fr. 50). En 160 pages, M. Romain Rolland a su être complet: l'oeuvre gigantesque et la vie enfiévrée de Michel-Ange apparaissent dans ce petit livre avec un relief saisissant. On trouve à la fin du volume une table chronologique, un catalogue des principales peintures et sculptures, enfin une bibliographie comprenant les écrits de Michel-Ange et ceux qui lui ont été consacrés.
Voyages.
L'Espagne est un pays charmant!... Certes oui, l'Espagne pittoresque, vue, contée et crayonnée par un artiste! M. J. Worms a fait plusieurs voyages au delà des Pyrénées à des époques où il y avait encore des Pyrénées, des costumes nationaux, des traditions originales. Au gré des étapes de sa vie ambulante de peintre, il a recueilli des impressions et croqué des types qui ne sont plus ou presque plus. Du tout, enfin, il a fait un beau livre, Souvenirs d'Espagne (H. Floury, éd.), riche en illustrations ingénieuses et piquantes.
On sait qu'en vingt-sept mois la mission du Bourg de Bozas traversa l'Afrique, de la mer Rouge à l'Atlantique, en passant par la Somalie, l'Éthiopie, les plateaux du haut Nil et le Congo. M. du Bourg de Bozas mourut sur l'Ouellé, près du but. Ainsi se termine sur une page tragique le récit de cette exploration. De là mer Rouge à l'Atlantique (de Rudeval, 30 fr.), dont nos lecteurs connaissent déjà au moins l'un des épisodes, une curieuse chasse à l'éléphant qui fut relatée dans L'Illustration. L'ouvrage, illustré d'après les photographies de la mission, est présenté par une préface de M. R. de Saint-Arroman.
Vers 1843, Heller signalait la luminescence des bois en putréfaction. Cette lueur est produite par des champignons vivant à la surface de divers végétaux et dont on connaît aujourd'hui une quinzaine de variétés. Ainsi s'explique que, dans les forêts tropicales, on voie souvent briller les feuilles de bambou et d'autres espèces; en Europe, les feuilles mortes du chêne et du hêtre, en décomposition et un peu humides, présentent parfois un phénomène identique. D'autre part, certaines photo-bactéries vivent en grand nombre à la surface des poissons de mer, devenant lumineuses vingt-quatre ou trente-six heures après la mort de ces derniers, pour s'éteindre dès qu'apparaît la putréfaction. Elles se développent également sur la viande de mammifère que le professeur R. Dubois, de l'université de Lyon, utilisa le premier pour les isoler et les cultiver à l'état de pureté. En les ensemençant ensuite dans un ballon de verre garni de gélatine, il obtint la fameuse lampe «à lumière froide».
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On savait que cette lumière impressionne la plaque photographique dans un temps assez long, mais on n'avait pas encore songé à constater sa puissance phototropique. Une de nos gravures montre des plantes mises en germination près d'un tube renfermant des bactéries photogènes: leurs tiges poussent presque droit vers la source lumineuse.
«Tenir sa poudre sèche» est chose d'actualité; mais, une bonne façon de l'avoir sèche, c'est de ne pas en faire de trop grandes provisions d'avance. D'ailleurs, étant donnée la quantité de munitions nécessaires dans les guerres modernes, les approvisionnements ne sauraient durer longtemps.
D'autre part, on ne pourrait assurément, pour faire de la poudre, se contenter, comme dans les guerres de la Révolution, de gratter les vieilles murailles des caves et des écuries pour se procurer du salpêtre.
Mais on sait, depuis les travaux de Schlosing et Müntz, que la nitrification n'est qu'une fermentation. Le ferment trouvé, il devenait donc possible de produire des salpêtrières artificielles sur une vaste échelle.
C'est ce qu'ont fait MM. Laine et Müntz, qui ont obtenu ce résultat en faisant couler une solution de sel ammoniac sur un lit de noir animal ensemencé d'organismes nitrificateurs.
Une salpêtrière ainsi formée, ayant un hectare de superficie, pourrait donner 16.000 kilos de salpêtre par jour, soit plus de 6 millions de kilos par an.
Voici des résultats rassurants: la poudre ne manquera pas.
Le fleuve Tano, qui arrose la Côte d'Ivoire anglaise, présente, aux environs de Chitri, sur une longueur de 1.500 mètres, une différence d'altitude de 23 mètres. Il pourrait fournir une force évaluée de 20.000 à 45.000 chevaux suffisant à l'exploitation de toutes les mines d'or de la région. On se préoccupe, actuellement, d'utiliser cette houille blanche pour les mines de Prestea et de Tarkwa, situées à 60 et 90 kilomètres des chutes, et dont le service n'absorberait que 5.000 chevaux.
Le temps n'est peut-être pas éloigné où l'électricité sera plus répandue et moins chère à Tombouctou qu'à Paris.
Eviter un rhume n'est pas toujours chose facile: si l'on n'a pas une constitution naturellement réfractaire à ce mal déplaisant, on est souvent la victime de celui-ci, tant les occasions de s'enrhumer se présentent souvent et naturellement. Mais si l'on ne peut guère éviter le mal, on peut au moins essayer de le juguler, de l'empêcher de prendre pied et de durer. De quelle façon s'y prendre? demandera-t-on. Voici le conseil que donne la Presse médicale. Dès qu'on se sent pris--c'est-à-dire dès que l'on se met à éternuer, à moucher et à sentir lourde la région du front, il faut user d'inhalations. Trois ou quatre fois par jour, il faut inhaler de la vapeur d'eau oxygénée chirurgicale, suffisamment acide. C'est d'une inhalation de vapeur qu'il s'agit, non d'une pulvérisation: on inhale par le nez la vapeur de l'eau oxygénée bouillante. C'est très simple. Généralement, si l'on s'y met à temps, ce traitement guérit du jour au lendemain. Au cas où la muqueuse nasale serait déjà sensiblement engorgée, on ferait, dix minutes avant chaque inhalation, un petit badigeonnage interne avec de l'adrénaline à 1 p. 1000. On le voit, la méthode est simple: elle serait aussi très efficace.
La tenue de campagne de l'armée japonaise vient d'être complètement modifiée. Pour les officiers, le dolman, à brandebourgs et à galons, et le pantalon à bande sont remplacés par un veston très simple et une culotte en drap kaki avec bottes en cuir jaune. La casquette est du même drap; la couleur de son bandeau et celle de l'écusson du col sont les seuls signes distinctifs de chaque arme. Le grade est indiqué par des étoiles ornant les pattes d'épaules. Le nouvel uniforme commence à être porté par les officiers; les soldats n'en seront pourvus que dans quatre mois.
Officiers japonais dans la nouvelle (au centre) et
l'ancienne tenue de campagne.
La forêt domaniale de l'Estérel, ancienne propriété des évêques de Préjus, a été portée, par deux échanges réalisés en 1889 et 1890, à une contenance de 5.754 hectares, dont 5.562 d'un seul tenant. Elle formait naguère un maquis souvent impénétrable où le pin maritime et le chêne-liège prospéraient au milieu de bruyères, d'arbousiers et autres espèces buissonnantes. Aussi, les incendies étaient fréquents; il y en eut quatre formidables au cours du dernier siècle, et les quelques lambeaux de vieille futaie épargnés ne renferment point d'arbres âgés de plus d'une centaine d'années. L'administration forestière a réussi à transformer en forêt de rapport et de tourisme un maquis jadis presque désert; elle vient de faire connaître l'ensemble des travaux effectués et des résultats obtenus.
On compte aujourd'hui dans la forêt de l'Estérel: 56 kilomètres de routes de 3m,50 de largeur; 141 kilomètres de chemins; 207 kilomètres de sentiers muletiers dits sentiers garde-feu; 155 kilomètres de tranchées de 10 à 30 mètres de largeur; 1.300 hectares ont été entièrement débroussaillés. Dix maisons forestières, dont huit pourvues du téléphone, un poste permanent de guetteurs au sommet du mont Vinaigre, de nombreux postes volants occupés seulement les jours de mistral complètent ces mesures de protection contre l'incendie qui représentent une dépense annuelle de 19.000 francs et ont réduit l'importance des sinistres dans les proportions suivantes:
Périodes. Surfaces brûlées. Moyenne annuelle. 1838-1857 7.003 hectares 350 hectares 1858-1877 1.727 86 1878-1904 86 3
D'autre part, le produit des écorces de liège exploitées en régie, qui était d'environ 16.000 kilos pour la période 1865-1876, a atteint, depuis 1901, 64.000 kilos. Mais, par suite de la substitution des grandes usines à l'exploitation familiale et de la concurrence algérienne, le prix des 100 kilos d'écorce est tombé de 65 francs, en 1886, à 38 francs. Or, c'est là le maximum, rarement atteint, du rendement à l'hectare. Le bois du pin sylvestre, au contraire, qui doit au climat et à la nature du sol des propriétés exceptionnelles, s'est maintenu à 11 francs le mètre cube. Il suffit donc de 3 mètres cubes de bois à l'hectare pour donner un revenu supérieur à celui du liège. Aussi, tout en laissant une certaine place à la culture du chêne-liège, l'administration forestière a renoncé à en faire la base principale de son exploitation du domaine de l'Estérel.
La coiffure «Renault». | La coiffure «Richard-Brasier». |
MODES SPORTIVES
Il y avait au Salon de l'automobile, une section réservée aux costumes Là on pouvait faire son choix entre les dernières nouveautés mises au jour par les grands couturiers, les modistes en vogue pour l'usage des chauffeurs et des chauffeuses. Et voici ce qu'a imaginé un tailleur: la coiffure automobile, reproduction, au choix de la belle cliente, de la voiture qu'elle a coutume de monter; pour celle-ci, une «Richard-Brasier», pour celle-là, une «Renault», en miniature, avec leurs roues, leurs phares, dardés comme deux yeux. Cela sur la tête, un bon masque ou une paire de besicles sur le nez, une bonne voiture sous les pieds, et l'on peut aller loin si l'on ne craint pas trop le ridicule!...
Le travail manuel se fait-il mieux dans la station debout que dans la position assise? Question aussi intéressante au point de vue individuel qu'au point de vue social.
On sait que ceux qui pratiquent assis les métiers et les arts les plus délicats se lèvent souvent pour considérer avec plus de précision leur travail ou pour en parfaire les détails; et les physiologistes admettent, d'autre part, que la station debout est l'attitude qui assure le mieux la fixité contre les forces extérieures, et qui procure aussi le meilleur point d'appui dans les activités diverses.
Toutefois, il n'était pas inutile de confirmer ces considérations un peu théoriques par l'expérience. C'est ce qu'a fait M. Ch. Eéré, au moyen de l'ergographe, instrument qui permet d'enregistrer le nombre de soulèvements d'un poids donné par le doigt médius, et l'amplitude de chaque mouvement de ce doigt.
Or il resulte de ces expériences que le travail debout est supérieur d'environ un dixième au travail assis. Mais, si l'on compare ces travaux à leur début et à leur terminaison, on remarque que le travail assis est moins considérable au début et s'abaisse graduellement, tout en restant assez intense à la fin; tandis que le travail dans la station debout est plus intense au début, persiste longtemps très élevé, puis tombe rapidement.
La station debout favorise donc le travail et l'attention pendant une longue période: mais il est certain que cette exaltation est suivie d'une fatigue plus rapide.
M. Eéré, par des expériences du même ordre, a constaté en outre qu'une longue immobilité, précédant le travail, diminue la valeur de celui-ci; tandis qu'une courte immobilité de cinq à quinze minutes est suivie d'une exaltation du travail. Après une heure d'immobilité, le travail est réduit à son minimum. Il semble que le sujet soit engourdi ou endormi.
Conséquence pratique: les pauses de travail, dans la marche, comme entre deux classes, ne devraient jamais dépasser quinze minutes.
Par dérivation du mot grec qui signifie «teindre», on désigne sous le nom de phototégie un nouveau procédé fort curieux de développement photographique. On avait déjà essayé de dépouiller les clichés avec l'eau oxygénée, mais les résultats obtenus étaient aussi lents qu'irréguliers. La formule suivante active et régularise l'action particulière à ce liquide, qui est d'enlever au négatif des épaisseurs de gélatine proportionnelles à l'opacité des parties réduites, c'est-à-dire attaquées par la lumière:
Eau................... 100 cc. Acide chlorhydrique.... 10 cc. Bioxyde de baryum....... 4 gr.
On doit exclure les développateurs trop astringents et employer de préférence l'oxalate ferreux ou le diamidophénol. Après développement et lavage, la glace est mise dans la solution d'eau oxygénée, au grand jour si l'on veut. Les noirs se dépouillent en quelques minutes, et l'on obtient directement un dispositif formé par des reliefs. L'image absorbe naturellement des quantités de liquide colorant proportionnelles aux épaisseurs de la gélatine. On peut donc, par un bain subséquent, donner au cliché la teinte que l'on désire; on pourra encore en obtenir des épreuves sur papier par simple contact. Enfin, en coloriant le cliché au pinceau avec des teintes plates, le modelé dans les nuances s'obtiendra de façon automatique.
D'après le Bulletin du Congrès des chemins de fer publié ces jours derniers, voici, en milliers de francs, le prix d'établissement du kilomètre de rails pour les chemins de fer du monde entier:
Angleterre et Irlande, 841; Belgique, 508; France, 396; Italie, 353; Autriche, 350; Suisse, 332; Allemagne, 326; Espagne, 307; Roumanie, 281; Pays-Bas, 269; Russie, 245; Serbie, 226; Hongrie, 205; Suède, 143; Danemark, 134; Bulgarie, 130; Norvège, 123; Finlande, 102. Natal, 231; États-Unis, 206; Canada, 196; Algérie et Tunisie, 188; Chili, 175; Uruguay, 172; Java, 169; République Argentine, 163; Le Cap, 162; Inde anglaise, 134; Japon, 129; Lagos, 110; Siam, 87.
Etant donné que beaucoup d'écoles pour l'enfance sont, par leur constitution même, des endroits où celle-ci n'acquiert pas seulement un certain savoir, mais accomplit une notable partie de sa croissance, on ne peut être étonné si les médecins demandent à donner leur avis sur l'organisation de la vie scolaire. C'est ce qu'ils viennent de faire de l'autre côté de la Manche, et les propos qu'ils tiennent sur l'organisation régnante ne sont pas précisément flatteurs. Un gros vice de celle-ci consiste en ce que l'enfant ne se voit pas allouer un nombre d'heures de sommeil suffisant. Sa nuit est trop courte. Tous ceux qui se sont occupés de la question arrivent à la même conclusion, que la durée du repos nocturne est insuffisante. Il faut le prolonger et arriver à une nuit de neuf ou dix heures pour les enfants ayant moins de seize ans. Ce chiffre est une moyenne: il ne serait pas sage de s'y tenir en toute saison. En hiver, il faut laisser dormir l'enfant plus longtemps qu'en été. Il a besoin de plus de sommeil à la saison froide. Beaucoup d'enfants, chez nous aussi, sont certainement soumis à un régime qui les fatigue et les rend impropres au travail. Il conviendrait, après le travail, qu'on leur demande de jour, de leur faire une nuit plus longue, pour leur permettre de reprendre des forces et de se reposer véritablement.
L'aérostat dirigeable du comte Zeppelin sortant de son
aérodrome au bord du lac de Constance.
Le général de cavalerie allemande comte Zeppelin vient de renouveler, au-dessus du lac de Constance, les expériences de navigation aérienne qu'il avait tentées en 1900 (voir L'Illustration du 21 juillet 1900). Son aérostat, qui se compose d'une enveloppe cylindrique en fils d'aluminium abritant seize ballonnets d'hydrogène et à laquelle sont suspendues deux nacelles, a été légèrement modifié dans ses détails. La longueur est de 126 mètres, le diamètre de 11 mètres; les ballonnets renferment 10.400 mètres cubes de gaz.
Un progrès considérable a été réalisé dans la construction du moteur: les deux nouvelles machines, pesant ensemble 400 kilos, développent une force de 170 chevaux; avec un poids moindre de 5 kilos seulement, les anciennes en produisaient 30. La charge totale à enlever atteint 9.000 kilos, soit environ 1.000 kilos de moins que précédemment.
Les ascensions ont eu lieu les 17 et 21 octobre et 30 novembre derniers. Le comte Zeppelin et l'ingénieur Durr avaient pris place à l'avant, avec deux machinistes; quatre personnes, également, occupaient la nacelle arrière. Les deux premières ascensions furent contrariées par des accidents ne portant aucune atteinte au principe de l'appareil. La dernière dura vingt-trois minutes, à la vitesse de 7m,50 par seconde, qui n'avait jamais été atteinte dans les expériences antérieures. On aurait môme, un instant, constaté la vitesse de 9 mètres. Après avoir décrit plusieurs boucles, l'aérostat atterrit sans difficulté.
Le dirigeable Zeppelin en expériences sur le lac de
Constance.
Il y a encore loin de ces résultat; à ceux obtenus avec le Lebaudy qui, des 1902 parcourait près de 100 kilomètres en moins de trois heures. Mais nous ne devons pas oublier que le comte Zeppelin semble se préoccuper surtout d'établir un appareil susceptible d'accomplir un voyage de quinze à vingt heures.
L'Opéra-Comique vient de faire entendre deux oeuvres nouvelles qui ont beaucoup plu au public. L'une, les Pêcheurs de Saint-Jean, paroles de M. Henri Cain, n'est rien moins qu'une très belle symphonie dramatique, où le compositeur, M. Widor, affirme une fois de plus les hautes qualités qu'on lui connaît. Musique savante et facilement compréhensible, inspiration soutenue et d'une absolue sincérité, tels sont les mérites divers qui expliquent et justifient le succès de ce bel ouvrage. Mme Triché et un excellent ténor, M. Salignac, contribuent pour une large part à sa réussite. La seconde nouveauté, la Coupe enchantée, livret de M. Matrat, d'après La Fontaine, n'est pas moins remarquable à d'autres points de vue. La partition de M. G. Pierné, légère, d'une expression charmante, et développée suivant la poétique de l'opéra-comique d'autrefois, se distingue des productions anciennes par des délicatesses d'harmonie et d'orchestration que ne recherchaient pas les maîtres du genre.
L'audition des envois de Rome, au Conservatoire, consacre la bonne réputation de MM. Malherbe et Levadé parmi les musiciens. M. Malherbe est un symphoniste très fort; nous lui voudrions moins de science et plus de jeunesse. M. Levadé a charmé davantage les auditeurs, surtout dans son très classique développement du psaume CXI qui contient de très belles parties.
LE CHANTEUR CHALIAPINE
Au théâtre des Folies-Dramatiques, deux maîtres du vaudeville, MM. Kéroul et Barré, viennent de remporter une nouvelle victoire avec trois actes follement gais d'un bout à l'autre: Une veine de...
Les 400 coups du Diable, de MM. V. de Hottens et V. Darlay, au Châtelet: des décors superbes, des danses, des chants, des cortèges à n'en plus finir dans un éblouissement de lumière électrique; il n'y manque qu'un peu de la grosse gaieté des féeries de jadis. Au demeurant, un gros succès.
On vient d'arrêter, à Moscou, un chanteur russe célèbre, Chaliapine, basse chantante des théâtres impériaux, qui s'était fait connaître en France, cette année même, de très brillante façon, en interprétant avec un grand talent, à Monte-Carlo, le Mefistofele de Boïto. Chaliapine s'était jeté ardemment dans le parti révolutionnaire. On l'accuse d'avoir entonné, ces jours derniers, dans une réunion politique, un chant d'une violence inouïe. Ce fut la cause de son arrestation.
Chaliapine, ancien ouvrier, avait été lié, tout jeune homme, avec le romancier Maxime Gorki, qui, alors, menait lui-même une existence tout à fait précaire.
Note du transcripteur: Les suppléments mentionnés en titre
ne nous ont
pas été fournis.
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