The Project Gutenberg EBook of Le Tour du Monde; Île d'Elbe, by Various This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org Title: Le Tour du Monde; Île d'Elbe Journal des voyages et des voyageurs; 2em sem. 1905 Author: Various Editor: Édouard Charton Release Date: July 29, 2009 [EBook #29537] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE TOUR DU MONDE; ÎLE D'ELBE *** Produced by Carlo Traverso, Christine P. Travers and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)
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PARIS
IMPRIMERIE FERNAND SCHMIDT
20, rue du Dragon, 20
NOUVELLE SÉRIE — 11e ANNÉE 2e SEMESTRE
Le Tour du Monde
a été fondé par Édouard Charton
en 1860
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie
79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79
LONDRES, 18, KING WILLIAM STREET, STRAND
1905
Droits de traduction et de reproduction réservés.
L'ÉTÉ AU KACHMIR
Par Mme F. MICHEL
I. De Paris à Srinagar. — Un guide pratique. — De Bombay à Lahore. — Premiers préparatifs. — En tonga de Rawal-Pindi à Srinagar. — Les Kachmiris et les maîtres du Kachmir. — Retour à la vie nomade. 1
II. La «Vallée heureuse» en dounga. — Bateliers et batelières. — De Baramoula à Srinagar. — La capitale du Kachmir. — Un peu d'économie politique. — En amont de Srinagar. 13
III. Sous la tente. — Les petites vallées du Sud-Est. — Histoires de voleurs et contes de fées. — Les ruines de Martand. — De Brahmanes en Moullas. 25
IV. Le pèlerinage d'Amarnath. — La vallée du Lidar. — Les pèlerins de l'Inde. — Vers les cimes. — La grotte sacrée. — En dholi. — Les Goudjars, pasteurs de buffles. 37
V. Le pèlerinage de l'Haramouk. — Alpinisme funèbre et hydrothérapie religieuse. — Les temples de Vangâth. — Frissons d'automne. — Les adieux à Srinagar. 49
SOUVENIRS DE LA CÔTE D'IVOIRE
Par le docteur LAMY
Médecin-major des troupes coloniales.
I. Voyage dans la brousse. — En file indienne. — Motéso. — La route dans un ruisseau. — Denguéra. — Kodioso. — Villes et villages abandonnés. — Où est donc Bettié? — Arrivée à Dioubasso. 61
II. Dans le territoire de Mopé. — Coutumes du pays. — La mort d'un prince héritier. — L'épreuve du poison. — De Mopé à Bettié. — Bénie, roi de Bettié, et sa capitale. — Retour à Petit-Alépé. 73
III. Rapports et résultats de la mission. — Valeur économique de la côte d'Ivoire. — Richesse de la flore. — Supériorité de la faune. 85
IV. La fièvre jaune à Grand-Bassam. — Deuils nombreux. — Retour en France. 90
L'ÎLE D'ELBE
Par M. PAUL GRUYER
I. L'île d'Elbe et le «canal» de Piombino. — Deux mots d'histoire. — Débarquement à Porto-Ferraio. — Une ville d'opéra. — La «teste di Napoleone» et le Palais impérial. — La bannière de l'ancien roi de l'île d'Elbe. — Offre à Napoléon III, après Sedan. — La bibliothèque de l'Empereur. — Souvenir de Victor Hugo. Le premier mot du poète. — Un enterrement aux flambeaux. Cagoules noires et cagoules blanches. Dans la paix des limbes. — Les différentes routes de l'île. 97
II. Le golfe de Procchio et la montagne de Jupiter. — Soir tempétueux et morne tristesse. — L'ascension du Monte Giove. — Un village dans les nuées. — L'Ermitage de la Madone et la «Sedia di Napoleone». — Le vieux gardien de l'infini. «Bastia, Signor!». Vision sublime. — La côte orientale de l'île. Capoliveri et Porto-Longone. — La gorge de Monserrat. — Rio 1 Marina et le monde du fer. 109
III. Napoléon, roi de l'île d'Elbe. — Installation aux Mulini. — L'Empereur à la gorge de Monserrat. — San Martino Saint-Cloud. La salle des Pyramides et le plafond aux deux colombes. Le lit de Bertrand. La salle de bain et le miroir de la Vérité. — L'Empereur transporte ses pénates sur le Monte Giove. — Elbe perdue pour la France. — L'ancien Musée de San Martino. Essai de reconstitution par le propriétaire actuel. Le lit de Madame Mère. — Où il faut chercher à Elbe les vraies reliques impériales. «Apollon gardant ses troupeaux.» Éventail et bijoux de la princesse Pauline. Les clefs de Porto-Ferraio. Autographes. La robe de la signorina Squarci. — L'église de l'archiconfrérie du Très-Saint-Sacrement. La «Pieta» de l'Empereur. Les broderies de soie des Mulini. — Le vieil aveugle de Porto-Ferraio. 121
D'ALEXANDRETTE
AU COUDE DE L'EUPHRATE
Par M. VICTOR CHAPOT
membre de l'École française d'Athènes.
I. — Alexandrette et la montée de Beïlan. — Antioche et l'Oronte; excursions à Daphné et à Soueidieh. — La route d'Alep par le Kasr-el-Benat et Dana. — Premier aperçu d'Alep. 133
II. — Ma caravane. — Village d'Yazides. — Nisib. — Première rencontre avec l'Euphrate. — Biredjik. — Souvenirs des Hétéens. — Excursion à Resapha. — Comment atteindre Ras-el-Aïn? Comment le quitter? — Enfin à Orfa! 145
III. — Séjour à Orfa. — Samosate. — Vallée accidentée de l'Euphrate. — Roum-Kaleh et Aïntab. — Court repos à Alep. — Saint-Syméon et l'Alma-Dagh. — Huit jours trappiste! — Conclusion pessimiste. 157
LA FRANCE AUX NOUVELLES-HÉBRIDES
Par M. RAYMOND BEL
À qui les Nouvelles-Hébrides: France, Angleterre ou Australie? Le condominium anglo-français de 1887. — L'œuvre de M. Higginson. — Situation actuelle des îles. — L'influence anglo-australienne. — Les ressources des Nouvelles-Hébrides. — Leur avenir. 169
(p. xiv) LA RUSSIE, RACE COLONISATRICE
Par M. ALBERT THOMAS
I. — Moscou. — Une déception. — Le Kreml, acropole sacrée. — Les églises, les palais: deux époques. 182
II. — Moscou, la ville et les faubourgs. — La bourgeoisie moscovite. — Changement de paysage; Nijni-Novgorod: le Kreml et la ville. 193
III. — La foire de Nijni: marchandises et marchands. — L'œuvre du commerce. — Sur la Volga. — À bord du Sviatoslav. — Une visite à Kazan. — La «sainte mère Volga». 205
IV. — De Samara à Tomsk. — La vie du train. — Les passagers et l'équipage: les soirées. — Dans le steppe: l'effort des hommes. — Les émigrants. 217
V. — Tomsk. — La mêlée des races. — Anciens et nouveaux fonctionnaires. — L'Université de Tomsk. — Le rôle de l'État dans l'œuvre de colonisation. 229
VI. — Heures de retour. — Dans l'Oural. — La Grande-Russie. — Conclusion. 241
LUGANO, LA VILLE DES FRESQUES
Par M. GERSPACH
La petite ville de Lugano; ses charmes; son lac. — Un peu d'histoire et de géographie. — La cathédrale de Saint-Laurent. — L'église Sainte-Marie-des-Anges. — Lugano, la ville des fresques. — L'œuvre du Luini. — Procédés employés pour le transfert des fresques. 253
SHANGHAÏ, LA MÉTROPOLE CHINOISE
Par M. ÉMILE DESCHAMPS
I. — Woo-Sung. — Au débarcadère. — La Concession française. — La Cité chinoise. — Retour à notre concession. — La police municipale et la prison. — La cangue et le bambou. — Les exécutions. — Le corps de volontaires. — Émeutes. — Les conseils municipaux. 265
II. — L'établissement des jésuites de Zi-ka-oueï. — Pharmacie chinoise. — Le camp de Kou-ka-za. — La fumerie d'opium. — Le charnier des enfants trouvés. — Le fournisseur des ombres. — La concession internationale. — Jardin chinois. — Le Bund. — La pagode de Long-hoa. — Fou-tchéou-road. — Statistique. 277
L'ÉDUCATION DES NÈGRES
AUX ÉTATS-UNIS
Par M. BARGY
Le problème de la civilisation des nègres. — L'Institut Hampton, en Virginie. — La vie de Booker T. Washington. — L'école professionnelle de Tuskegee, en Alabama. — Conciliateurs et agitateurs. — Le vote des nègres et la casuistique de la Constitution. 289
À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE
Par le Major PERCY MOLESWORTH SYKES
Consul général de S. M. Britannique au Khorassan.
I. — Arrivée à Astrabad. — Ancienne importance de la ville. — Le pays des Turkomans: à travers le steppe et les Collines Noires. — Le Khorassan. — Mechhed: sa mosquée; son commerce. — Le désert de Lout. — Sur la route de Kirman. 301
II. — La province de Kirman. — Géographie: la flore, la faune; l'administration, l'armée. — Histoire: invasions et dévastations. — La ville de Kirman, capitale de la province. — Une saison sur le plateau de Sardou. 313
III. — En Baloutchistan. — Le Makran: la côte du golfe Arabique. — Histoire et géographie du Makran. — Le Sarhad. 325
IV. — Délimitation à la frontière perso-baloutche. — De Kirman à la ville-frontière de Kouak. — La Commission de délimitation. — Question de préséance. — L'œuvre de la Commission. — De Kouak à Kélat. 337
V. — Le Seistan: son histoire. — Le delta du Helmand. — Comparaison du Seistan et de l'Égypte. — Excursions dans le Helmand. — Retour par Yezd à Kirman. 349
AUX RUINES D'ANGKOR
Par M. le Vicomte DE MIRAMON-FARGUES
De Saïgon à Pnôm-penh et à Compong-Chuang. — À la rame sur le Grand-Lac. — Les charrettes cambodgiennes. — Siem-Réap. — Le temple d'Angkor. — Angkor-Tom — Décadence de la civilisation khmer. — Rencontre du second roi du Cambodge. — Oudong-la-Superbe, capitale du père de Norodom. — Le palais de Norodom à Pnôm-penh. — Pourquoi la France ne devrait pas abandonner au Siam le territoire d'Angkor. 361
EN ROUMANIE
Par M. Th. HEBBELYNCK
I. — De Budapest à Petrozeny. — Un mot d'histoire. — La vallée du Jiul. — Les Boyards et les Tziganes. — Le marché de Targu Jiul. — Le monastère de Tismana. 373
II. — Le monastère d'Horezu. — Excursion à Bistritza. — Romnicu et le défilé de la Tour-Rouge. — De Curtea de Arges à Campolung. — Défilé de Dimboviciora. 385
III. — Bucarest, aspect de la ville. — Les mines de sel de Slanic. — Les sources de pétrole de Doftana. — Sinaïa, promenade dans la forêt. — Busteni et le domaine de la Couronne. 397
CROQUIS HOLLANDAIS
Par M. Lud. GEORGES HAMÖN
Photographies de l'auteur.
I. — Une ville hollandaise. — Middelburg. — Les nuages. — Les boerin. — La maison. — L'éclusier. — Le marché. — Le village hollandais. — Zoutelande. — Les bons aubergistes. — Une soirée locale. — Les sabots des petits enfants. — La kermesse. — La piété du Hollandais. 410
II. — Rencontre sur la route. — Le beau cavalier. — Un déjeuner décevant. — Le père Kick. 421
III. — La terre hollandaise. — L'eau. — Les moulins. — La culture. — Les polders. — Les digues. — Origine de la Hollande. — Une nuit à Veere. — Wemeldingen. — Les cinq jeunes filles. — Flirt muet. — Le pochard. — La vie sur l'eau. 423
IV. — Le pêcheur hollandais. — Volendam. — La lessive. — Les marmots. — Les canards. — La pêche au hareng. — Le fils du pêcheur. — Une île singulière: Marken. — Au milieu des eaux. — Les maisons. — Les mœurs. — Les jeunes filles. — Perspective. — La tourbe et les tourbières. — Produit national. — Les (p. xv) tourbières hautes et basses. — Houille locale. 433
ABYDOS
dans les temps anciens et dans les temps modernes
Par M. E. AMELINEAU
Légende d'Osiris. — Histoire d'Abydos à travers les dynasties, à l'époque chrétienne. — Ses monuments et leur spoliation. — Ses habitants actuels et leurs mœurs. 445
VOYAGE DU PRINCE SCIPION BORGHÈSE
AUX MONTS CÉLESTES
Par M. JULES BROCHEREL
I. — De Tachkent à Prjevalsk. — La ville de Tachkent. — En tarentass. — Tchimkent. — Aoulié-Ata. — Tokmak. — Les gorges de Bouam. — Le lac Issik-Koul. — Prjevalsk. — Un chef kirghize. 457
II. — La vallée de Tomghent. — Un aoul kirghize. — La traversée du col de Tomghent. — Chevaux alpinistes. — Une vallée déserte. — Le Kizil-tao. — Le Saridjass. — Troupeaux de chevaux. — La vallée de Kachkateur. — En vue du Khan-Tengri. 469
III. — Sur le col de Tuz. — Rencontre d'antilopes. — La vallée d'Inghiltchik. — Le «tchiou mouz». — Un chef kirghize. — Les gorges d'Attiaïlo. — L'aoul d'Oustchiar. — Arrêtés par les rochers. 481
IV. — Vers l'aiguille d'Oustchiar. — L'aoul de Kaënde. — En vue du Khan-Tengri. — Le glacier de Kaënde. — Bloqués par la neige. — Nous songeons au retour. — Dans la vallée de l'Irtach. — Chez le kaltchè. — Cuisine de Kirghize. — Fin des travaux topographiques. — Un enterrement kirghize. 493
V. — L'heure du retour. — La vallée d'Irtach. — Nous retrouvons la douane. — Arrivée à Prjevalsk. — La dispersion. 505
VI. — Les Khirghizes. — L'origine de la race. — Kazaks et Khirghizes. — Le classement des Bourouts. — Le costume khirghize. — La yourte. — Mœurs et coutumes khirghizes. — Mariages khirghizes. — Conclusion. 507
L'ARCHIPEL DES FEROÉ
Par Mlle ANNA SEE
Première escale: Trangisvaag. — Thorshavn, capitale de l'Archipel; le port, la ville. — Un peu d'histoire. — La vie végétative des Feroïens. — La pêche aux dauphins. — La pêche aux baleines. — Excursions diverses à travers l'Archipel. 517
PONDICHÉRY
chef-lieu de l'Inde française
Par M. G. VERSCHUUR
Accès difficile de Pondichéry par mer. — Ville blanche et ville indienne. — Le palais du Gouvernement. — Les hôtels de nos colonies. — Enclaves anglaises. — La population; les enfants. — Architecture et religion. — Commerce. — L'avenir de Pondichéry. — Le marché. — Les écoles. — La fièvre de la politique. 529
UNE PEUPLADE MALGACHE
LES TANALA DE L'IKONGO
Par M. le Lieutenant ARDANT DU PICQ
I. — Géographie et histoire de l'Ikongo. — Les Tanala. — Organisation sociale. Tribu, clan, famille. — Les lois. 541
II. — Religion et superstitions. — Culte des morts. — Devins et sorciers. — Le Sikidy. — La science. — Astrologie. — L'écriture. — L'art. — Le vêtement et la parure. — L'habitation. — La danse. — La musique. — La poésie. 553
LA RÉGION DU BOU HEDMA
(sud tunisien)
Par M. Ch. MAUMENÉ
Le chemin de fer Sfax-Gafsa. — Maharess. — Lella Mazouna. — La forêt de gommiers. — La source des Trois Palmiers. — Le Bou Hedma. — Un groupe mégalithique. — Renseignements indigènes. — L'oued Hadedj et ses sources chaudes. — La plaine des Ouled bou Saad et Sidi haoua el oued. — Bir Saad. — Manoubia. — Khrangat Touninn. — Sakket. — Sened. — Ogla Zagoufta. — La plaine et le village de Mech. — Sidi Abd el-Aziz. 565
DE TOLÈDE À GRENADE
Par Mme JANE DIEULAFOY
I. — L'aspect de la Castille. — Les troupeaux en transhumance. — La Mesta. — Le Tage et ses poètes. — La Cuesta del Carmel. — Le Cristo de la Luz. — La machine hydraulique de Jualino Turriano. — Le Zocodover. — Vieux palais et anciennes synagogues. — Les Juifs de Tolède. — Un souvenir de l'inondation du Tage. 577
II. — Le Taller del Moro et le Salon de la Casa de Mesa. — Les pupilles de l'évêque Siliceo. — Santo Tomé et l'œuvre du Greco. — La mosquée de Tolède et la reine Constance. — Juan Guaz, premier architecte de la Cathédrale. — Ses transformations et adjonctions. — Souvenirs de las Navas. — Le tombeau du cardinal de Mendoza. Isabelle la Catholique est son exécutrice testamentaire. — Ximénès. — Le rite mozarabe. — Alvaro de Luda. — Le porte-bannière d'Isabelle à la bataille de Toro. 589
III. — Entrée d'Isabelle et de Ferdinand, d'après les chroniques. — San Juan de los Reyes. — L'hôpital de Santa Cruz. — Les Sœurs de Saint-Vincent de Paul. — Les portraits fameux de l'Université. — L'ange et la peste. — Sainte-Léocadie. — El Cristo de la Vega. — Le soleil couchant sur les pinacles de San Juan de los Reyes. 601
IV. — Les «cigarrales». — Le pont San Martino et son architecte. — Dévouement conjugal. — L'inscription de l'Hôtel de Ville. — Cordoue, l'Athènes de l'Occident. — Sa mosquée. — Ses fils les plus illustres. — Gonzalve de Cordoue. — Les comptes du Gran Capitan. — Juan de Mena. — Doña Maria de Parèdes. — L'industrie des cuirs repoussés et dorés. 613
(p. 097) TOME XI, NOUVELLE SÉRIE.—9e LIV. No 9.—4 Mars 1905.
L'ÎLE D'ELBE SE DÉCOUPE SUR L'HORIZON, ABRUPTE, MONTAGNEUSE ET VIOLÂTRE.
I. — L'île d'Elbe et le «canal» de Piombino. — Deux mots d'histoire. — Débarquement à Porto-Ferraio. — Une ville d'opéra. — La «Teste di Napoleone» et le Palais impérial. — La bannière de l'ancien roi de l'île d'Elbe. — Offre à Napoléon III après Sedan. — La bibliothèque de l'Empereur. — Souvenir de Victor Hugo. Le premier mot du poète. — Un enterrement aux flambeaux. Cagoules noires et cagoules blanches. Dans la paix des Limbes. — Les différentes routes de l'île.
UNE JEUNE FILLE ELBOISE, AU REGARD ÉNERGIQUE, À LA PEAU D'UNE BLANCHEUR DE LAIT ET AUX BEAUX CHEVEUX NOIRS.
L'Isola d'Elba, en français l'île d'Elbe, est située dans la mer Méditerranée, entre la Corse et l'Italie, et fait partie avec les autres îles de Pianosa, Gorgona et Monte-Christo, de l'archipel tyrrhénien. Elle est aujourd'hui, en express, à un jour et demi de Paris, par Modane, Turin, Gênes et Pise, et seulement à une demi-journée de Rome.
Du chemin de fer de Pise à Rome se détache, à mi-route, parmi les vastes plaines marécageuses des Maremmes, un petit embranchement qui va de Campiglia, point de bifurcation, à Piombino, port d'embarquement.
Piombino est le type de la vieille petite place-forte italienne, aux rues étroites et entassées, aux arches et aux tours de pierre brûlées par le soleil; elle n'offre pas grande ressource, et l'on fera bien de ne pas lui demander l'hospitalité de la nuit. Du côté de la mer, ses maisons et ses remparts tombent à pic dans les flots; en face, Elbe se découpe sur (p. 098) l'horizon, violâtre, montagneuse, abrupte, et coiffée presque toujours d'un chapeau de nuées. Deux fois par jour, un bon vapeur fait le service postal et celui des passagers, en une heure et quart; l'on est obligé malheureusement de le gagner en barque, car le peu de fond de la mer, semée de récifs et d'écueils, empêche qu'il ne s'approche de terre, et, lorsqu'il y a houle ou gros temps, on danse ferme dans le «canal» ou détroit de Piombino. Il arrive même parfois que le navire ne peut tenir sur ses ancres, ni la barque quitter le rivage pour aller le rejoindre avec son entassement de passagers et de colis. Il faut alors aller embarquer plus loin, au petit port de Porto-Vecchio. Un autre service part de Livourne, mais la traversée est quatre ou cinq fois plus longue.
Le voyage est, en somme, peu compliqué. Personne ne va à l'île d'Elbe cependant. D'Italie même on y vient peu; quoique ce sol, beau et sain, soit assez proche de Rome, il ne s'y trouve que quelques grandes propriétés rurales; quant aux touristes étrangers, en Italie encore plus qu'ailleurs, c'est le troupeau de Panurge qui suit les itinéraires tout tracés. Et puis n'est-ce pas le sort commun de toutes les îles d'être plus ou moins délaissées? Il faut y aller exprès, et, quand on y est, un vague malaise pousse à en sortir, comme si l'on craignait d'y rester toujours prisonnier.
Peuplée jadis par les Étrusques, bien avant que Rome existât, Elbe a vu passer sur son territoire Phocéens venus de Grèce, Carthaginois et Romains, Goths, Wisigoths et Lombards. Puis ce sont les Génois qui la disputent aux Pisans, et les Espagnols qui on chassent les Génois. Bientôt les Français apparaissent à leur tour. La guerre ayant éclaté entre François Ier et Charles-Quint, le sultan Soliman, allié du roi de France, envoie de Constantinople, contre l'Italie et ses îles, la flotte ottomane, sous les ordres du fameux corsaire Barberousse, ancien matelot devenu grand-amiral, par son audace heureuse et sa férocité. Non content de faire pleuvoir sur toutes les côtes ses grenades enflammées, il aborde et parcourt l'intérieur de l'île en massacrant hommes, femmes et enfants, en arrachant les arbres, en brûlant la terre. Cette dévastation, telle que les Turcs savent la faire, fut si épouvantable qu'il fallut, après son départ, envoyer d'Italie des colons dans l'île, les rares habitants qui avaient survécu, cachés dans des trous de rochers, étant impuissants à relever seuls tant de désastres.
LES RUES DE PORTO-FERRAIO SONT TOUTES EN ESCALIER (page 100).
En 1548, Cosme de Médicis, duc de Florence, réunit l'île d'Elbe à la Seigneurie de Piombino, et fonde Porto-Ferraio, qu'il fortifie et qu'il appelle Cosmopolis, nom qui lui resta jusqu'au seuil du XIXe siècle. Mais les malheurs de l'île ne s'arrêtent point pour cela. Italiens, Espagnols, Turcs et Français continuent à se disputer ce lambeau de sol, sans compter les corsaires d'Alger qui se contentaient de passer et de piller, et les Anglais qui commencent à se montrer, avides de s'approprier un point d'observation menaçant sur la côte d'Italie et sur la Corse.
Mais Elbe commence à se lasser aussi de son sort misérable et songe à se délivrer de tout le monde, une bonne fois. En 1799, la France, prenant prétexte d'une rupture avec la Toscane, avait débarqué de nouveau ses troupes, et occupé Porto-Ferraio; les Elbois s'étaient soumis en apparence, mais pour préparer dans l'ombre une révolte formidable et sauvage. La maison de tout Français avait été marquée par l'ange exterminateur, et le massacre fut simultané partout. En ces nouvelles Vêpres Siciliennes, on libéra jusqu'aux galériens des bagnes, afin de faire la chasse aux survivants, traqués comme des bêtes fauves, à travers les maquis, les ravins et les antres des montagnes où ils s'étaient réfugiés. Les cadavres furent coupés en morceaux et promenés ainsi, triomphalement.
En 1801 cependant, Porto-Ferraio fut rebloqué par la flotte française, bombardé en 1802, et, cette même année, le traité d'Amiens avait officiellement donné Elbe à la France. L'île envoya alors à Paris des députés qui furent reçus par le premier Consul (il ne se doutait guère de l'avenir), et qui l'assurèrent de la fidélité (p. 099) de leurs concitoyens, lesquels désormais se considéraient comme vrais Français et demandaient en retour protection contre tout autre envahisseur. Peu après, en effet, les Anglais ayant reparu furent repousses par une coopération commune des troupes françaises et des troupes elboises. L'île fut reperdue pour nous après Waterloo. Elle redevint alors italienne, et l'est encore aujourd'hui.
PORTO-FERRAIO: À L'ENTRÉE DU PORT, UNE VIEILLE TOUR GÉNOISE, TRAPUE, BIZARRE DE FORME, SE MIRE DANS LES FLOTS.
Que l'on vienne de Livourne ou de Piombino, c'est à Porto-Ferraio que l'on débarque, sa ville principale et sa sous-préfecture actuelle.
Figurez-vous une sorte de lac suisse, plus beau, avec le ciel de l'Orient, une de ces baies méditerranéennes âpres et harmonieuses à la fois dont celle de Naples est un des principaux types connus. Sur un promontoire escarpé s'avançant dans ses flots et se repliant en croissant, une ville, dont le seul aspect évoque toute une poésie de passé, se superpose, serrée, avec des toits plats qui semblent s'escalader les uns les autres; ses longues murailles qui l'enveloppent font grimper leurs lignes de pierre à tous les escarpements du rocher, et, à tous leurs angles, une petite tourelle s'accroche, pour le veilleur, quelque hallebardier levantin que l'on s'attend à voir surgir dans le décor. Dans un port fermé par une jetée couverte elle-même de maisons et terminée par une vieille tour génoise, rouge, trapue, bizarre de forme, dorment sur l'eau, si bleue qu'elle en est noire, de grandes tartanes peintes en vert ardent, avec leurs voiles enroulées autour des mâts semblables à des antennes de scarabées. Un éblouissement de couleur, un craquèlement de clarté.
Ainsi Porto-Ferraio se présente à mes yeux, tandis que le vapeur qui m'amène se range lentement le long du quai, parmi les hurlements des facchini et leurs vastes gestes à l'adresse des passagers et de leurs bagages.
Je me hâte de me faire conduire ainsi que mes colis à l'albergo de l'APE ELBANA, HÔTEL DE L'ABEILLE ELBOISE, en souvenir de l'Abeille napoléonienne. J'y trouvai bon service, bonne nourriture et bon gîte, le tout en propreté parfaite. Je remarque seulement que l'on m'apporte, en guise de dessert, des petits pois crus dans leur cosse et des haricots verts, non moins crus, élégamment rangés sur une feuille de vigne. Les autres convives me paraissent se faire de ces verdures un régal que je croyais jusqu'ici réservé aux lapins; mais la cuisine, comme bien des choses ici-bas, n'est qu'habitude et préjugé.
Je m'informe ensuite des personnes près de qui j'ai une lettre d'introduction et qui m'aideront à me débrouiller, chose si précieuse en pays étranger. Ce furent: Signor Emmanuel Camera de Asarta, qui remplissait alors dans l'île les fonctions du sous-préfet absent, et qui mit à ma disposition tout son crédit; Signor Tonietti, agent consulaire de France, qui m'accompagna en personne toutes les fois que sa présence put m'être utile; Signor Bigeschi, syndic de Porto-Ferraio. C'est enfin l'excellent abbé Soldani. Je ne veux pas oublier non plus un mot de remerciement pour Signor del Buono, le propriétaire actuel de San Martino. Bien d'autres aussi ont droit à ma gratitude, qu'il serait trop long d'énumérer ici. Il est peu de pays dont j'aie rapporté autant de souvenirs d'affabilité et d'empressement à m'être utile, chacun selon son pouvoir.
(p. 100) Je m'aperçois tout de suite avec plaisir que, de ci de là, je trouve à me faire comprendre; les gens y mettent beaucoup de bonne volonté; il y a sympathie pour le Francese qui déambule à travers les rues de Porto-Ferraio.
Quelle ville extraordinaire, avec des rues tout entières en larges escaliers, des voûtes, des casemates, des tunnels, des remparts vertigineux où s'accrochent les feuilles en lame de sabre des aloès et les raquettes des cactus! C'est ainsi que notre esprit se plaît à imaginer Carthage. La litière de Salammbô ne va-t-elle pas paraître sur ces marches, à ce carrefour aveuglé de soleil, et là-haut, entre ces créneaux découpant sur le ciel, d'un bleu sombre comme la mer, leur profil anguleux et cuivré, n'est-ce pas la silhouette velue d'un mercenaire graissant son arc et fourbissant son casse-tête?
Cependant un bonhomme, qui n'a rien de carthaginois, est accouru vers moi et m'entoure de ses grands saluts: «Signor! la teste di Napoleone! Venez voir, Signor! la teste avec son cercueil!»
Il me prend pour un imbécile, pensai-je, et s'imagine que j'ignore si l'Empereur est mort à Elbe ou à Sainte-Hélène. Je me contentai de faire un signe de dénégation et me mis à marcher afin de me dérober à ses «nobilissime signor» et à ses gestes de moulin à vent.
Mais le cicérone italien ne lâche pas ainsi sa proie, et l'homme me suivait en répétant: «Si! si! la teste! L'empereur Napoleone! la teste!» Et comme nous passions devant une église, il redoubla ses cris en me montrant la porte du doigt: «Ici, Signor, ici!»
PORTO-FERRAIO: LA PORTE DE TERRE PAR LAQUELLE SORTAIT NAPOLÉON POUR SE RENDRE À SA MAISON DE CAMPAGNE DE SAN MARTINO.
Intrigué tout de même, et pensant en tous cas me soustraire dans le lieu saint à son obsession, j'entre dans l'église. Mais déjà notre homme avait couru en face, chez le bedeau, et, revenant avec une clef, il m'ouvrait la sacristie. Il y avait là un cercueil, en effet, un cercueil somptueux en ébène, noir et luisant, avec des poignées d'or et une N d'or couronnée. Aux quatre angles, quatre cierges dans leurs flambeaux de bois argenté. Je me demandais ce que cela signifiait, quand, le bedeau ayant soulevé le haut du couvercle qui était à charnière, la tête de l'Empereur apparut soudain, rigide, immobile, et les yeux clos.... Une télé en bronze, toutefois, comme mon cicérone s'empressa de me le prouver, en la cognant légèrement. L'impression n'en avait pas moins été saisissante, car j'étais loin de m'attendre à voir paraître ainsi, dans ce tombeau entr'ouvert, ce masque tragique, reproduction de celui-là même qui, lorsque l'Empereur eut rendu l'âme, fut moulé sur sa face, à Sainte-Hélène, par le docteur Antommarchi. Au milieu du silence sonore de l'église où nous étions seuls, le bronze rendit sous le choc du doigt un bruit sourd comme un long sanglot, que la résonance des voûtes se rejeta tour à tour, et qui s'éteignit ensuite, lentement. Je ne tardai pas à apprendre que, ne pouvant se consoler de n'avoir pas la tombe de son roi d'un jour, Elbe rendait à ce cercueil les mêmes honneurs que s'il était réel; chaque année, à la date anniversaire de la mort du grand Empereur, on le dresse sur un haut catafalque, les cierges s'allument, la foule emplit l'Église, et, en présence des autorités officielles, une messe solennelle est dite. Et cette impression si singulière et si imprévue de l'homme de bronze couché là, immobile et présent, qui me sautait ainsi aux yeux, brusquement, une heure après mon arrivée, chaque jour, à chaque pas, allait se marquer davantage. Tandis que pour ceux qui vont sans voir, tout est mort des lieux qu'ils traversent, partout où j'irais, j'allais retrouver l'Empereur et revivre dans le passé.
Reprenons cependant notre exploration.
Je me suis débarrassé de mon cicérone par un pourboire, en somme mérité, et je continue à errer au hasard entre les murs blancs et les volets clos (car la chaleur est torride), à descendre et à monter des escaliers.
J'admire, chemin faisant, la propreté des rues. Les larges dalles de pierre dont elles sont pavées, comme de marbre, ne sont souillées d'aucune immondice, d'aucune ordure, et l'on se ferait presque scrupule d'y jeter un papier ou une pelure d'orange. C'est, dans cette ville du Midi, une propreté toute hollandaise. Du matin au soir, quatre ou cinq balayeurs ne cessent de circuler, chacun avec une charrette, qui a l'air d'un petit corbillard, et qui est traînée par un tout petit âne; ils y ramassent et recueillent sans trêve tout ce qu'ils rencontrent, et vont le vider ensuite hors de la ville; puis ils reviennent et recommencent leurs tournées, qu'ils continuent sans s'arrêter, jusqu'à la nuit. Ils passent partout et, par d'interminables détours, se hissent d'étage en étage, jusqu'aux quartiers supérieurs.
PORTO-FERRAIO: LA PORTE DE MER OÙ ABORDA NAPOLÉON.
Mais voici là-haut, au bout de cette rue à pic, une maison carrée aux tuiles rouges et aux persiennes vertes; elle domine la ville: c'est la Casa di Napoleone, le «Palais impérial».
D'aspect, elle ressemble à l'une de ces villas italiennes, comme on en voit sur la côte de Gènes à Bordighera, à l'une des moins ornées et des plus simples. L'administration militaire l'occupe aujourd'hui en partie, et des trophées de boulets on surmontent la porte, comme il convient à l'ancienne demeure d'un conquérant. Ce n'est pas pourtant le dieu de la guerre dont l'esprit semble régner ici. Quelle vision soudaine, au contraire, de paix heureuse et rayonnante, dès que l'on est entré et que l'on découvre, tout à coup, à travers les myrtes du jardin et les buissons de fleurs, l'immense et radieux horizon de la mer Tyrrhénienne! Tout est blanc et bleu comme en un paysage de conte de fées et de paradis; les grands caps de L'ÎLE se profilent dans une buée d'or; une paix resplendissante plane sur les choses. Et comme l'on est très haut, très à pic au-dessus de tout cela, il semble vraiment que l'on a laissé bien loin derrière soi tout le monde humain, et qu'en demeurant longtemps ici l'on finirait soi-même par devenir une âme. Il est impossible qu'après tant de luttes subies, tant d'écroulements entassés sur son front parmi les steppes neigeux de la Russie, tant d'angoisses dans l'abdication, le formidable vaincu qui vint un jour s'asseoir là, devant ce même horizon, n'ait pas senti, lui aussi, cette ineffable sérénité monter en lui. Il est certain (tous les cœurs humains sont semblables au fond, et les mêmes sentiments s'y retrouvent, identiques malgré leurs aspects divers) qu'il y eut ici des jours, des heures du moins, où son cerveau de fer se détendit, où la vision du repos, qu'il n'avait encore jamais connue, passa devant ses yeux, rapide et insaisissable toutefois, comme quelque chose qu'il ne pouvait arrêter, car il était «une force qui va», car il devait, bon gré, mal gré, se relever pour de nouvelles batailles et un nouvel écroulement.
Maintenant les murs vides semblent l'attendre encore. Une partie de la maison, demeurée inutile depuis, est inhabitée. Dans une grande salle, qui fut la salle du trône, et sur les plâtres de laquelle sont restées les hâtives peintures murales dont on la décora alors, il n'y a plus que les bustes de marbre des ducs de Toscane, Ferdinand III et Léopold II, mélancoliques et seuls sur leurs socles; le mobilier a été, un jour, vendu à l'encan; les flambeaux sont chez un habitant, deux fauteuils chez un autre, un coussin brode chez un troisième. Les volets des six fenêtres qui commencent à se disjoindre, et à travers lesquels filtrent des rais de lumière, sont clos; par terre, sur le plancher poussiéreux, des grains de maïs qui sèchent; dans les coins, les (p. 102) araignées tissent leurs toile. Le locataire est-il parti il y a un an ou il y a un siècle, on ne sait. Je tourne l'espagnolette dorée et grinçante d'une des fenêtres, je pousse les volets, et le petit jardin, étoile de milliers de marguerites épanouies, apparaît, et l'éblouissante vision de la mer Tyrrhénienne emplit la chambre, comme à son réveil, le matin, la voyait l'Empereur. C'est l'abandon même des choses qui a empêché le souvenir de s'enfuir. Ailleurs, il y aurait un gardien à tricorne, un tourniquet des pancartes explicatives, un parquet ciré, des écriteaux portant DÉFENSE DE TOUCHER aux objets rapportés, restaurés et revenus; ici rien que l'âme éparse du passé. Voici bientôt cent ans que l'appartement est à louer. En bas, sur le ciment d'une allée, un fer à cheval est marqué; c'est, dit-on, celui du cheval impérial, qui s'y imprima quand la pâte était humide encore. Et ceci, c'est déjà la légende; le cheval de Napoléon entre dans la mythologie à côté de celui du paladin Roland, dont on nous montre aussi, un peu partout en Europe, le fer empreint sur une marche écroulée ou sur un rocher.
Voici la journée, cependant, qui tire à sa fin, et je redescends dans Porto-Ferraio. C'est le moment où chez les peuples du Midi, avec le soleil qui baisse, la vie s'éveille et se ranime, et Porto-Ferraio semble s'en acquitter en conscience. Au-dessus de la petite ville, si muette tout à l'heure, et à travers laquelle le roulement de nulle voiture ne résonne (ses rues en escaliers ne lui en permettant à peu près aucune), monte un indescriptible brouhaha de voix et de paroles. Sur la petite place qui avoisine le port, les gens vont et viennent, de long en large, à grands pas, se donnant des poignées de main, et le verbe sonore; c'est le forum antique des villes italiennes, où l'on se rencontre ainsi sur le déclin du jour, où l'on traite et discute, au grand air, des affaires publiques et privées. On s'écrase dans les boutiques, où je lis parmi les enseignes: Andrea Borgia, biscuits doux; Dante, savetier, et plus loin: Oreste père et fils, épicerie et macaroni. Une vieille, plus décrépite que Saturne, vend, sous une arcade, des fèves et des amandes grillées. Des femmes vont aux fontaines chercher de l'eau dans leurs cruches de cuivre martelé.
Maintenant, toute la soirée, le bruit ira croissant; les gens parlent pour s'entendre parler, les enfants crient pour s'écouter crier, on se croirait à Paris un soir de Quatorze Juillet. Les guitares, les flûtes et les accordéons ne tardent pas à se mettre de la partie. Tout le monde chante. Le cri même des gamins n'a rien de la note acide des enfants; il est musical et rythmé. La brise du soir m'apporte, jusqu'à ma fenêtre, tous ces sons, en les mêlant dans une sorte d'universelle et joyeuse psalmodie des plus bizarres; c'est, dans ce décor d'opéra, comme un opéra qui se chante. Mon Dieu! que ces gens sont gais et qu'ils ont l'air heureux de vivre!
LA «TESTE» DE NAPOLÉON (page 100).
Cela dure ainsi jusqu'à onze heures ou minuit. Alors le bruit se tait peu à peu, et, sous la nuit ruisselante d'étoiles, tout redevient silence. La lune décroissante et tardive se lève, semblable à une grosse boule lumineuse qui commence à se défoncer, blanchissant la pierre des grands escaliers et l'escarpement cyclopéen des murailles sur les terrasses desquelles reparaît le nébuleux fantôme de Salammbô qui danse et se prosterne....
Je me remets, le lendemain, à parcourir Porto-Ferraio en tous sens et dans tous ses coins et recoins; c'est à chaque pas un aspect pittoresque, nouveau et inattendu. L'abbé Soldani, qui m'accompagne, ne cesse, tout en marchant, de me frapper amicalement sur l'épaule et de brandir en l'air son chapeau en criant: «Vive la glorieuse France! Vive le glorieux empereur Napoléon!»
Je visite l'hôtel de ville. On y conserve la bannière napoléonienne, le grand drapeau blanc coupé d'une bande orange avec trois abeilles, que le roi de l'île d'Elbe fit flotter sur la ville dès le soir de son arrivée, et que salua le canon, quand, le jour suivant, il mit pied à terre. Un vieux brave homme, ancien soldat de Solférino, me la déploie avec amour et respect; elle est en forte étoffe de toile et intacte. Au premier étage, dans la salle du Conseil, le portrait de l'Empereur, entre ceux de Cosme de Médicis et du dernier grand-duc de Toscane, le représente, d'après le tableau de Gérard, avec le sceptre en main, le manteau d'hermine sur les épaules et le laurier d'or au front. Sur le tapis vert de la table, selon un antique et patriarcal usage, chaque conseiller a devant soi une petite sébile avec des haricots blancs ou rouges, que, pour voter Oui ou Non, il dépose dans l'urne.
PORTO-FERRAIO S'ÉCHELONNE AVEC SES TOITS PLATS ET SES FAÇADES SCINTILLANTES DE CLARTÉ (page 99).
En quittant l'île d'Elbe, l'Empereur avait ordonné au grand-maréchal Bertrand d'empaqueter à la hâte (p. 104) et d'emporter toutes les archives ayant trait à l'administration de l'île durant son séjour, et il ne reste plus à l'hôtel de ville qu'un simple paraphe du maître au bas d'un des budgets communaux de Porto-Ferraio.
PORTO-FERRAIO: LES REMPARTS DÉCOUPENT SUR LE CIEL D'UN BLEU SOMBRE LEUR PROFIL ANGULEUX (page 99).
Le syndic qui m'accompagne me sort toutefois d'un de ses tiroirs une autre pièce assez curieuse. Lors de la chute du Second Empire français, le bruit se répandit parmi les Elbois que le vaincu de Sedan songeait à se retirer parmi eux. Désireux de lui prouver leur inaltérable amour pour le sang illustre dont il descendait, les habitants de Porto-Ferraio s'empressèrent de lui faire parvenir, par leur syndic, une adresse officielle, l'assurant du bonheur que cette nouvelle leur causait. Napoléon III répondit par la lettre suivante:
«Wilhemshœhe, 10 mars 1871.
«Monsieur le Syndic,
«J'ai reçu l'adresse par laquelle les habitants de Porto-Ferraio m'offrent l'hospitalité dans leur ville, pensant que j'avais choisi l'île d'Elbe pour y fixer ma résidence; quoique cette nouvelle n'ait jamais eu aucun fondement, je suis heureux du témoignage de sympathie qu'elle a provoqué, et dont j'ai été vivement touché. Veuillez, Monsieur le Syndic, vous faire, auprès de vos concitoyens, l'interprète de mes remerciements et croire à mes sentiments.
«Napoléon.»
LA FAÇADE EXTÉRIEURE DU «PALAIS» DES MULINI OU HABITAIT NAPOLÉON À PORTO-FERRAIO (page 101).
Au rez-de-chaussée se trouve une partie de la bibliothèque impériale. Les titres des livres, qui se reconnaissent à l'initiale dont leur reliure est marquée, sont curieux à parcourir, car ils montrent l'universelle éducation qu'aimait à se faire l'Empereur, s'intéressant à tout et lisant tout, afin de pouvoir parler de tout. À côté des œuvres de Vauban et de Maurice de Saxe, d'ouvrages divers de mécanique, de chimie et de science militaire qui l'intéressaient directement, se remarquent de nombreux livres d'histoire ancienne et moderne, des livres d'archéologie, d'histoire naturelle et de littérature: Montaigne, La Fontaine, Don Quichotte, soixante volumes de Voltaire. Lui-même s'était constitué cette solide bibliothèque par des livres qu'il avait fait venir du continent. Mais ce que l'on est le plus étonné de trouver parmi ces volumes, c'est un nombre relativement considérable d'ouvrages d'imagination, dont le principal est le Cabinet des Fées, quarante tomes où sont réunis les contes et les légendes de l'humanité, de toutes les époques et de tous les pays, depuis les contes des Mille et une Nuits jusqu'à ceux de Fénelon et de Perrault, jusqu'aux fables de l'Inde et de la Chine. C'est qu'en effet, par une réaction morale fréquente en psychologie, Napoléon, force brutale, était aussi un chimérique et un rêveur. Cette idée même de faire de l'Europe entière un seul empire réuni sous son sceptre, avait-elle été autre chose qu'une immense chimère? Nous le verrons ici méditer de bâtir, comme un Louis de Bavière, quelque fantastique palais sur les pics de Volterrajo, s'extasier sur le Monte Giove de l'infini du ciel et des nuées qui l'enveloppent, de ses nuits ruisselantes d'étoiles, et aimer à se perdre sous les ombrages touffus, aux sources murmurantes de la montagne de Marciana. Ossian et sa romantique poésie avaient, on ne l'ignore point, enthousiasmé sa jeunesse, et il conserva en lui, toute sa vie, quelque chose des vieilles superstitions corses qu'il avait sucées avec le lait maternel. Et c'est pourquoi, s'il condamnait officiellement «ces rêveries du passé», il est permis de supposer, en face de ces livres, qu'il ne répugnait pas à lire parfois, pour s'endormir le soir, l'histoire d'Ali-Baba et des Quarante Voleurs ou celle de la Belle aux cheveux d'Or et de l'Oiseau Bleu.
LE JARDIN IMPÉRIAL ET LA TERRASSE DE LA MAISON DES MULINI (page 102).
Mais voici un autre souvenir qui se mêle à celui de l'Empereur, et que nous dit tout au long une plaque de marbre gravée, et clouée au mur, sur la façade du monument. L'inscription est en italien, et nous traduisons:
ICI, DANS PORTO FERRAIO,
EN 1802, FUT APPORTÉ LE TOUT PETIT
VICTOR HUGO.
ICI NAQUIT SA PAROLE
QUI, PLUS TARD, LAVE DE FEU SACRÉ,
DEVAIT COURIR DANS LES VEINES DES PEUPLES,
ET PEUT-ÊTRE TROIS ANNÉES
PASSÉES DANS CET AIR À QUI DONNENT LEURS ATOMES LE FER ET LA MER[2]
RAFFERMISSANT SON CORPS DÉBILE,
CONSERVÈRENT
À LA FRANCE L'ORGUEIL DE SA NAISSANCE,
AU SIÈCLE LA GLOIRE DE SON NOM,
À L'HUMANITÉ
UN APÔTRE ET UN GÉNIE IMMORTEL.
En 1802, en effet, quelques mois après sa naissance, Victor Hugo vint à l'île d'Elbe. Né à Besançon, comme l'on sait, où son père, Joseph Hugo, alors commandant, se trouvait en garnison, il avait déjà dû être transporté à Marseille, six semaines après sa naissance. C'était un terrible voyage pour un enfant de cet âge,
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix,
comme il l'a dit lui-même, et si particulièrement faible que le médecin qui l'avait mis au monde avait déclaré qu'il ne vivrait pas. Par surcroît de malheur, il fallut que sa mère l'abandonnât pour venir à Paris solliciter le ministre de la Guerre, en faveur de son mari, lequel réclamait en vain l'avancement en grade qui lui était dû. Le pauvre bambin resta seul avec son père qui le bourrait de bonbons pour le consoler, car (p. 106) depuis le départ de sa mère, il n'arrêtait pas de pleurer. Enfin, cette dernière revint, et tout le résultat de ses démarches fut un ordre d'aller plus loin encore, à l'île d'Elbe, avec le régiment de l'impérial Corse.
Voilà donc toute la famille qui se remet en route à nouveau et s'embarque pour Porto-Ferraio, où elle s'installe.
La santé du petit Victor laissait toujours fort à désirer. Un an après son arrivée dan l'île, il n'était pas encore parvenu à redresser sur ses épaules sa tête «qui, racontent ses admirateurs, comme si elle eût déjà contenu toutes les pensées dont elle ne renfermait que le germe, s'obstinait à tomber sur sa poitrine.» Cependant, on ne tarda pas à remarquer que l'avorton était solidement charpenté, qu'il avait large carrure d'épaules et de poitrine. Bientôt, le grand air de la mer et la salubrité du climat aidant, la vie prit le dessus, et quand l'enfant quitta Elbe, au bout de trois ans de séjour entremêlés de pérégrinations en Corse, il était en train de devenir ce type étonnant de robustesse humaine, qu'il demeura tout le restant de son existence. De Porto-Ferraio, son père s'en alla en Italie avec Joseph Bonaparte, et lui, il vint avec sa mère et ses frères habiter Paris, rue de Clichy, fin de 1805 ou commencement de 1806.
De même que ce fut à l'île d'Elbe que Hugo s'ouvrit à la vie physique et prit le dessus sur la mort, ce fut là aussi qu'il balbutia ses premiers mots, et la tradition nous a conservé la première parole qu'il prononça. Un jour, nous dit Dumas père dans ses Mémoires, s'étant disputé avec sa gouvernante qui voulait le forcer à obéir et le menaçait: «Cattiva! s'écria-t-il, cattiva!» Cattiva signifie «méchante» dans l'italien des îles. Où avait-il entendu ce mot, et comment l'avait-il retenu plus spécialement? on ne le sut jamais. Mais tout le monde connut aussitôt dans la maison que l'avorton avait parlé, et s'en extasia. Ainsi le premier mot prononcé par le poète fut un mot étranger.
LA VIA NAPOLEONE QUI MONTE AU «PALAIS» DES MULINI.
Mais les souvenirs de l'enfant «ne sont point encore éveillés, et rien de cette première halte de l'existence ne devait survivre en son esprit.»
Plus tard, toutefois, on ne manqua pas de voir un rapport de prédestination entre le passage que l'auteur de l'Ode à la Colonne fit dans cette île, et celui de Napoléon, dix ans après; l'hyperbolique Biographie Rabbe imprimera en 1834: «La première nature qui se réfléchit dans la prunelle de Hugo fut cette âpre et sévère physionomie d'un lieu peu remarqué alors, si célèbre par la suite. Cette jeune vie s'harmonisait déjà avec la grande destinée qu'elle devait célébrer un jour; ce frêle écheveau se mêlait déjà à la trame splendide qu'il devait rehausser un jour!»
Tandis que je lis et copie l'inscription du marbre, surpris malgré moi de tous ces ressouvenirs français que je rencontre à chaque pas, je vois soudain venir se planter sous mon nez un bras noir, au bout duquel est une main noire, brandissant une bourse noire. Je me retourne brusquement, n'ayant rien entendu venir, et recule avec un peu d'effroi, je l'avoue, en voyant en face de moi un homme tout noir également—si l'on peut appeler «homme» un grand sac noir, se terminant par un capuchon pointu, percé de deux trous au fond desquels deux yeux luisent comme des chandelles. C'est un Pénitent en tournée de quête, et il me poursuit de son bras noir, de sa main noire et de sa bourse noire, en m'assourdissant d'une sonnette qu'il porte attachée à sa ceinture et qu'il sonne furieusement, jusqu'à ce que je lui aie donné les deux sous qu'il réclame.
Je demandai si c'était l'usage de se promener ainsi, en échappé de drame romantique; l'on me répondit que cela se faisait lorsque quelqu'un de la Confrérie était mort, et que la quête était au profit de la cérémonie funèbre.
LA SALLE DU CONSEIL À PORTO-FERRAIO AVEC LE PORTRAIT DE LA DERNIÈRE GRANDE-DUCHESSE DE TOSCANE ET CELUI DE NAPOLÉON D'APRÈS LE TABLEAU DE GÉRARD.
Or, comme j'étais assis, le soir, sur le seuil de l'Ape Elbana, à respirer avec délices la fraîcheur de la brise de mer qui s'élevait avec la nuit, tandis que, comme la veille, les gamins hululaient partout, que, dans (p. 107) toutes les maisons, les guitares sautillaient et les accordéons soufflaient éperdument, voilà tout à coup les cloches de l'église voisine qui se mettent à sonner le glas. En même temps, de l'autre bout de la ville, des clameurs lamentables retentissent, qui ne tardèrent pas à se rapprocher, faisant fermer en hâte les volets de toutes les boutiques et taire la voix des musiques. Bientôt, par une des rues en escalier qui aboutissaient sur la place, apparut, s'échelonnant de marche en marche, un cortège étrange; une foule de gens vêtus de cagoules noires, comme mon homme de l'après-midi, grands et petits, jusqu'aux plus minuscules bambins, s'avançaient, portant de gros cierges parfumés, et en chantant des psaumes autour d'un cercueil qui ondulait sur les épaules de quatre hommes robustes. Ceux qui marchaient en tête du cortège agitaient des croix, des bannières et des lanternes emmanchées sur de longs bâtons. C'était l'enterrement en question, et, comme je m'étonnais de son heure tardive, le facchino de l'hôtel me répondit que tel était l'usage dans le grand monde, parce que c'était «beaucoup beau» ainsi.
LA GRANDE SALLE DES MULINI AUJOURD'HUI ABANDONNÉE, AVEC SES VOLETS CLOS ET LES PEINTURES DÉCORATIVES QU'Y FIT FAIRE L'EMPEREUR (page 101).
Arrivé devant l'église, le cortège s'arrêta. Le glas se tut. Alors tous nos capucins noirs jetèrent violemment leurs cierges sur le sol, ils en piétinèrent la flamme à coups de talon, ils lancèrent dessus de la terre à pleines poignées, afin de l'éteindre, et entrèrent dans l'église avec, chacun, cinq ou six petites bougies, minces comme des allumettes, qu'on leur remit à la porte. Tandis qu'elles brûlaient, ils se rangèrent à nouveau autour du cercueil et se mirent à hurler une sorte de bêlement bizarre: bai... ai... ai... ai..., quelque chose de traînant et de grave, qui, subitement, s'anime avec rage, et devient aigre à se boucher les oreilles: bai! bai! bai! ai! ai! ai! ai! ai! Il y a là du gémissement de la pleureuse antique et du lamento corse. Cependant les petites bougies tiraient à leur fin, le prêtre officiant avait terminé ses oraisons, le cercueil était rechargé sur quatre épaules, les cierges étaient ramassés sur le parvis de l'église, où ils étaient restés, et rallumés aux petites bougies, et le cortège reformé se mettait en route vers la nécropole, par le chemin qui longe la mer, tandis que les boutiques se rouvraient derrière lui et que guitares et accordéons reprenaient leur mélodie interrompue. Longtemps, je le suivis du regard, à la lueur des cierges se reflétant dans les flots (p. 108) en longues couleuvres lumineuses; et là-bas, pour que le mort ne reste pas seul dans la nuit, on lui laissera, avant de revenir, une petite lanterne allumée, qui le veillera jusqu'au jour.
Cagoules noires, nos gens allaient à la nécropole des «Noirs»; cagoules blanches, elles auraient été à la nécropole des «Blancs»; car les deux Confréries ne veulent avoir entre elles rien de commun sur la terre ni dans l'éternité. À Porto-Ferraio l'on est Noir ou Blanc, comme on était jadis Guelfe ou Gibelin, et si les cagoules ennemies ne se battent plus dans les rues quand elles se rencontrent, du moins n'ont-elles jamais cessé de se regarder d'un mauvais œil. C'est à qui surtout réservera à ses morts, dans chacune des nécropoles rivales, le gîte le plus avouant, la «case» la plus souriante et la plus immaculée. Car ici, sauf de rares exceptions, les morts ne sont pas déposés dans la terre; sous des portiques somptueux, en des catacombes revêtues de marbre blanc et baignées de douces clartés, d'innombrables cases sont taillées dans l'épaisseur des murs, rangées symétriquement comme des alvéoles d'abeilles, les unes vides, les autres occupées déjà, où le cercueil est hermétiquement scellé, ornées d'inscriptions. Les longues galeries ornées de fleurs et de tableaux, où tant de disparus dorment leur dernier sommeil dans un calme pâle et silencieux comme celui des Limbes, n'ont réellement rien de sinistre. Vues du dehors, ces blanches nécropoles, aux larges et hautes fenêtres, rappellent, à travers le feuillage des grands arbres qui les entourent, les palais de Trianon.
De Porto-Ferraio rayonnent toutes les routes de l'île. Chaque matin, quatre ou cinq courriers partent de la ville avec leurs carrioles à deux roues, attelées d'un cheval maigre, à grandes jambes, qui ressemble à une sauterelle. Les brancards, au lieu d'être retenus sur les flancs de la bête comme chez nous, sont fixés sur son dos, et pointent en l'air, si bien que, dès qu'elle prend le galop, vous vous trouvez dans une sorte de panier à salade, qui vous enverrait immédiatement sur la route, si vous ne preniez soin de vous cramponner avec énergie à l'ossature du véhicule. Quant aux bagages, ils sont au préalable ligottés avec des cordes; c'est le seul moyen qu'ils arrivent entiers à destination.
Où vont toutes ces routes? On voit de Porto-Ferraio leurs rubans monter de tous côtés vers les montagnes environnantes, puis disparaître. L'une d'elles s'en va vers l'ouest, du côté de ce mont énorme qui, par là, barre l'horizon, et dont la cime disparaît dans les nuages. C'est la route de Marciana. Elle monte d'abord parmi les aloès et les cultures. Ça et là, une ferme, une métairie. De temps à autre, l'on croise des paysans qui se rendent à la ville, pour leurs affaires ou leur commerce. Ils ont tous un âne pour les porter; la femme se met à califourchon sur le cou du bourriquet, l'homme sur le dos, le fils sur la croupe, et, dans chacun des deux paniers accrochés de chaque côté du bât, il y a la marmaille. L'âne disparaît sous la famille qu'il véhicule; il en est littéralement recouvert. On ne voit que sa tête, sa queue et ses pieds. Il trottine, menu, menu, et, chose incroyable, ne s'effondre pas.
Puis les maisons se font plus rares, et voici commencer le maquis, le maquis corse, avec ses arbousiers, ses lauriers-thyms, ses bruyères arborescentes et ses chênes verts, serré, impénétrable et parfumé d'acres senteurs. À un coude de la route, Porto-Ferraio disparaît, et, sur le faîte du col que le vent balaye, une autre face de l'île apparaît.
(À suivre) Paul Gruyer.
UNE PAYSANNE ELBOISE AVEC SON VASTE CHAPEAU QUI LA PROTÈGE DU SOLEIL.
Droits de traduction et de reproduction réservés.
(p. 109) TOME XI, NOUVELLE SÉRIE.—10e LIV. No 10. 11 MARS 1905.
LES MILLE MÈTRES DU MONTE CAPANNA ET DE SON VOISIN, LE MONTE GIOVE, DÉVALENT DANS LES FLOTS DE TOUTE LEUR HAUTEUR.
II. — Le golfe de Procchio et la montagne de Jupiter. — Soir tempétueux et morne tristesse. — L'ascension du Monte Giove. — Un village dans les nuées. — L'Ermitage de la Madone et la «sedia di Napoleone». — Le vieux gardien de l'infini. «Bastia, Signor!». Vision sublime. — La côte orientale de l'île. Capoliveri et Porto-Longone. — La gorge de Monserrat. — Rio Marina et le monde du fer.
UN ENFANT ELBOIS.
La mer se recourbe ici en un golfe profond, au cercle large et harmonieux, et dans lequel tombent les mille mètres du Monte Capanna; autour de ce dernier et de son voisin, le Monte Giove, la montagne de Jupiter, tournoient les nuées. En bas, la mer bleue, la grève ensoleillée sur laquelle un pêcheur solitaire, et qui semble moins gros qu'une fourmi, tire sa barque et fait sécher ses filets; en haut, la bataille farouche de l'ouragan noir où gronde la foudre et que zèbrent les éclairs; par moments, à travers un déchirement de nuages, des plaques de neige étincellent. N'est-ce pas là, en effet, l'Olympe redoutable où trônent, au-dessus des mortels, Zeus et les Grands Dieux?
Je demande au cocher s'il n'y a pas lieu de hâter le pas de son coursier et si l'amoncellement fantastique des sombres nuées ne va pas s'abattre sur notre tête avant notre arrivée à Marciana; mais il me fait signe que non, et qu'il n'y a rien à craindre pour le moment. Le soleil, en effet, ne cesse pas de luire pour nous tout le long de la route qui, se rapprochant de la mer, contourne (p. 110) d'abord le golfe (on le nomme golfe de Procchio), puis se relève pour suivre la côte en corniche, jusqu'à ce qu'une dernière descente nous amène à Marciana Marina, à l'Auberge de la Paix, chez Ventura Braschi; bonne cuisine.
Le signor Ventura ne sait pas un mot de français, sa femme non plus, mais ils sont pleins de prévenances et crient très fort pour que je comprenne. Le bruit de mon arrivée s'est heureusement répandu dans le bourg; un garçon qui a voyagé et qui parle correctement français, vient m'offrir obligeamment ses services; il facilite les explications, et en attendant la «bonne cuisine» de l'enseigne, qui se réduira d'ailleurs à du macaroni et à des œufs, je vais errer sur les galets du port, où les tartanes ont été amenées à sec en prévision de la nuit qui menace d'être pluvieuse et pleine de vent.
Les nuées sont descendues le long de la montagne, et le ciel s'est voilé; le soleil a disparu. Il fait gris; la mer houleuse bat le rivage de ses lames courtes; une morne tristesse s'épand sur les choses. Il semble que l'on soit perdu au bout du monde. Porto-Ferraio lui-même paraît loin, très loin. Cette montagne, que l'on ne voit pas et qui n'arrête pas de déverser son brouillard, on la sent peser sur soi de toute sa masse obscure. Les façades craquelées des maisons, qui s'illuminaient tantôt sous le soleil, ont pris un aspect sale et éraillé. Il fait froid.
Comme tout cela a changé d'aspect en quelques heures! Voici la pluie à présent, une pluie fine et pénétrante qui, sous l'obscurité grandissante, donne aux objets des reflets blafards; l'on se croirait sur quelque côte désolée de la Norvège ou du Spitzberg. Et quand, le soir, après dîner, je sortis pour aller gagner ma chambre qui se trouvait dans une autre maison, à quelques pas, je crus être emporté par l'ouragan qui me lapidait de cailloux à travers la nuit; la mer crachait ses embruns jusque dans les rues, et la seule lumière de ce gouffre noir, où pas un être humain n'osait circuler, était, au carrefour voisin, la lueur timide d'une petite veilleuse, brûlant sous un verre, devant une Sainte Vierge engrillagée dans le mur. Je songeais que ce fut près d'ici, par une nuit pareille, que se termina l'amoureuse idylle de l'ancien Roi des Rois et de la blonde comtesse Walewska; ils s'étaient retrouvés sur la montagne de Marciana, où ils revécurent quelques heures fugitives d'amour, et où ils se séparèrent dans la tempête et dans l'ouragan.
Le lendemain matin, un clair soleil me réveilla. J'avais, dans ma journée, à entreprendre l'ascension du Monte Giove et de Marciana Alta (Marciana de la Montagne), dédoublement de Marciana Marina (Marciana de la Mer).
MARCIANA ALTA ET SES RUELLES ÉTROITES.
C'est un vieil usage sur les bords méditerranéens, et que l'on retrouve en France, en Italie, en Corse et en Espagne, que celui de ces doubles villages côtiers. Il avait pour but de mettre leurs populations à l'abri des pirates barbaresques qui, jusqu'à la prise d'Alger par la France, au milieu du XIXe siècle, fondaient à tous moments sur les rivages, où ils pillaient et tuaient tout. Alors, dès que leur approche était signalée par une de ces tours-vigies qui dominaient l'horizon et dont les ruines subsistent encore, sur les pitons des falaises et les pointes des rochers avancés en mer, tout le village du bas ramassait ses effets les plus précieux et s'enfuyait vers le village du haut, lequel était suffisamment crénelé et fortifié pour repousser tous les assauts. Mais il était rare que les pirates se hasardassent jusque-là, car sur ces pentes qu'il leur aurait fallu gravir, il était trop facile de les écraser en faisant dérouler sur eux une avalanche de rocs et de pierres. Le plus souvent ils ne savaient même pas où les habitants étaient passés: ils étaient là-haut, dans les nuages.
Je demande en effet si l'on peut me montrer Marciana Alta. Signor Ventura sort avec moi sur la place et me désigne du doigt la montagne. Ici où nous sommes, le soleil a reparu, l'atmosphère est limpide, la mer sourit, mais la montagne est, comme hier, coupée en deux par l'épais rideau de nuées qui est remonté autour d'elle, et qui en cache la moitié supérieure, de son voile impénétrable. Le bourg de Marciana Alta est là, derrière le rideau; on ne le voit pas. C'est ainsi pendant la moitié de l'année, paraît-il; mais je n'ai qu'à prendre le sentier et à monter jusqu'à ce que j'arrive.
Me voilà donc grimpant, grimpant, grimpant toujours, avec cette persévérance nécessaire dans les montagnes où il semble que l'on marche sans avancer. Il fait une chaleur moite. Devant moi je vois toujours la nuée obscure, dont je me rapproche peu à peu; derrière moi, en me retournant, j'aperçois Marciana (p. 111) Marina s'écraser de plus en plus, et un immense horizon de côtes s'étaler à mes pieds. Mais je ne tarde pas à entrer dans l'ombre de la nuée, où le soleil se voile bientôt si complètement que je me trouve comme transporté tout à coup au milieu de la nuit. Tout disparaît, devant, derrière et autour de moi; il n'y a plus que du brouillard, qui perle en gouttelettes sur mes vêtements et ma barbe, comme sur les plantes et sur les brins d'herbe. La végétation a changé d'aspect, elle aussi; elle est devenue celle des climats du Nord: bruyères courtes, gros châtaigniers au tronc noueux, et qui n'ont encore ni feuilles ni bourgeons, tandis qu'à Porto-Ferraio les myrtes sont en fleurs; puis des fougères et des mousses, parmi lesquelles des sources cristallines bruissent et dégringolent en cascatelles. Le sentier toutefois, pour âpre qu'il soit, se continue, bien tracé, à travers l'opacité du brouillard. J'y croise, fantomatiques silhouettes, une femme et sa mule; sans doute la femme descend à la côte se ravitailler d'épicerie ou de farine, car l'on ne doit pas avoir là-haut grand'chose pour se nourrir. En passant elle me jette le buona sera! (bonsoir!) et paraît tout étonnée de la langue inconnue dans laquelle je lui réponds. Après une demi-heure de montée dans ce brouillard, la forme des objets redevient plus précise, le soleil se devine à nouveau, et voici, au-dessus de ma tête, Marciana Alta surgir des nuées.
Le spectacle en est singulier. En face de moi, à présent, la lumière, une autre région, un soleil du Nord qui luit dans un air vif et froid; par derrière, au contraire, la nuée opaque que j'ai traversée et qui cache maintenant la base de la montagne comme d'en bas elle en cachait le faîte. La terre, la mer, tout le reste de l'île ont disparu; on est comme suspendu sur les noires volutes nébuleuses; on plane au-dessus du vide, on est dans le ciel.
Ce qui paraît plus bizarre encore, c'est qu'il y ait ici des habitants, puisque voilà des maisons et un clocher, ou plutôt de penser qu'il doit y en avoir, car on n'en voit pas. Tout se tait; aucun son ne monte plus d'en bas, et nul bruit ne sort davantage de ce village mystérieux, aux maisons abruptes, serrées les unes contre les autres, entouré d'un rempart de pierre. C'est le village corse, sauvage et sinistre, le nid d'oiseaux de proie.
MARCIANA MARINA AVEC SES MAISONS RANGÉES AUTOUR DU RIVAGE ET SES EMBARCATIONS TIRÉES SUR LA GRÈVE.
Je gravis des escaliers, je passe sous des voûtes, je monte encore des marches et je me trouve au milieu des maisons, sur une place étroite, où aboutissent des rues ou plutôt des ruelles, non moins étroites, au pavé noirâtre et gluant. Il n'y a toujours personne. Les habitants sont sans doute enfermés chez eux. Seule une (p. 112) femme, au profil de vautour, est assise sur le seuil de sa porte, vêtue de noir et coiffée d'un fichu noir; ses yeux brillent dans leurs orbites, ardents et doux cependant, et elle me regarde sans qu'aucun des traits de son visage impassible et régulier trahisse ce qu'elle peut penser en me voyant. Puis en voici une autre, vêtue de noir également, qui tire au bout d'une corde une chèvre noire; puis une troisième, jeune celle-là, mais toujours vêtue de drap de la même couleur, et portant sur sa tête un sac de foin. Mais où sont les hommes?
Sur ma droite, j'aperçois un cabaret à la porte close; je vais pour entrer afin de me reposer un peu de mon escalade et demander un guide pour continuer plus loin. J'entends à travers la porte des bruits de voix. Allons, tant mieux! Il y a quelqu'un. Quelqu'un! Mais tous les hommes du village sont là. Je me demandais ce que l'on pouvait faire dans un pays pareil! C'est simple: on n'y fait rien.
C'est-à-dire que l'on y boit, que l'on y fume, que l'on y joue aux cartes, que l'on y parle surtout, depuis le matin jusqu'au soir, tous les jours et toute l'année. Oui, c'est bien là le village corse, c'est bien l'étonnante existence de ces gens qui, perdus dans leur solitude, sans voir même, six mois sur douze, le reste de la terre dont ils sont séparés, comme aujourd'hui, par les nuages qui les entourent et où ils vivent, passent leur vie à discuter, en face d'un vermouth et d'un journal, les destinées de l'Europe. Parler politique et voter tous les trois ou cinq ans sont les grandes occupations de l'existence. Quelques habitants essayent durant l'été de défricher la montagne et d'en obtenir quelques moissons; un peu plus bas sur ses pentes, ils y plantent même de la vigne, qui y réussit, mais le travail est dur et ils ont peu d'imitateurs. Les autres possèdent des cochons qui se nourrissent, tout seuls, ou à peu près, des chèvres que la femme mène paître, tout en labourant quelques pommes de terre ou en ramassant des châtaignes; quant aux quelques sous qu'ils peuvent trouver à gagner, ils alimentent la pipe et le verre.
À mon entrée, les parties de cartes s'interrompirent, les gouvernements de l'Ancien et du Nouveau Monde, en train de passer un mauvais quart d'heure, eurent un peu de répit, et les calumets se posèrent sur les tables, tandis que l'on me dévisageait et que l'on se disait de l'un à l'autre: «Inglese! Anglais!»
Je m'avançai et demandai à haute voix, selon ma coutume, si quelqu'un parlait français. Quelqu'un se leva aussitôt, qui me tendit la main et me répondit: «Que veut le Signor?» Alors dans les groupes j'entendis répéter: «Francese! Francese! quasi l'Imperatore! Français! Français! comme l'Empereur!»
Je priai mon interlocuteur de s'informer si l'on pouvait me conduire jusqu'au faîte du Monte Giove et jusqu'à l'ermitage de la Madone. Je trouvais plus prudent de me faire accompagner à cause du brouillard qui pouvait monter et dans lequel je risquerais de me perdre.
LES CHÂTAIGNIERS DANS LE BROUILLARD, SUR LE FAITE DU MONTE GIOVE.
Il fit signe de venir à un homme qui était assis sur un banc, au fond du cabaret, en face d'une table vide, mélancolique au milieu des verres et des pipes qui l'environnaient. L'homme se leva et s'approcha. C'était une espèce d'hercule, à la carrure de taureau; de sa chemise ouverte émergeait une poitrine musculeuse et velue; il était pieds nus et tenait à la main un bâton noueux aux allures de massue. Se rencontrer avec lui seul à seul dans le maquis aurait été tout juste rassurant. Et dire que ce colosse, au lieu d'aller s'embaucher quelque part, n'importe où, sa force étant apte à tous les métiers, préférait croupir là, à se croiser les bras, d'un bout à l'autre de l'année, dans la fainéantise et le dénuement presque absolu! Quand il sut de quoi il s'agissait, ses yeux bleus eurent un éclair de joie à l'idée du gain inattendu et facile qui s'offrait à lui, et sur lequel il demanda immédiatement le crédit d'un café qu'il ingurgita avec délices; après quoi il (p. 113) se chargea de mon menu bagage et se déclara prêt à marcher. Cet homme à l'aspect redoutable était le géant bon enfant des contes de fées, qui sert de factotum en échange du droit de s'asseoir à la cuisine et de saucer les plats.
... ET VOICI AU-DESSUS DE MOI MARCIANA ALTA SURGIR DES NUÉES (page 111).
Le chemin qui monte vers l'ermitage est pavé, comme une voie romaine, de blocs de pierre à peine équarris; de place en place des niches de maçonnerie, avec une croix, servent d'abris contre la pluie, le vent, la neige ou le soleil. Nous atteignons des plaques de glace, qui ne sont pas encore fondues dans les creux tournés vers le nord. Dans un mois, m'explique l'homme, en son baragouin que me traduit, tant bien que mal, mon dictionnaire, on rôtira; aujourd'hui en avril, je grelotte malgré la marche.
Ainsi que je l'avais craint cependant, le brouillard, débordant Marciana Alta, avait gagné la cime de la montagne, et quand j'arrivai à la chapelle de la Madone, je recommençais à ne plus rien voir à dix pas devant moi; tout était clos à mes yeux, et il était impossible de dire si l'on se trouvait sur le faîte d'un mont ou au fond d'un puits. Tout ce que j'apercevais, c'étaient les murs de la chapelle, quelques châtaigniers difformes aux branches défeuillées, semblables à des spectres, et une petite maison dont la porte était fermée; elle était habitée pourtant, car mon guide ayant cogné avec son bâton, un vieux bonhomme, à profil de bouc, vint ouvrir. C'est lui l'ermite[4].
Voilà certes quelqu'un que les voisins ne gênent point, et dont le bavardage ne doit pas être le péché coutumier! Il habite ici avec sa femme et une chèvre, aussi perdu qu'un Indien dans la pampa. Marciana Alta est pour lui le centre de la civilisation, et il s'y retire l'hiver; Marciana Marina commence à devenir le but d'un voyage important, et quant à Porto-Ferraio, s'il y va deux fois l'an, c'est beaucoup. Il est, par contre, le roi de l'infini. Parfois même il doit assister dans sa masure à des cataclysmes atmosphériques peu banals. Lorsqu'un orage éclate sur Elbe, avec cette violence particulière aux climats du Midi et plus encore à (p. 114) celui des îles, il doit être littéralement enveloppé de la foudre, et lorsqu'une tourmente, comme celle d'hier, se déchaîne, on se demande comment sa bicoque n'est pas arrachée du sol. Assourdi par la tempête, gelé un jour, calciné un autre, battu par la pluie, noyé de brouillard, de ce brouillard dense et compact qui vous appuie sur les yeux comme une main, ainsi qu'il fait en ce moment, et vous donne l'impression d'un enveloppement de sépulcre, tout cela lui est indifférent, et il rit en vous apercevant, car il possède un registre avec un crayon, et il offre à ceux qui viennent ici après Napoléon d'y inscrire leur nom. C'est là son principal métier, et son seul espoir de faire fortune. Il a aussi les clefs de la chapelle qu'il montre aux visiteurs, ainsi qu'une image d'Épinal représentant l'Empereur. Hélas! étant donné le nombre des passants, il est peu probable qu'il s'enrichisse jamais.
C'est pourtant dans cette maisonnette que logea Napoléon, c'est dans une de ces trois petites chambres qu'il reçut la visite de la comtesse Walewska, le 3 septembre 1814. Un Christ de bois, resté accroché au mur et vieux de plus d'un siècle, a été certainement témoin, et le lit rudimentaire de l'ermite, composé de deux X de fer portant quatre planches et un simple matelas de fougères plat comme une galette, ne doit guère différer du lit sur lequel couchait l'Empereur.
Tout ici vous parle à l'esprit, jusqu'aux murs humides de cette chapelle qui LE connurent, jusqu'aux marches de l'autel sur lesquelles Madame Mère, logée au village de Marciana, venait s'agenouiller dévotement et faire vœu d'un cierge de cire à la Madone, si elle protégeait son fils contre tout malheur. Rien dans les objets ni dans les lieux n'a changé d'aspect; ils sont comme immobilisés sur ce sommet désert. Devant l'entrée de la chapelle, dans un hémicycle de pierre tout rongé de lichens et garni de bancs, quatre fontaines jaillissent, emplissant avec leur glouglou régulier leurs vasques sculptées; la façade de la chapelle est ornée de fresques peintes, et une plaque de marbre, posée en 1863, rappelle le passage de l'Empereur, qui séjourna ici, dit-elle, du 23 août au 14 septembre 1814. (Cette date du 14 septembre est erronée; l'Empereur quitta l'ermitage de la Madone le 5 septembre.)
Le brouillard est toujours intense, et je n'ai plus l'espoir de contempler l'admirable panorama qui se déroule, paraît-il, quand le temps est clair, autour de cette vertigineuse montagne dressant au-dessus des flots ses huit cents mètres à pic. Il va falloir songer à rebrousser chemin, car l'heure avance, et je tiens à rentrer coucher à Marciana Marina; la descente sera rude et longue.
LA «SEDIA DI NAPOLEONE» SUR LE MONTE GIOVE OU L'EMPEREUR S'ASSEYAIT POUR DÉCOUVRIR LA CORSE.
Mais le vieux tâche de me faire entendre qu'il faut rester encore et attendre un peu: «Poco! poco, Signor!» Il fait le moulinet avec ses bras pour m'exprimer que le brouillard se dissipera tout à l'heure, et que je verrai «la Corsica», c'est-à-dire la Corse. J'éprouve bien quelques doutes sur les chances qu'une telle brume, qui semble au contraire s'épaissir de plus en plus, se dissipe tout à coup, mais je sais, d'autre part, que sur les montagnes tout l'imprévu est possible, et je rentre dans la maisonnette pour prendre patience et me chauffer. Quant à mon colosse, en dépit de ses pieds nus et de sa chemise entrebâillée, loin d'avoir froid, il préfère se désaltérer à une grosse cruche toute ventrue, pleine de vin blanc, qu'il a aperçue sous la table, et au goulot de laquelle il se met à boire à pleines lampées.
LA BLANCHE CHAPELLE DE MONSERRAT AU CENTRE D'UN AMPHITHÉÂTRE DE ROCHERS ET ENTOURÉES DE SVELTES CYPRÈS (page 117).
Pendant que je suis à sécher l'humidité de mes vêtements, le vieux sort à chaque instant pour examiner le brouillard qui, en effet, passe comme des bouffées de fumée, tantôt plus transparent, tantôt plus intense. Il me le montre du doigt et rit d'un air satisfait. Mais voici soudain que les bruyères se mettent à frissonner, le vent s'élève, les châtaigniers dessinent plus nettement la fine dentelle de leur ramure, et des taches d'azur apparaissent au ciel. «Venite, Signor! venite!» me crie le vieux, et il m'emmène rapidement (p. 116) jusqu'à un roc à demi maçonné, devant lequel on sent le vide, et formant une sorte de trône cyclopéen où s'asseyait l'Empereur.
VOICI RIO MONTAGNE DONT LES MAISONS RÉGULIÈRES ET CUBIQUES ONT L'AIR DE DOMINOS EMPILÉS... (page 118).
Nous y sommes à peine arrivés qu'une trouée se fait à travers la brume, qui s'écarte comme touchée par la baguette d'un enchanteur invisible. Les nuages se mettent à fuir le long de la montagne, les débris du brouillard jaunâtre, encore accrochés comme de fauves oiseaux aux aspérités des rocs, s'illuminent d'une radieuse lumière, l'immensité s'inonde de clarté, et devant moi, à cinquante kilomètres par-dessus la mer, de la poussière d'or de l'occident se dégage peu à peu le long profil, en dents de scie, des montagnes corses, du Monte d'Oro et de toute la chaîne neigeuse qui court d'un bout de l'île à l'autre bout. C'est quelque chose d'inoubliable et de sublime.
Le vieux rit aux éclats de son triomphe et ses yeux rutilent comme les miens au reflet du soleil qui descend dans le ciel en face de nous et déjà touche presque à l'horizon. Au moment où il commence à y mordre, le profil devient net et tranchant comme un découpage métallique, ombre chinoise sur un globe de feu. Il disparaît, et dans l'infinie pureté de l'atmosphère, pleine de cette clarté douce qui précède le crépuscule, c'est à présent l'incroyable détail des objets. «Bastia!» dit tout à coup le vieux en me prenant par le bras, et j'aperçois en effet de petites taches blanches, carrées, et serrées les unes contre les autres. Ce sont les maisons de la ville corse; avec une longue-vue on en distinguerait assurément les fenêtres.
Cela dura cinq minutes ainsi. Au-dessus de la Corse s'allument dans le ciel des lueurs violettes, semblables à une gigantesque floraison de lilas dans les jardins d'Eden; leur mirage merveilleux se double dans le miroir de la mer, plate et luisante comme une laine d'épée.
Mais les nuées tournoyantes, un moment entr'ouvertes, se resserrent déjà, le brouillard se referme autour de moi, voilant, comme un rideau qu'on tire, l'immensité radieuse du ciel et des flots, et je me retrouve au milieu de l'hiver, dans la presque obscurité, avec le vent qui souffle à travers le squelette des gros châtaigniers, tandis que le vieux rentre sur ses larges oreilles son bonnet de fourrure. Il faut se hâter de redescendre, cette fois, si je veux être le soir à Marciana Marina.
J'APERÇOIS POGGIO, UN AUTRE VILLAGE PERDU AUSSI DANS LES NUÉES.
Je revois Marciana Alta et ses ruelles étroites où les noires parois de ses maisons commencent à se trouer de lumières, dans une nouvelle et rapide déchirure de la brume, j'aperçois Poggio, un autre village perdu aussi dans les nuées, et je ne suis encore qu'à moitié route de mon gîte, lorsque la nuit se fait. Mais le brouillard demeure ramassé sur le faîte de la montagne et j'en suis bientôt complètement sorti; la nuit est lumineuse comme une nuit d'Orient, et c'est sous sa douce clarté que je descends les dernières pentes du sentier et arrive à «l'albergo» du Signor Ventura qui commençait à s'inquiéter de moi. Je retrouve, au carrefour voisin, la petite Vierge engrillagée, à la lampe paisible; de l'ouragan d'hier soir, aucune trace ne subsiste dans l'air tiède et resplendissant. La nature et le pays ont ainsi passé à mes yeux, depuis vingt-quatre heures, par toutes les phases et par tous les aspects imaginables, comme si l'île, mouvante sur les flots, se fût promenée, ainsi qu'un immense navire, des mers du sud à celles du nord, et du royaume d'Azur au triste pays des Cimmériens.
L'autre grande route de l'île est celle de Porto-Longone, de Rio Marina et des mines de fer. Se dirigeant à l'opposite de celle de Marciana, elle s'en va vers le sud et l'est.
Elle contourne d'abord, en s'élevant par une pente insensible, la baie de Porto-Ferraio, qui se développe dans toute l'ampleur et toute la pureté de ses lignes, en son encadrement de montagnes. À l'un des (p. 117) endroits où la vue est la plus belle, des rangées de pierres dépassent d'un champ, des arcades effondrées s'adossent à la pente du sol; ce sont les Romains qui ont passé là. Le cheval ralentit son pas pour gravir la côte plus rude; puis la bête reprend son trot cahoteux. Un bois de pins, un col où l'homme de l'octroi attend, solitaire et patient, le rare voyageur qui passe, une longue descente, et nous sommes sur le versant oriental de l'île.
UNE DES TROIS CHAMBRES DE L'ERMITAGE.
L'ERMITAGE DE MARCIANA OÙ L'EMPEREUR REÇUT LA VISITE DE LA COMTESSE WALEWSKA, LE 3 SEPTEMBRE 1814.
Le premier village que l'on aperçoit est Capoliveri. Aspect rébarbatif et mauvaise renommée. Les Romains dans l'antiquité, les Pisans au Moyen Âge en avaient fait un lieu d'asile et de liberté, reconnu par la loi, pour tous les débiteurs, faussaires et banqueroutiers, pour les esclaves enfuis et les condamnés échappés des prisons, qui venaient du continent s'y réfugier; d'où son nom de Capoliveri, Caput Liberum en latin, Capo Liberi en italien. Une immonde population s'y était formée, dont les méfaits furent longtemps la terreur de l'île. Perché sur une montagne dont il occupe, toute la crête, il a bien l'air d'un repaire de brigands, et l'on s'attend à voir luire, entre les murs, des canons de fusils. Napoléon dut envoyer contre lui deux cents voltigeurs et gendarmes afin de le forcer à payer ses impôts, qu'il refusait, et menaça de le raser de fond en comble s'il recommençait une seconde fois pareille rébellion. Les mœurs de ses habitants se sont améliorées, mais ils passent encore pour aimer peu à frayer avec ceux des autres communes de l'île.
La route descend de plus en plus rapidement vers la mer et arrive, au milieu des aloès dont les feuilles glauques et les hampes fleuries se penchent sur les flots, au petit port de Porto-Longone. On y trouvera à manger et à dormir à l'auberge de Marie (Albergo della Maria), où l'on fut pour moi honnête et complaisant. Au-dessus du bourg, sur un promontoire du rocher, s'avance la citadelle, bâtie par les Espagnols; des sentinelles vont et viennent tout autour d'un grand bâtiment blanc: c'est le bagne, «l'ergastule».
De Porto-Longone à Rio Marina, le chemin est une merveille, gravissant et descendant des pentes, montrant et cachant alternativement la grande ligne de la mer.
Deux kilomètres environ après Porto-Longone, il y a, à gauche de la route, un chemin creux qu'il faut prendre.
Là, au fond d'une gorge aux aloès d'une grosseur saharienne, au milieu des pins parasols et des cyprès sveltes, l'humble chapelle de Monserrat, dont le nom est un ressouvenir encore de l'Espagne, offre au pèlerin l'abri de ses treillages rustiques enguirlandés de pampres. Des rochers aux aiguilles aiguës la dominent, où de loin en loin, des pâtres accrochés s'appellent; et tout là-bas, au bout de la longue enfilade du vallon que ferme la mer, on voit passer parfois, à travers les branches des pins et les raquettes des cactus, une voile qui glisse. C'est un site exquis, tout virgilien, où l'on se prend à vouloir dresser son toit, à rêver de laisser fondre sa vie dans la paix de l'âme et des choses. Il semble que rien ne soit jamais venu jusqu'ici des révolutions de la terre. Tel devait être le paysage au temps où Pan et les Dryades s'y poursuivaient dans les halliers; tel il était quand le premier ermite chrétien y fit construire, sur cette pointe de rocher, sa petite chapelle aux murs blancs; tel il apparut à l'Empereur que nous y retrouverons tout à l'heure.
Mais notre cocher, que nous avons oublié sur la route, claque du fouet et nous appelle; ici encore, il (p. 118) faut laisser un peu de nous et partir. Voici Rio Montagne, dont les maisons régulières et cubiques ont l'air de dominos empilés. À la bifurcation de la route qui monte vers le bourg, une chapelle isolée, au fronton triangulaire, et précédée d'un portique, semble un petit temple grec devant lequel on s'attend à voir Daphnis venir faire fumer l'offrande d'un jeune chevreau ou d'un agneau nouveau-né.
Hélas! toute cette poésie va disparaître au prochain tournant du chemin. Devant nous une acre fumée noirâtre, qui sort de hauts tuyaux d'usine, tourbillonne dans l'air. C'est Rio Marina. Adieu le maquis embaumé, les bucoliques vallées, le ciel pur, les pins où chante le vent, et les bonnes gens qui vont paisibles sur leur ânon! Nous entrons dans le monde du fer.
Rio Marina est la souillure de l'île. Nulle part le contraste ne peut être plus complet entre la verte, belle et saine nature où l'homme a été, par Dieu, créé pour vivre, et la tare morale et physique du monde contre nature créé par l'industrialisme humain. Dès l'arrivée, l'impression est mauvaise. Dans un vaste lavoir couvert de tôle, des femmes aux yeux effrontés battent du linge en entrecroisant des quolibets criards; l'une d'elles, qui m'a vu, avertit les autres d'un mot et toutes aussitôt de dévisager l'étranger avec une sorte de curiosité gouailleuse; je les fixe, et pas un regard ne se baisse. J'avance, et voici un mendiant. C'est, depuis que je suis dans l'île, le premier que je rencontre; un pauvre être misérable et sordide, courbé en deux comme si sa colonne vertébrale s'était cassée en son milieu, et appuyé sur une canne qui lui remplace à demi une de ses jambes qui traînent. «Signor, la carita! La charité, monsieur!» dit-il, en s'accrochant à moi comme une tentacule de pieuvre: «la carita! la carita! la carita!» Je comprends de son balbutiement qu'il est vieux, qu'il travaillait aux mines, et qu'un quartier de roc est, un jour, tombé sur lui.
Je continue. J'arrive aux maisons; des maisons lugubres à six étages, comme celles des faubourgs des grandes villes, derrière les murs desquelles on sent l'entassement des gens, le grouillement des enfants trop nombreux, et d'où suintent des odeurs de fricots; aux fenêtres, des loques qui sèchent, des têtes qui se montrent, mal peignées. Par moments un panier descend au bout d'une corde, jusqu'à la rue; le facteur y dépose ses lettres, le marchand qui passe y met sa viande, son pain ou ses légumes; c'est une façon fort commode d'économiser ses jambes, et, comme l'heure du déjeuner est proche, les paniers ne cessent d'aller et venir le long des maisons.
LE PETIT PORT DE PORTO-LONGONE DOMINÉ PAR LA VIEILLE CITADELLE ESPAGNOLE (page 117).
Mais ce qu'il y a surtout de particulier ici, c'est que tout est comme imprégné d'une couleur rougeâtre uniforme, d'une couleur de rouille, qui teint les maisons du haut en bas, la face des gens, leurs mains et leurs vêtements, et tous les objets, jusqu'aux feuilles des arbres, jusqu'à l'herbe du sol. Cette poussière de fer qui s'attache à tout, qui recouvre tout, a l'air d'avoir été secouée par un volcan; l'on ne tarde pas à être poudré soi-même de cette sorte de cendre impalpable que le vent ramasse et soulève en tourbillons.
Voici un ivrogne. C'est également le premier que je vois dans l'île. Il fonce sur moi et me prend les mains qu'il me presse avec effusion, en me faisant de pâteux discours, auxquels je ne comprends mot. Je m'en décroche à grand'peine. Il est près de midi, et le soleil commence à devenir torride; je me réfugie à l'Albergo ristorante de Rio Marina.
Salle crasseuse, nappe sale, mouches dans les carafes, cuisine grasse dans des plats graisseux. Quelques voyageurs de commerce, dont un ou deux parlent français et traduisent obligeamment mes réclamations, inutiles du reste, partagent avec moi ce repas nauséabond. Quand il s'agit de payer, c'est pour mon compte le double du prix que paient mes voisins. Je m'en aperçois et refuse de m'exécuter; chacun prend ma défense et l'hôtelier consent, comme un chien qu'on fouette, à ne pas (p. 119) me voler plus que les autres. Il ramasse sa recette, du 200 pour 100, d'un air rogue et mécontent, et, sans même soulever la casquette de velours à côtes qui semble vissée sur sa tête, il s'en retourne à son comptoir rincer ses verres avec ses doigts malpropres. Oh! cet industrialisme hideux qui corrompt et encanaille tout ce qu'il touche! Comme il nous a ramenés soudain à toutes les bassesses et à tous les vices qui, dès qu'il paraît, se mettent aussitôt à croître à son ombre!
LA MAISON DE MADAME MÈRE À MARCIANA ALTA.—«BASTIA, SIGNOR!»—LA CHAPELLE DE LA MADONE SUR LE MONTE GIOVE.
La visite des mines n'offre pas, au surplus, un intérêt bien considérable; elles s'exploitent à ciel ouvert, et il n'y a qu'à se baisser pour ramasser le minerai. Il est chargé, à pelletées, sur des wagonnets, qui vont directement le déverser dans les navires amarrés à la base de la montagne; celui qui est de qualité inférieure subit seul, dans les usines, un triage préalable. L'exploitation est abondante, se fait à peu de frais, et atteint par an 300 000 tonnes environ, qui représentent plus de 5 millions de francs. Un grand nombre de navires viennent d'Angleterre.
La montagne, attaquée déjà par les Étrusques et par les Romains dont on retrouve, en creusant, des monnaies de cuivre et d'argent, semble inépuisable; éventrée chaque jour plus profondément, elle prend des aspects de cratères lunaires, où la face des ouvriers disparaît sous le fard de poussière ferreuse que la sueur leur colle au visage dans l'effrayante réverbération du soleil contre les parois dénudées qui les entourent. Les paillettes de métal étincellent partout sous ses rayons implacables et l'on croirait fouler, en marchant, de fulgurants tapis de diamants.
Mais avec quelle joie je revois au retour la gorge solitaire, si doucement élyséenne, de Monserrat, et le golfe d'azur où Porto-Ferraio mire ses vieux remparts et ses tourelles génoises! Ce n'est plus pour longtemps, cependant; la tare est en train de s'étendre. Jusqu'à ce jour Rio Marina, caché par les verdoyants revers de la montagne, demeurait relégué dans son coin. Tout le reste de l'île était intact. Le minerai, comme nous venons de le dire, s'y travaillait peu; sitôt recueilli, on l'expédiait ailleurs. Cela va changer.
En pleine baie de Porto-Ferraio, voici que les hauts-fourneaux s'élèvent; écrasant tout le paysage admirable, deux énormes cheminées de quatre-vingts mètres de haut achèvent, à cette heure, de se dresser dans le ciel, rigides et rouges comme deux bras monstrueux de guillotine. Elles vont s'allumer bientôt et, sur tout cet azur, sur toute la splendeur de l'île, vomir jour et nuit leur fumée, cracher leurs flammèches; où régnait Phœbus radieux, Vulcain accourt avec ses Cyclopes barbouillés de suie et le ronflement de ses fournaises.
Vous croyez peut-être que les gens de Porto-Ferraio ont protesté? Car enfin, que la Compagnie des mines étende ses affaires, rien de plus naturel à son point de vue; mais eux, dont l'air va s'empoisonner, le ciel se ternir, qu'ont-ils dit? Ils ont été dans le ravissement. Ils ont vu là une «administration» qui s'établissait, c'est-à-dire le rêve, cher à tous les gens du Midi, des postes de concierges à une porte où ne passe personne, des places dans des bureaux où il n'y a rien à faire. Ils n'ont point songé que l'industrie privée, différente de l'État, ne paye pas d'employés inutiles, et qu'il faut à des hauts-fourneaux plus de chauffeurs que de gratte-papier. Oui certes, il y aura de l'argent à gagner, non pas en lisant son journal, au frais, dans un (p. 120) bon fauteuil, mais en bourrant de charbon la gueule des brasiers. Ceux qui avaient un petit métier paisible, les paysans qui cultivaient leur champ, les quitteront; dans l'appât d'un gain immédiat un peu plus fort, se faisant ouvriers, ils viendront à l'usine se dessécher la poitrine et se brûler la face. Et, comme ces peuplades africaines qui dansent devant leurs idoles buveuses de sang, ils ont tous sauté de joie autour de l'impitoyable Moloch qui s'apprête à les dévorer.
Tel est l'aspect général de l'île. En dehors des deux routes de Marciana et de Rio, qui la traversent d'une extrémité à l'autre et courent, avec leurs innombrables pentes et circuits, une soixantaine de kilomètres environ, il n'y a d'autre voie carrossable importante que celle de Campo, le dernier gros bourg de l'île, sur la côte sud, célèbre par ses carrières de granit, d'où Pise tirait les plus belles colonnes de ses églises et de ses palais. Longtemps après la déchéance de Pise, des fûts à demi équarris se voyaient encore épars sur le sol de ces carrières, des socles ébauchés, des chapiteaux somptueux entaillés dans des blocs, débris mort-nés d'une magnificence subitement éteinte. Au-dessus du petit port de Campo de la Mer, perche sur la montagne le second village de San Pietro in Campo; toujours le nid d'aigle, le village d'en haut refuge coutumier du village d'en bas.
À travers tout le reste de l'île, où l'on peut dire qu'il ne se trouve pas dix mètres de sol plat, l'on ne rencontre que des chemins muletiers, des sentiers suspendus au-dessus de ses caps inaccessibles et de ses golfes aux profondeurs d'abîmes, ou franchissant à grand'peine les crêtes déchiquetées de ses sommets, sur lesquels, éternellement, claque le vent et tournoient les nuées.
Le point culminant est le Monte Capanna voisin du Monte Giove, et qui mesure mille six mètres, selon les géographes anciens, mille dix-neuf d'après les calculs modernes.
La population elboise, qui est aujourd'hui de vingt-cinq mille habitants, était de douze mille lorsque le traité de Fontainebleau donna l'île à Napoléon.
(À suivre.) Paul Gruyer
LE COUCHER DU SOLEIL SUR LE MONTE GIOVE.
Droits de traduction et de reproduction réservées.
(p. 121) TOME XI, NOUVELLE SÉRIE,—11e LIV. No 11—18 Mars 1905.
PORTO-FERRAIO ET SON GOLFE VUS DES JARDINS DE SAN MARTINO.
III. — Napoléon, roi de l'île d'Elbe. — Installation aux Mulini. — L'Empereur à la gorge de Monserrat. — San Martino Saint-Cloud. La salle des Pyramides et le plafond aux deux colombes. Le lit de Bertrand. La salle de bains et le miroir de la Vérité. — L'Empereur transporte ses pénates sur le Monte Giove. — Elbe perdue pour la France. — L'ancien Musée de San Martino. Essai de reconstitution par le propriétaire actuel. Le lit de Mme Mère. — Où il faut chercher à Elbe les vraies reliques impériales. «Apollon gardant ses troupeaux.» Éventail et bijoux de la princesse Pauline. Les clefs de Porto-Ferraio. Autographes. La robe de la signorina Squarci. — L'église de l'archiconfrérie du Très Saint-Sacrement. La «Pieta» de l'Empereur. Les broderies de soie des Mulini. — Le vieil aveugle de Porto-Ferraio.
L'ARRIVÉE DE NAPOLÉON À L'ÎLE D'ELBE, D'APRÈS UNE CARICATURE DU TEMPS.
Ce fut le 3 mai 1814, à l'aube du jour, que l'Empereur arriva en vue de son nouveau royaume. Il y fit le lendemain son entrée officielle, accompagné des deux maréchaux Bertrand et Drouot, du commandant des Polonais, colonel Germanowski, du colonel anglais Sir Campbell et du feld-maréchal Koller, autrichien, ces deux derniers étant près de lui commissaires de la Sainte-Alliance. Remise lui fut faite aussitôt par le commandant de Porto-Ferraio, général Dalesme, de la citadelle, des magasins de guerre et de bouche, et de toutes les propriétés du domaine public. Le maire de Porto-Ferraio, Signor Traditi, lui présenta les clefs de la ville sur un plat d'argent. L'Empereur se logea momentanément à l'Hôtel de Ville, garni en toute hâte avec des meubles prêtés par les citoyens de bonne volonté. Il s'y trouvait d'autant plus mal qu'étant là, selon le vœu de la municipalité, «au milieu même de son peuple», il n'y (p. 122) pouvait avoir un moment de tranquillité, exposé à tous les ennuis d'une curiosité, bienveillante et pleine d'enthousiasme sans doute, mais fort gênante; sa venue dans cette petite île, choisie par lui comme lieu de sa retraite, avait été pour les Elbois un vrai coup de foudre, un éblouissement d'orgueil, un délire de joie, et chacun prétendait dévorer son morceau d'Empereur. Il ordonna donc d'abattre un amas de vieilles bicoques, qui encombraient le plateau supérieur de la colline de Porto-Ferraio, et de dégager ainsi deux pavillons occupés par le génie et par l'artillerie de la forteresse, qui, réunis ensemble par un bâtiment central, formeraient au-dessus de la ville les nouvelles «Tuileries». C'est le palais actuel des Mulini ou des Moulins, que l'on appela ainsi en souvenir des moulins à vent qui occupaient le plateau et que l'on démolit alors. C'est la maison que nous avons visitée tout à l'heure.
Dès qu'il y fut installé, les lois de l'étiquette furent remises en vigueur, et le «Roi», que l'on s'obstina à appeler «l'Empereur», ne reçut plus que sur audiences. Madame Mère toujours vivante et toujours Corse, n'avait pas tardé à rejoindre son fils dans son exil; puis ce fut l'arrivée de la princesse Pauline. La «Cour» fut constituée des éléments les plus hétéroclites et les plus divers. Bertrand fut nommé ministre des Affaires civiles, Drouot, gouverneur de l'île, et chargé des Affaires militaires; le trésorier Peyrusse continua le maniement matériel des Finances, dont l'Empereur prit la direction, et quatre chambellans furent choisis parmi les plus notables Elbois. Deux anciens fourriers des Tuileries se virent élevés au grade de «préfets du Palais» et l'ancien médecin des chevaux aux Tuileries devint médecin en chef de l'Empereur. Il y eut pour tout le monde un flot de broderies et de galons d'or; chacun, à Porto-Ferraio, eut le bonheur d'être fonctionnaire et de pouvoir se pavaner dans les rues, chamarré de la tête aux pieds.
Porto-Ferraio fut également doté d'un théâtre. Ce théâtre fut installé dans l'ancienne église Saint-François, et l'Empereur, qui ne se souciait pas d'en payer les frais de construction, le mit en actions; les plus riches familles de la ville achetèrent les loges, qui furent jalousement disputées, et dont les acquéreurs devinrent propriétaires à vie. Les membres de la Société prirent, en outre, le nom d'académiciens avec cette devise: «A noi la sorte! À nous la faveur du sort!» La loge centrale fut réservée à l'Empereur, que le rideau de scène représenta sous la figure d'Apollon banni du ciel, gardant ses troupeaux chez Admète et instruisant les bergers.
LE DRAPEAU DE NAPOLÉON ROI DE L'ÎLE D'ELBE: FOND BLANC, BANDE ORANGÉ-ROUGE ET TROIS ABEILLES JADIS DORÉES.
L'Empereur, entre temps, explorait son île; il s'amusait à en visiter les sites les plus pittoresques, à escalader ses caps et ses rochers, tantôt à cheval, tantôt à pied, un bâton de berger à la main. Il gravit ainsi, par des sentiers de chèvre, le pic de Giove qui se dresse non loin de Volterrajo, à la pointe nord de l'île, et qu'il ne faut point confondre avec le monte Giove sur le flanc duquel se trouve le village de Marciana. L'un et l'autre sommets étaient, dans les temps antiques, consacrés au roi des dieux, et le même nom leur en est demeuré. L'Empereur y remua du pied des débris épars sur lesquels il s'assit ensuite, tel Marius sur les ruines de Carthage, en disant: «Même les monuments périssent!» Puis, se laissant aller à toute la fougue de son imagination «ardente, impétueuse et sans bornes, il traça le dessin d'une demeure solitaire à élever sur ce pic rocheux, retraite d'une idéale beauté, unique, merveilleuse, en laquelle, semblable aux dieux de la Fable, il planerait dans le ciel au-dessus de la terre des hommes.» Mais bientôt il laissa retomber ses bras en secouant la tête, car il aurait fallu, pour rendre réel un pareil rêve, des millions qu'il ne possédait plus maintenant.
Un autre jour, par une après-midi radieuse, il se rendit également à cette gorge de Monserrat, où nous avons nous-même erré tout à l'heure. Il était accompagné seulement de Bertrand et de Pons de l'Hérault, alors directeur des mines, qui nous a raconté toute l'excursion dans son amusant et précis détail. On peut la refaire aujourd'hui, livre en main, en retrouvant presque tous les cailloux de la route.
«Nous prenons, dit Pons, en quittant la route de Porto-Ferraio, un sentier étroit, bordé de hauts cyprès, dans un ravin couvert d'aloès et de figuiers de Barbarie, et au fond duquel coule un ruisseau qui va se perdre dans la mer à la fontaine de Barberousse....» Le sentier, les cyprès, les aloès et les cactus, la petite fontaine, les voilà.
LA SALLE DE BAINS DE SAN MARTINO A CONSERVÉ SA BAIGNOIRE DE PIERRE.
LA CHAMBRE DE NAPOLÉON À SAN MARTINO.
(p. 123) En suivant le sentier ils arrivèrent à l'ermitage. «Les ermites, continue Pons, y ont ramassé un peu de terre, planté quelques arbres et quelques ceps. L'église est simple et pauvre, mais bien tenue; la cellule de l'ermite, maisonnette assez commode, est située sur une petite terrasse couverte de treillages.» C'est bien cela toujours: les treillages, les pampres, la maisonnette blanche. Cependant l'Empereur était parvenu jusqu'au seuil de la petite chapelle; il s'y arrêta avant d'entrer, et se retournant comme nous le faisons encore aujourd'hui vers le paysage enchanteur, à la fois grandiose et doux, «si loin des amertumes de la vie», il se sentit pénétrer par le charme intense et rare qui s'en dégageait (chose étrange que ces identités de vibrations de l'âme humaine!) et demeura quelques instants, sans rien dire. Puis il entra dans l'église. Elle était tout illuminée. Il s'agenouilla un instant et il donna à l'ermite. Après quoi on déballa un panier de provisions, apporté de Porto-Longone, et auquel chacun fit brèche. L'Empereur, à la suite du déjeuner, fatigué par la chaleur, s'assoupit sur sa chaise. Lorsqu'il se fut réveillé, on se remit en route: «il était gai comme tout le monde, et ces moments furent vraiment des moments heureux.»
Le palais des Mulini n'était pas encore achevé que l'Empereur avait désiré une autre maison, un peu plus distante des rumeurs de la ville et dans le calme plus reposant de la campagne. La saison chaude, en outre, était venue, et il fallait songer à prendre ses précautions contre une température excessive déjà sous cette latitude. L'Empereur se fit construire la résidence de San Martino.
L'on s'y rend aujourd'hui par la route de Marciana; à quatre kilomètres environ de Porto-Ferraio, un chemin bifurque et s'engage dans un vallon dont le fond est, comme à Monserrat, fermé en amphithéâtre par une colline escarpée plantée de vignes à sa base et, plus haut, de touffes de chênes et de maquis. On s'élève peu à peu, jusqu'à mi-côte de la montagne, et, de là, en se retournant, on aperçoit se développer Porto-Ferraio et sa colline, sa citadelle et le cercle de sa rade, en un tableau qui semble agencé tout exprès pour le plaisir des yeux. Le site n'a pas le charme virgilien de celui de Monserrat, mais il est beau différemment, et par sa proximité de la capitale il était tout indiqué pour y bâtir le «Saint-Cloud» impérial, ainsi que les grenadiers de la Garde ne manquèrent pas d'appeler aussitôt le nouveau palais.
(p. 124) La maison est toujours là. Elle rappelle par son aspect un de ces humbles réduits à la Jean-Jacques Rousseau, agrestes et paisibles, asile de Philémon et de Baucis, comme nous en montrent les estampes de la fin du XVIIIe siècle. Quatre murs blancs, un toit de tuiles, un rez-de-chaussée avec une porte étroite, et un premier. Par derrière, et par suite de la déclivité du terrain, il n'y a plus qu'un rez-de-chaussée, qui est le premier de la façade. Tout alentour, de grands arbres, micocouliers, chênes verts, magnolias aux feuilles lisses et aux fleurs charnues, et, dans le jardin, de petites allées ombreuses avec des charmilles de buis et des bordures de pervenches.
Nous entrons. Voici d'abord «la salle des Pyramides». Elle est en proportion de la demeure et ne mesure guère plus de huit mètres de long sur autant de large, avec un plafond bas. Au centre, afin de lui donner la couleur locale nécessaire, un bassin et un jet d'eau, à sec l'un et l'autre. Au plafond, les signes du Zodiaque, et, sur les murs, des colonnes égyptiennes s'entremêlant de minarets, de palmiers et de charges de mameluks, en souvenir des victoires de la première heure. C'est, en dépit des assertions du Mémorial de Sainte-Hélène qui affirme avec audace que «les plus grands artistes vinrent à Elbe se disputer l'honneur d'embellir les logis impériaux», de la peinture qui rappelle un peu celle des enseignes de village, de cette peinture «en trompe-l'œil», semblable à un décor de théâtre, dont les Italiens aiment à orner leurs maisons et où ils sont, du reste, assez habiles. Toute une époque, cependant, revit là soudain, et, comme dans la grande salle des Mulini, l'abandon même des choses leur a conservé leur singulière et vivante réalité. La cheminée, faite d'une table de marbre supportée par deux fines colonnettes, est jolie. Entre les fûts de deux des grosses colonnes peintes, qui décorent les murs, on lit trois mots qui semblent négligemment jetés là, comme une inscription de poète ou d'amoureux sur un tronc d'arbre ou sur un rocher: «Ubicunque felix Napoleon. Napoléon est partout heureux.» L'Empereur a voulu proclamer ainsi qu'il était satisfait dans son île et qu'il ne songeait point à en sortir jamais.
C'est ensuite le salon. Au plafond, voletant dans un ciel d'azur, deux colombes sont enlacées par un ruban «dont le nœud se resserre à mesure qu'elles semblent s'éloigner l'une de l'autre». Les deux colombes représentent Marie-Louise et l'Empereur. La tradition raconte que c'est l'Empereur lui-même qui indiqua ce sujet au peintre, qui a voulu qu'à son arrivée, imminente d'un jour à l'autre, sa femme, en voyant cet amoureux symbole, connaisse bien qu'elle n'a pas été oubliée. Marie-Louise n'est jamais venue, mais les colombes et leur ruban bleu volettent toujours.
LA COUR DE NAPOLÉON À L'ÎLE D'ELBE, D'APRÈS UNE CARICATURE DU TEMPS.
L'on traverse ensuite des pièces vides, dont le plancher plie sous les pas; dans l'une d'elles, il y a un lit en acajou, de style bateau, avec des cuivres dorés, ainsi qu'un fauteuil à bascule, et un petit meuble bombé, qui porte un service à café en porcelaine. C'est la chambre de l'Empereur; elle occupe l'angle de gauche de la maison. Ce lit, que le portier affirme naturellement être celui de l'Empereur, serait en réalité, d'après les traditions que se sont transmises les propriétaires successifs de San Martino, celui du grand-maréchal Bertrand.
Les deux étages de San Martino communiquent intérieurement entre eux par un petit escalier raide et étroit comme une échelle de moulin, et où l'Empereur, déjà obèse, avait, semble-t-il, tout juste la place de passer. Il est probable, d'ailleurs, qu'il en faisait peu d'usage, le premier étage qu'il habitait étant par derrière, comme nous l'avons dit, de plain pied avec le jardin; le rez-de-chaussée était réservé au personnel de la maison et à la cuisine. L'Empereur n'avait là que sa salle de bain, où il descendait chaque matin. Elle a conservé sa baignoire de pierre, et, sur le mur rongé d'humidité, une vague fresque peinte, effritée comme une mosaïque de Pompéi, représente une femme nue couchée, qui tient à la main un (p. 125) miroir, le miroir de la Vérité, comme nous l'apprend une nouvelle inscription: «Qui odit veritatem, odit lucem. Qui hait la vérité hait la lumière.» La mélancolique naïade a survécu dans son geste immobile et gracieux vers l'impérial baigneur qui, s'il aimait à savoir la vérité, n'aimait guère, par contre, à la dire.
UNE FEMME DU VILLAGE DE MARCIANA ALTA.
La chaleur augmentait de plus en plus à Porto-Ferraio, et l'Empereur, qui en souffrait physiquement, s'impatientait. Dès qu'il avait trouvé trois pièces habitables à San Martino, il s'y était transporté avec un lit de fer, mais il ne tarda pas à s'apercevoir que, là aussi, il étouffait. Dans ce cercle de montagnes, la réverbération du soleil était extrême et l'air ne circulait pas. L'ombre surtout manquait; les arbres qu'il faisait planter et dont les luxuriantes frondaisons se sont, depuis, épanouies si belles, étaient encore à l'état de squelette et séchaient sur pied. Il fut reconnu que San Martino serait une excellente résidence de printemps ou d'automne, mais qu'il fallait, pour l'été, chercher encore un autre gîte.
C'est alors que l'Empereur songea à Marciana et au Monte Giove. Là aussi, sur ce faîte sublime dominant l'immensité, et où il avait, en arrivant parmi les châtaigniers séculaires, tressailli une fois de plus en face de l'incomparable spectacle de la nature qui s'offrait à lui, il aurait rêvé peut-être le palais merveilleux que son imagination avait bâti sur les cimes de Volterrajo, mais ce rêve n'était pas ici plus réalisable pour le roitelet de l'île d'Elbe.
Il se contenta donc de beaucoup moins et fit simplement dresser, à côté de l'ermitage de la Madone, sa tente de campagne, où, «comme les rois de l'antiquité, dit Pons, il éleva sous la toile son trône voyageur». Il décida en outre que la Cour (c'est-à-dire Madame Mère avec ses dames de compagnie, son valet de chambre et son cuisinier, plus «un maître de piano et un violoniste, un bon chanteur et une bonne chanteuse» pour se distraire le soir) s'installerait de son mieux au village abrupt de Marciana Alta. Cette installation, si peu considérable qu'elle fût, était encore malaisée en ce nid de vautour, et l'Empereur dut, à l'instar aussi de ces rois antiques, s'occuper lui-même de tous les détails du ménage. «Monsieur le comte Bertrand», écrivait-il de la Madone, le 23 août, au grand-maréchal du palais resté à Porto-Ferraio, «il me manque deux volets pour les fenêtres de ma chambre à coucher; la troisième fenêtre en a. Tâchez de me les envoyer demain. Envoyez-moi également deux lanternes pour mettre à la porte de ma tente, et un fanal. J'ai apporté ici mes trois lits de fer; j'ordonne qu'on en mette un à Marciana pour Madame Mère; elle sera bien dans la maison de l'adjoint et pourra venir jeudi. Elle aura une chambre pour elle, et trois pour son personnel. Il y a dans cette maison tous les gros meubles nécessaires; je lui ferai ajouter une commode. Je crois qu'il y a assez d'objets de cuisine. Il y a aussi assez de bougie et de lumière. Envoyez trois rideaux pour sa chambre; les tringles y sont. Envoyez-nous aussi des feux, pincettes, pelles, etc. Je crois que c'est avec raison qu'on dit qu'il faut faire ici du feu le soir.»
L'Empereur demeura près d'une quinzaine à Marciana. L'attrait fascinateur du Monte Giove le retenait sans doute, et ce sauvage village de Marciana devait exercer la même attirance sur Madame Mère. C'était la Corse, en effet, que l'un et l'autre ils avaient retrouvée Là.
LE PLAFOND DE SAN MARTINO ET LES DEUX COLOMBES SYMBOLIQUES REPRÉSENTANT NAPOLÉON ET MARIE-LOUISE.
C'étaient ses mêmes maisons farouches, c'étaient l'enivrement de son air libre et de ses purs sommets (p. 126) et ces mêmes senteurs du maquis qui leur faisaient revivre à tous deux le passé lointain. De tout là haut où il s'asseyait, les pieds dans la bruyère, son fusil de chasse entre les jambes, non seulement il le respirait, ce parfum qui, comme il l'a dit à Sainte-Hélène, lui aurait fait reconnaître la Corse «les yeux fermés», mais il la voyait elle-même, comme nous l'avons vue, se dessiner sur l'horizon dans le flamboiement du soleil couchant. Quelle émotion, secrète et réelle, celle-là, devait le saisir et lui étreindre la gorge, à l'aspect de sa terre natale apparaissant ainsi sur la mer, au déclin du jour, et en face de laquelle il se retrouvait, à son déclin lui-même! Elbe et la Corse c'étaient les deux extrémités de sa gloire. Là, elle n'était pas née encore, ici elle commençait à mourir. Sa vie tout entière tenait entre ces deux sommets, celui où il était assis, celui qu'il apercevait là-bas. Quant à l'avenir, que serait-il?
L'avenir fut, on le sait, ce qu'il devait être fatalement, l'audacieux et soudain départ sur le brick l'Inconstant, le 26 février 1815, avec une armée de huit à neuf cents hommes, et la reconquête momentanée du trône de France. Napoléon, roi de l'île d'Elbe, avait régné dix mois exactement. Le 30 juillet 1815, un peu plus d'un mois après Waterloo, le grand-duc de Toscane ayant envoyé une flottille à Porto-Ferraio, elle y débarqua sans obstacle.
Le 2 septembre, la souveraineté de Ferdinand III fut officiellement reconnue, et Elbe fit ainsi retour à la Toscane, c'est-à-dire à l'Italie dont elle a depuis fait partie.
SAN MARTINO RAPPELLE PAR SON ASPECT UNE DE CES MAISONNETTES À LA JEAN-JACQUES ROUSSEAU, AGRESTES ET PAISIBLES (page 123).
Tout en étant aujourd'hui loyaux sujets de la monarchie de Savoie, les Elbois aiment toujours la France et accueillent avec sympathie toute démarche amie de sa part. Ils fraternisent surtout avec les Corses, leurs voisins dans les flots; Porto-Ferraio et Bastia choquent volontiers leurs verres en de cordiaux banquets.
Mais, par-dessus tout, ils aiment à glorifier, chaque année, le souvenir de leur ancien Empereur par la cérémonie funèbre du 5 mai (date de la mort à Sainte-Hélène), dont nous avons parlé au début de ce livre. Là, les passions politiques, que ce mort soulève encore chez nous, n'existent pas à son égard; on le respecte, simplement parce qu'il fut grand, et que s'élever au-dessus des hommes est chose plus ardue que de critiquer et juger ceux qui ont su y parvenir. On l'honore aussi par reconnaissance durable pour le bien qu'il a fait en passant à son petit royaume, pour la place qu'il a donnée dans l'histoire à ce coin de terre, dont nul, sans lui, ne connaîtrait aujourd'hui le nom.
RIDEAU DU THÉÂTRE DE PORTO-FERRAIO REPRÉSENTANT NAPOLÉON SOUS LA FIGURE D'APOLLON GARDANT SES TROUPEAUX CHEZ ADMÈTE.
En quittant l'île d'Elbe, l'Empereur avait légué à Porto-Ferraio sa maison des Mulini, son portrait en pied (p. 128) placé dans la salle principale de la maison commune, et sa bibliothèque; mais le grand-duc de Toscane mit bientôt la main sur toutes les propriétés impériales. Il fit vendre les meubles, dont une partie se dispersa à l'étranger, dont une autre fut achetée dans l'île par les habitants, qui s'en servirent pour leur usage personnel, et chez lesquels on en retrouve ça et là des débris.
LA SALLE ÉGYPTIENNE DE SAN MARTINO EST DEMEURÉE INTACTE AVEC SES PEINTURES MURALES ET SON BASSIN À SEC.
L'Hôtel de Ville conserve également, comme nous l'avons dit, le drapeau du souverain de l'île d'Elbe, quelques chaises du mobilier de l'époque, branlantes et défoncées, aujourd'hui reléguées dans les greniers, et, au rez-de-chaussée, ceux des livres de la bibliothèque de l'Empereur que le grand-duc de Toscane n'avait pas vendus ou emportés.
En 1851, le prince Anatole Demidoff, qui s'était allié aux Bonaparte en épousant une fille de Jérôme, acquit San Martino et entreprit d'y établir un musée napoléonien, où il réunirait tous les objets qu'il pourrait retrouver à Elbe, augmentés d'une collection personnelle fort riche se rapportant à diverses époques de la vie impériale. Afin, toutefois, de ne pas défigurer la petite maison qui avait abrité le grand Empereur, il profita de la déclivité du terrain pour faire construire en dessous d'elle, et lui formant en quelque sorte comme un piédestal avec son toit en terrasse et ses colonnes, une sorte d'édifice de 63 mètres de façade, à l'imposante architecture, et portant à ses angles des aigles aux ailes éployées. Ce fut lui aussi qui fit placer dans le jardin des Mulini, à Porto-Ferraio, les écussons de marbre blanc et les bas-reliefs que l'on y voit dans les parterres; ce fut lui qui fit don à l'église de la Miséricorde du cercueil d'ébène et du masque de bronze de l'Empereur, qui institua la cérémonie funèbre du 5 mai, et qui légua les fonds nécessaires pour la distribution d'aumônes qui l'accompagne. Mais après sa mort, son neveu et héritier, Paul Demidoff, envoya vendre à Florence, à vil prix, à la criée publique, tout ce que renfermait ce coûteux et précieux musée. San Martino fut lui-même cédé à un nommé Giuliani; il n'y restait qu'un lit, c'est ce lit que nous avons vu dans la chambre de l'Empereur et le fauteuil à bascule que l'on y voit également.
BRODERIES DE SOIE DU COUVRE-LIT ET DU BALDAQUIN DU LIT DE NAPOLÉON AUX MULINI, DONT ON A FAIT LE TRÔNE ÉPISCOPAL DE L'ÉVÊQUE D'AJACCIO.
San Martino a été revendu, depuis, à un richissime propriétaire de l'île d'Elbe, Signor del Buono, qui expulsa de la maison un certain nombre d'objets hétéroclites qui s'y étaient introduits, et la rendit à son aspect primitif. Il a même entrepris, depuis peu, de reconstituer dans la grande galerie Demidoff un musée napoléonien. Il y a fait rentrer tout d'abord le superbe lit d'acajou, à ornements dorés, de Madame Mère, qui se l'était fait expédier de Paris à Porto-Ferraio, puis après le départ de l'Empereur, l'avait envoyé à Lucques, où il servit probablement à la princesse Pauline, et où signor del Buono l'a retrouvé et racheté. Il a également racheté à une famille de Porto-Ferraio le guéridon et le service à café en porcelaine, qui sont aujourd'hui dans la chambre de l'Empereur et qui proviendraient des Mulini.
C'est en effet dans les familles qu'il convient de rechercher à l'île d'Elbe ce qui a pu y demeurer de souvenirs impériaux. J'ai réussi, pour ma part, à en retrouver un certain nombre dont l'authenticité n'est pas douteuse. La signora Traditi, petite-fille du maire Traditi qui reçut l'Empereur à l'île d'Elbe et y fut un de ses chambellans, conserve toujours et m'a montré les clefs de la ville, que son grand-père présenta au nouveau souverain, sur un plat d'argent, le jour de son débarquement. Elle possède également quelques meubles provenant du palais impérial, une miniature de l'Empereur, en habit vert de chasseur de la garde, et un bel éventail en ivoire sculpté, avec des peintures de style chinois, que lui adressa de Rome la princesse Pauline, après son départ de l'île d'Elbe, en même temps qu'un collier de perles avec un camée, des boucles d'oreilles et deux bagues. La lettre d'envoi de Pauline accompagnant ces souvenirs «à la bonne Madame Traditi» y est jointe. Elle m'a montré également la lettre que le grand-maréchal Bertrand écrivit de Paris, le 24 mars, au maire Traditi, pour lui annoncer les derniers événements qui avaient eu lieu en France, le retour de Sa Majesté aux Tuileries, et lui faire part du don que l'Empereur faisait à la ville de Porto-Ferraio de son portrait en pied placé dans la salle de la Maison commune (ce portrait a disparu et a été remplacé par celui qui s'y trouve actuellement et qui a été donné par le prince Demidoff).
Le signor Squarci, dont le grand-oncle était, en 1814, médecin à l'hôpital de Porto-Ferraio, possède (p. 129) l'original d'un ordre de l'Empereur commandant au comte Drouot de former une nouvelle compagnie de canonniers pris dans les chevau-légers polonais, les mamelucks et les chasseurs. L'ordre est du 2 juillet et signé de l'Empereur; il porte, en annotation: «Ce 4 juillet, fait le rapport demandé.» Le signor Squarci a dans sa cave deux ou trois douzaines de bouteilles vides de la cave impériale, et sa fille se plaît encore à revêtir la robe de satin blanc que son aïeule portait aux fêtes des Mulini. Signor Bigeschi, aujourd'hui syndic de Porto-Ferraio, et dont l'arrière-grand-père fut membre de la junte gouvernementale de l'île d'Elbe instituée par l'Empereur lorsqu'il partit, garde dans ses papiers le passeport donné par le pape à Madame Mère, se rendant à l'île d'Elbe avec sa suite sous le nom de Madame De Pont.
LA SIGNORINA SQUARCI DANS LA ROBE DE SATIN BLANC QUE SON AÏEULE PORTAIT À LA COUR DES MULINI.
Grâce à la cristallisation de la vie dans cette petite île, toutes ces pièces, tous ces objets ne sont jamais sortis des familles qui les détiennent. Ce sont eux (nous allons encore en retrouver d'autres) qui pourraient reformer ce nouveau musée de San Martino et ramener à Elbe les visiteurs étrangers; c'est là que Signor del Buono doit puiser. Le rideau du théâtre, qui représente le roi de l'île d'Elbe sous la figure d'Apollon et qui résiste, depuis un siècle, au service de toutes les troupes de passage, mais s'éraille chaque jour de plus en plus, est pareillement une pièce historique, dont le transport s'impose dans la vaste galerie Demidoff.
Avant mon départ de Porto-Ferraio, l'excellent abbé Soldani, que je trouvais chaque jour prêt à se mettre à mon service et qui avait voulu m'inscrire membre d'honneur de la Confrérie des Pénitents Blancs, sans obligation toutefois de rentrer à Paris avec une cagoule, avait également tenu à m'emmener avec lui, un matin, dans l'église de l'Insigne Archiconfrérie du Très-Saint-Sacrement, dont il était prêtre, et à m'en ouvrir la sacristie aux armoires luisantes, aux murs silencieux imprégnés d'encens.
Là il me sortit d'abord d'un tiroir un cadre ovale, en bois doré, de moyenne grandeur, et qui contenait une Pieta, c'est-à-dire la Vierge-Mère tenant sur ses genoux le cadavre de son Fils descendu de la croix. Ce tableau était suspendu à San Martino, en guise de crucifix, à la tête du lit de l'Empereur, et c'est devant lui qu'il ne manquait jamais, soir et matin, de s'agenouiller, dans cette vague croyance qu'une prière profonde à ce Dieu, dont il lui semblait se rapprocher plus qu'un autre, pouvait faire fléchir peut-être en sa faveur les arrêts du destin. Et pourtant sa mère à lui, qu'en priant devant ce tableau il enveloppait dans la même superstitieuse adoration, ne devait seulement pas, comme celle du Christ, le tenir mort sur son giron! Cette relique était venue ici directement, décrochée du mur de San Martino, lors de la vente générale faite dans l'île par le grand-duc de Toscane après Waterloo, et c'était un zélé confrère qui l'avait achetée de ses deniers, pour l'offrir à son église où l'Empereur était venu, le 29 mai 1814, entendre la messe de San Christino.
Puis l'abbé Soldani tira d'une des armoires un paquet d'étoffes soupoudrées de camphre et soigneusement enveloppées. C'étaient de riches broderies de soie, ornées de guirlandes de fleurs en étoffe rapportée, aux couleurs chatoyantes et un peu jaunies, qui avaient pris cette infinie douceur des vieilles choses. Elles devaient provenir de la razzia de Piombino et servaient de couvre-pieds, de rideaux et de baldaquin au lit impérial, dans la chambre des Mulini. Ces broderies avaient été acquises à la même vente publique, et l'étoffe du couvre-pieds taillée, puis recousue sans que l'on touchât au dessin, de façon à pouvoir en recouvrir le trône épiscopal de l'évêque d'Ajaccio, lorsqu'il venait officier à Elbe.
(p. 130) Après quoi l'abbé m'avait demandé la permission de me conduire à son père «qui, disait-il dans son amusant jargon français, meilleur encore que mon italien, était aveugle, et désirait me voir». Je le suivis.
ÉVENTAIL DE PAULINE BORGHÈSE, EN IVOIRE SCULPTÉ, ENVOYÉ EN SOUVENIR D'ELLE À LA SIGNORA TRADITI, FEMME DU MAIRE DE PORTO-FERRAIO.
Au premier étage d'une maison à l'escalier de pierre et dont les fenêtres étroites donnaient sur l'admirable baie aux flots bleus et aux tartanes vertes où je devais me rembarquer le lendemain, dans une grande pièce nue et carrelée, il y avait en effet un vieil aveugle. Il était assis sur un canapé de style Empire, en acajou paillé, et dans les rosaces duquel des cygnes sculptés enchâssaient des lyres. Encore un débris contemporain du passé, et réfugié là.
«Signor mon padre, monsieur mon père», me dit l'abbé.
Le vieux bonhomme n'avait pas paru nous avoir entendus, car il était également à peu près sourd. Enveloppé dans un manteau jeté sur ses épaules et dont les manches pendaient, il chauffait ses mains osseuses à un petit pot de terre jaune, où quelques braises allumées se consumaient sous la cendre, et que recouvrait un grillage de fil de fer, afin qu'il ne s'y brûlât pas. Cette sorte de brasero, tout primitif, était posé devant lui, sur un escabeau, et il l'enserrait de ses jambes glacées par l'âge. Ses yeux blancs, levés, regardaient le plafond, le ciel sans doute, car pour l'aveugle, il n'y a rien entre soi et sa pensée.
L'abbé lui toucha l'épaule, et lui dit très fort, dans l'oreille: «Le Signor francese!»
Alors je le vis se lever lentement (c'était rapidement pour sa faiblesse) et ses bras se remuer vers moi dans le vide. J'allai vers lui, je lui pris la main, et il demanda: «Est-ce lui?» Sur la réponse affirmative qui lui fut faite, il m'enserra tout à coup d'une vive étreinte, et je l'entendis qui se répétait en lui-même: «Français! L'Empereur! Mon père! Waterloo!» Puis il se mit à parler avec volubilité:
LE LIT DE Mme MÈRE QU'ELLE S'ÉTAIT FAIT ENVOYER DE PARIS À L'ÎLE D'ELBE.
«Je suis le fils, Monsieur, d'un soldat de Waterloo. Napoléon! mon père l'a connu quand il était roi de l'île d'Elbe. Vive éternellement Napoléon! Je suis fier parce que mon père l'a connu! Il était sergent de sa garde-mobile et il l'accompagnait partout. L'Empereur l'aimait bien, et souvent il lui causait; il causait de même à tous, sans orgueil. Mon père venait de se marier, et l'Empereur lui avait promis, quand mon père aurait un fils, de le tenir dans l'église pour le baptême. Mais je devais naître seulement plus tard, quand l'Empereur n'était plus là. Il était parti un jour, tout à coup, et mon père s'était embarqué avec lui sur son bateau. Mon père disait: «Je l'aurais suivi jusqu'au bout de la terre, et ici tous les autres comme moi, parce qu'il était le grand Empereur!» Il l'a suivi jusqu'à Waterloo. Puis, après, il est revenu ici. Il a fallu qu'il revienne à pied, depuis là-bas, jusqu'à Piombino, sans ressources, à travers toute l'Allemagne, les Alpes et l'Italie. Cela fait plus de 400 lieues! Il me racontait cela quand j'étais petit, comment l'Empereur était habillé, ce qu'il disait, puis comment il a été vaincu. Maintenant, l'Empereur est mort, mon père aussi, et je suis vieux à mon tour, et j'ai oublié beaucoup de ces choses. Mais si l'Empereur revenait, je partirais avec lui, comme a fait mon père. Vive l'Empereur!»
Le vieil aveugle s'était, en parlant, transfiguré; son enfance semblait remonter en lui et tout le brouillard des souvenirs de l'impériale épopée, qu'en le faisant sauter sur ses genoux, lui avait contée son père, revenu à pied de Waterloo, tout balafré par la mitraille de Wellington et tout noirci par la fumée des canons du mont Saint-Jean.
Et c'était pour moi, je l'avoue, un des plus curieux sentiments qu'il fût possible d'éprouver que de me (p. 131) voir mêlé là soudain à cette page d'histoire, si connue par les livres, déjà si lointaine de nous en idée, de me trouver en face d'elle encore vivante, de la toucher du doigt en quelque sorte. Je me retrouvais, avec ce vieux qui s'en illuminait tout entier, devant cette même fascination légendaire que l'homme au petit chapeau exerçait sur tous ceux qui l'approchaient, et qui lui ralliait tous les cœurs, en dépit d'eux. Et je comprenais par cet exemple comment les hommes et les peuples se grisent de gloire et de paroles, et, se livrant à ceux qui savent les prendre, se précipitent à leur suite, comme moutons à l'abattoir, vers la folle tuerie des batailles. Moi-même, dont toutes les idées cependant allaient à l'encontre, j'en étais remué malgré moi.
LE VIEIL AVEUGLE SOLDANI, FILS D'UN SOLDAT DE WATERLOO, CHAUFFAIT, À UN PETIT BRASERO DE TERRE JAUNE, SES MAINS OSSEUSES.
Le vieil aveugle s'était rassis, comme épuisé; des larmes roulaient dans ses yeux morts. Je m'étais rapproché de lui, et j'aurais voulu qu'il parlât davantage, lui faire préciser quelqu'une de ses ressouvenances. L'abbé lui transmit mon désir, et alors il se mit à rire:
«C'était un malin l'Empereur! et il n'était pas facile de le tromper. Il y avait dans une rue proche de la nôtre, je me souviens, car mon père me l'a raconté bien souvent, une petite vieille nommée Battini. Elle habitait une chambre au rez-de-chaussée, où elle travaillait toute la journée avec son métier à tisser. On la voyait sans cesse, par sa fenêtre, faire aller et venir le battant de bois et les fils. L'Empereur, quand il passait dans cette rue, ne manquait jamais de la regarder. Un jour, il s'était arrêté pour lui causer; il était très généreux l'Empereur, et il avait toujours dans son gilet des pièces d'or pour donner aux pauvres gens. Alors il s'était avancé avec tous ses généraux, et il lui avait dit: «Bonne femme, combien gagnez-vous par jour?» La petite vieille (elle se doutait bien de son dessein) avait voulu se faire plus pauvre qu'elle n'était, afin d'avoir une plus grosse aumône. Elle avait pris un air contrit, et lui avait répondu: «Hélas! Majesté, quatre ou cinq sous par jour!» Elle mentait, la Battini! car elle en gagnait bien davantage. Mais l'Empereur savait le prix des choses! Il fronça le sourcil: «Si peu que cela, vraiment! Voilà qui prouve que vous ne travaillez guère.» Il lui tourna le dos, et plus jamais il ne l'avait regardée. Elle n'eut rien du tout. C'était bien fait. Personne ne pouvait tromper l'Empereur.»
Puis le vieux s'agita à nouveau sur son siège et dit quelques mots à l'abbé, qui alla vers un secrétaire placé au fond de la chambre, et en rapporta un coffret qu'il lui remit.
Il l'ouvrit à tâtons et y prit d'abord une clef d'or, puis un flacon de cristal ciselé, et un écrin dont il poussa le bouton et qui contenait une médaille: «Ceci, me dit-il, c'est la médaille de Sainte-Hélène. L'Empereur en a légué une, par testament, à chacun de ses compagnons de gloire de la bataille de Waterloo. Celle-ci est celle de mon père; son nom est gravé là, à côté de celui de l'Empereur. Je ne peux plus le lire parce que je suis aveugle, mais je le sens toujours avec mes doigts. La clef d'or et le flacon de cristal, c'est (p. 132) l'Empereur aussi qui les lui a donnés, quand il était à Elbe, pour qu'il les garde en souvenir de lui. Mon père les a toujours gardés, et moi aussi; je ne voudrais pas les donner pour un trésor! Il y avait aussi une lampe de cuivre que ma mère a conservée pendant bien longtemps. Elle lui servait à mettre sur sa fenêtre lorsque l'Empereur rentrait tard en ville, et qu'il faisait nuit. Quand on entendait s'approcher dans la campagne le galopement des chevaux, chacun, dans la rue où il devait passer pour rentrer aux Mulini, ne manquait pas d'en allumer sur sa fenêtre une semblable, qu'il tenait toujours prête; car la rue était très en pente, et le sabot des chevaux glissait souvent sur les mauvaises dalles qui la pavaient; il aurait pu arriver malheur à l'Empereur! La lampe, depuis, s'est usée, et je ne sais pas ce qu'elle est devenue, mais ma mère me la montrait quand j'étais jeune.»
Le vieux se tut. Je lui demandai encore s'il n'avait rien d'autre à me dire, mais il secoua la tête, et je vis que tout recommençait à se brouiller dans son cerveau las de la vie. Il avait remis dans leur boîte, après les avoir embrassées, les petites reliques qu'il m'avait confiées, et, retenant mes mains qui les lui rendaient, il les porta aussi à ses lèvres et les baisa doucement, passionnément. Puis, avec cette hyperbole coutumière au langage de l'Italie: «Il me charge de vous dire, me transmit son fils, qu'avoir vu un compatriote de son Empereur sera la joie de sa vieillesse.»
Il tenait toujours ma main serrée contre ses lèvres et s'était remis à pleurer. Une de ses larmes y glissa, brûlante. Il semblait ne pas vouloir me lâcher et craindre de laisser s'envoler avec moi ce passé lointain que j'avais réveillé en lui. Presque de force je me dégageai de son étreinte, et il rentra dans la nuit. On le réinstalla sur le canapé d'acajou aux cygnes sculptés, il ramena sur lui son manteau et reprit entre ses jambes le petit brasero grillagé sur lequel s'allongèrent à nouveau ses mains grelottantes. Une dernière fois, en sortant, je me retournai vers lui; il s'était remis à fixer le ciel.
Le lendemain je regagnai le continent, sur cette impression enfin trouvée de sentir un peu parler l'âme des hommes, comme j'avais, livres en main, fait parler l'âme des choses. Car si ma défiance avait plus d'une fois percé à travers l'enthousiasme de mes cicerones l'influence probable du bon pourboire, il ne pouvait plus y avoir ici aucun doute sur la sincérité de ce bonhomme épique, qui semblait descendu d'un cadre de Charlet ou de Raffet, et qui n'attendait rien de moi que «de me baiser les mains».
Et revenu depuis à Paris, repris comme tous par le flot dévorant de nos vies, je n'ai jamais resongé sans étonnement au vieil aveugle elbois, qui en est toujours demeuré au temps de Béranger et qui attend paisiblement la mort en rêvant du «Grand Empereur» alors que pour nous les disparus d'un an sont déjà vieux, ceux de vingt ans, entrés dans l'histoire, et ceux d'il y a un siècle à peine, presque aussi lointains que les Césars romains et les Pharaons d'Égypte.
Mars-avril 1902 et mai 1904. Paul Gruyer.
L'ENTRÉE DU GOULET DE PORTO-FERRAIO PAR OÙ SORTIT LA FLOTTILLE IMPÉRIALE, LE 26 FÉVRIER 1815.
Droits de traduction et de reproduction réservés.
L'ÉTÉ AU KACHMIR
Par Mme F. MICHEL
En «rickshaw» sur la route du mont Abou. (D'après une photographie.) 1
L'éléphant du touriste à Djaïpour. 1
Petit sanctuaire latéral dans l'un des temples djaïns du mont Abou. (D'après une photographie.) 2
Pont de cordes sur le Djhilam, près de Garhi. (Dessin de Massias, d'après une photographie.) 3
Les «Karévas» ou plateaux alluviaux formés par les érosions du Djhilam. (D'après une photographie.) 4
«Ekkas» et «Tongas» sur la route du Kachmir: vue prise au relais de Rampour. (D'après une photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 5
Le vieux fort Sikh et les gorges du Djhilam à Ouri. (D'après une photographie.) 6
Shèr-Garhi ou la «Maison du Lion», palais du Maharadja à Srinagar. (Photographie Bourne et Sheperd, à Calcutta.) 7
L'entrée du Tchinar-Bagh, ou Bois des Platanes, au-dessus de Srinagar; au premier plan une «dounga», au fond le sommet du Takht-i-Souleiman. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 7
Ruines du temple de Brankoutri. (D'après une photographie.) 8
Types de Pandis ou Brahmanes Kachmirs. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 9
Le quai de la Résidence; au fond, le sommet du Takht-i-Souleiman. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 10
La porte du Kachmir et la sortie du Djhilam à Baramoula. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 11
Nos tentes à Lahore. (D'après une photographie.) 12
«Dounga» ou bateau de passagers au Kachmir. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.) 13
Vichnou porté par Garouda, idole vénérée près du temple de Vidja-Broer (hauteur 1m40.) 13
Enfants de bateliers jouant à cache-cache dans le creux d'un vieux platane. (D'après une photographie.) 14
Batelières du Kachmir décortiquant du riz, près d'une rangée de peupliers. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.) 15
Campement près de Palhallan: tentes et doungas. (D'après une photographie.) 16
Troisième pont de Srinagar et mosquée de Shah Hamadan; au fond, le fort de Hari-Paryat. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 17
Le temple inondé de Pandrethan. (D'après une photographie.) 18
Femme musulmane du Kachmir. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 19
Pandit Narayan assis sur le seuil du temple de Narasthan. (D'après une photographie.) 20
Pont et bourg de Vidjabroer. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 21
Ziarat de Cheik Nasr-oud-Din, à Vidjabroer. (D'après une photographie.) 22
Le temple de Panyech: à gauche, un brahmane; à droite, un musulman. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 23
Temple hindou moderne à Vidjabroer. (D'après une photographie.) 24
Brahmanes en visite au Naga ou source sacrée de Valtongou. (D'après une photographie.) 25
Gargouille ancienne, de style hindou, dans le mur d'une mosquée, à Houtamourou, près de Bhavan. 25
Temple ruiné, à Khotair. (D'après une photographie.) 26
Naga ou source sacrée de Kothair. (D'après une photographie.) 27
Ver-Nag: le bungalow au-dessus de la source. (D'après une photographie.) 28
Temple rustique de Voutanar. (D'après une photographie.) 29
Autel du temple de Voutanar et accessoires du culte. (D'après une photographie.) 30
Noce musulmane, à Rozlou: les musiciens et le fiancé. (D'après une photographie.) 31
Sacrifice bhramanique, à Bhavan. (D'après une photographie.) 31
Intérieur de temple de Martand: le repos des coolies employés au déblaiement. (D'après une photographie.) 32
Ruines de Martand: façade postérieure et vue latérale du temple. (D'après des photographies.) 33
Place du campement sous les platanes, à Bhavan. (D'après une photographie.) 34
La Ziarat de Zaïn-oud-Din, à Eichmakam. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.) 35
Naga ou source sacrée de Brar, entre Bhavan et Eichmakar. (D'après une photographie.) 36
Maisons de bois, à Palgam. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.) 37
Palanquin et porteurs. 37
Ganech-Bal sur le Lidar: le village hindou et la roche miraculeuse. (D'après une photographie.) 38
Le massif du Kolahoi et la bifurcation de la vallée du Lidar au-dessus de Palgam, vue prise de Ganeth-Bal. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 39
Vallée d'Amarnath: vue prise de la grotte. (D'après une photographie.) 40
Pondjtarni et le camp des pèlerins: au fond, la passe du Mahagounas. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 41
Cascade sortant de dessous un pont de neige entre Tannin et Zodji-Pal. (D'après une photographie.) 42
Le Koh-i-Nour et les glaciers au-dessus du lac Çecra-Nag. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 43
Grotte d'Amarnath. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 43
Astan-Marg: la prairie et les bouleaux. (D'après une photographie.) 44
Campement de Goudjars à Astan-Marg. (D'après une photographie.) 45
Le bain des pèlerins à Amarnath. (D'après une photographie.) 46
Pèlerins d'Amarnath: le Sadhou de Patiala; par derrière, des brahmanes, et à droite, des musulmans du Kachmir. (D'après une photographie.) 47
Mosquée de village au Kachmir. (D'après une photographie.) 48
Brodeurs Kachmiris sur toile. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.) 49
Mendiant musulman. (D'après une photographie.) 49
Le Brahma Sar et le camp des pèlerins au pied de l'Haramouk. (D'après une photographie.) 50
Lac Gangabal au pied du massif de l'Haramouk. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 51
(p. ii) Le Noun-Kol, au pied de l'Haramouk, et le bain des pèlerins. (D'après une photographie.) 52
Femmes musulmanes du Kachmir avec leurs «houkas» (pipes) et leur «hangri» (chaufferette). (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 53
Temples ruinés à Vangath. (D'après une photographie.) 54
«Mêla» ou foire religieuse à Hazarat-Bal. (En haut, photographie par l'auteur; en bas, photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 55
La villa de Cheik Safai-Bagh, au sud du lac de Srinagar. (D'après une photographie.) 56
Nishat-Bagh et le bord oriental du lac de Srinagar. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 57
Le canal de Mar à Sridagar. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 58
La mosquée de Shah Hamadan à Srinagar (rive droite). (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 59
Spécimens de l'art du Kachmir. (D'après une photographie.) 60
SOUVENIRS DE LA CÔTE D'IVOIRE
Par le docteur LAMY
Médecin-major des troupes coloniales.
La barre de Grand-Bassam nécessite un grand déploiement de force pour la mise à l'eau d'une pirogue. (D'après une photographie.) 61
Le féminisme à Adokoï: un médecin concurrent de l'auteur. (D'après une photographie.) 61
«Travail et Maternité» ou «Comment vivent les femmes de Petit-Alépé». (D'après une photographie.) 62
À Motéso: soins maternels. (D'après une photographie.) 63
Installation de notre campement dans une clairière débroussaillée. (D'après une photographie.) 64
Environs de Grand-Alépé: des hangars dans une palmeraie, et une douzaine de grands mortiers destinés à la préparation de l'huile de palme. (D'après une photographie.) 65
Dans le sentier étroit, montant, il faut marcher en file indienne. (D'après une photographie.) 66
Nous utilisons le fût renversé d'un arbre pour traverser la Mé. (D'après une photographie.) 67
La popote dans un admirable champ de bananiers. (D'après une photographie.) 68
Indigènes coupant un acajou. (D'après une photographie.) 69
La côte d'Ivoire. — Le pays Attié. 70
Ce fut un sauve-qui-peut général quand je braquai sur les indigènes mon appareil photographique. (Dessin de J. Lavée, d'après une photographie.) 71
La rue principale de Grand-Alépé. (D'après une photographie.) 72
Les Trois Graces de Mopé (pays Attié). (D'après une photographie.) 73
Femme du pays Attié portant son enfant en groupe. (D'après une photographie.) 73
Une clairière près de Mopé. (D'après une photographie.) 74
La garnison de Mopé se porte à notre rencontre. (D'après une photographie.) 75
Femme de Mopé fabriquant son savon à base d'huile de palme et de cendres de peaux de bananes. (D'après une photographie.) 76
Danse exécutée aux funérailles du prince héritier de Mopé. (D'après une photographie.) 77
Toilette et embaumement du défunt. (D'après une photographie.) 78
Jeune femme et jeune fille de Mopé. (D'après une photographie.) 79
Route, dans la forêt tropicale, de Malamalasso à Daboissué. (D'après une photographie.) 80
Benié Coamé, roi de Bettié et autres lieux, entouré de ses femmes et de ses hauts dignitaires. (D'après une photographie.) 81
Chute du Mala-Mala, affluent du Comoé, à Malamalasso. (D'après une photographie.) 82
La vallée du Comoé à Malamalasso. (D'après une photographie.) 83
Tam-tam de guerre à Mopé. (D'après une photographie.) 84
Piroguiers de la côte d'Ivoire pagayant. (D'après une photographie.) 85
Allou, le boy du docteur Lamy. (D'après une photographie.) 85
La forêt tropicale à la côte d'Ivoire. (D'après une photographie.) 86
Le débitage des arbres. (D'après une photographie.) 87
Les lianes sur la rive du Comoé. (D'après une photographie.) 88
Les occupations les plus fréquentes au village: discussions et farniente Attié. (D'après une photographie.) 89
Un incendie à Grand-Bassam. (D'après une photographie.) 90
La danse indigène est caractérisée par des poses et des gestes qui rappellent une pantomime. (D'après une photographie.) 91
Une inondation à Grand-Bassam. (D'après une photographie.) 92
Un campement sanitaire à Abidjean. (D'après une photographie.) 93
Une rue de Jackville, sur le golfe de Guinée. (D'après une photographie.) 94
Grand-Bassam: cases détruites après une épidémie de fièvre jaune. (D'après une photographie.) 95
Grand-Bassam: le boulevard Treich-Laplène. (D'après une photographie.) 96
L'ÎLE D'ELBE
Par M. PAUL GRUYER
L'île d'Elbe se découpe sur l'horizon, abrupte, montagneuse et violâtre. 97
Une jeune fille elboise, au regard énergique, à la peau d'une blancheur de lait et aux beaux cheveux noirs. 97
Les rues de Porto-Ferraio sont toutes un escalier (page 100). 98
Porto-Ferraio: à l'entrée du port, une vieille tour génoise, trapue, bizarre de forme, se mire dans les flots. 99
Porto-Ferraio: la porte de terre, par laquelle sortait Napoléon pour se rendre à sa maison de campagne de San Martino. 100
Porto-Ferraio: la porte de mer, où aborda Napoléon. 101
La «teste» de Napoléon (page 100). 102
Porto-Ferraio s'échelonne avec ses toits plats et ses façades scintillantes de clarté (page 99). 103
Porto-Ferraio: les remparts découpent sur le ciel d'un bleu sombre leur profil anguleux (page 99). 103
La façade extérieure du «Palais» des Mulini où habitait Napoléon à Porto-Ferraio (page 101). 104
Le jardin impérial et la terrasse de la maison des Mulini (page 102). 105
La Via Napoleone, qui monte au «Palais» des Mulini. 106
La salle du conseil à Porto-Ferraio, avec le portrait de la dernière grande-duchesse de Toscane et celui de Napoléon, d'après le tableau de Gérard. 107
La grande salle des Mulini aujourd'hui abandonnée, avec ses volets clos et les peintures décoratives qu'y fit faire l'empereur (page 101). 107
Une paysanne elboise avec son vaste chapeau qui la protège du soleil. 108
Les mille mètres du Monte Capanna et de son voisin, le Monte Giove, dévalent dans les flots de toute leur hauteur. 109
Un enfant elbois. 109
Marciana Alta et ses ruelles étroites. 110
Marciana Marina avec ses maisons rangées autour du rivage et ses embarcations tirées sur la grève. 111
Les châtaigniers dans le brouillard, sur le faite du Monte Giove. 112
... Et voici au-dessus de moi Marciana Alta surgir des nuées (page 111). 113
La «Seda di Napoleone» sur le Monte Giove où l'empereur s'asseyait pour découvrir la Corse. 114
La blanche chapelle de Monserrat au centre d'un amphithéâtre de rochers est entourée de sveltes cyprès (page 117). 115
Voici Rio Montagne dont les maisons régulières et cubiques ont l'air de dominos empilés... (page 118). 115
(p. iii) J'aperçois Poggio, un autre village perdu aussi dans les nuées. 116
Une des trois chambres de l'ermitage. 117
L'ermitage du Marciana où l'empereur reçut la visite de la comtesse Walewska, le 3 Septembre 1814. 117
Le petit port de Porto-Longone dominé par la vieille citadelle espagnole (page 117). 118
La maison de Madame Mère à Marciana Alta. — «Bastia, signor!» — La chapelle de la Madone sur le Monte Giove. 119
Le coucher du soleil sur le Monte Giove. 120
Porto-Ferraio et son golfe vus des jardins de San Martino. 121
L'arrivée de Napoléon à l'île d'Elbe. (D'après une caricature du temps.) 121
Le drapeau de Napoléon roi de l'île d'Elbe: fond blanc, bande orangé-rouge et trois abeilles jadis dorées. 122
La salle de bains de San Martino a conservé sa baignoire de pierre. 123
La chambre de Napoléon à San Martino. 123
La cour de Napoléon à l'île d'Elbe. (D'après une caricature du temps.) 124
Une femme du village de Marciana Alta. 125
Le plafond de San Martino et les deux colombes symboliques représentant Napoléon et Marie-Louise. 126
San Martino rappelle par son aspect une de ces maisonnettes à la Jean-Jacques Rousseau, agrestes et paisibles (page 123). 126
Rideau du théâtre de Porto-Ferraio représentant Napoléon sous la figure d'Apollon gardant ses troupeaux chez Admète. 127
La salle égyptienne de San Martino est demeurée intacte avec ses peintures murales et son bassin à sec. 127
Broderies de soie du couvre-lit et du baldaquin du lit de Napoléon aux Mulini, dont on a fait le trône épiscopal de l'évêque d'Ajaccio. 128
La signorina Squarci dans la robe de satin blanc que son aïeule portait à la cour des Mulini. 129
Éventail de Pauline Borghèse, en ivoire sculpté, envoyé en souvenir d'elle à la signora Traditi, femme du maire de Porto-Ferraio. 130
Le lit de Madame Mère, qu'elle s'était fait envoyer de Paris à l'île d'Elbe. 130
Le vieil aveugle Soldani, fils d'un soldat de Waterloo, chauffait, à un petit brasero de terre jaune, ses mains osseuses. 131
L'entrée du goulet de Porto-Ferraio par où sortit la flottille impériale, le 26 février 1815. 132
D'ALEXANDRETTE
AU COUDE DE L'EUPHRATE
Par M. VICTOR CHAPOT
membre de l'École française d'Athènes.
Dans une sorte de cirque se dressent les pans de muraille du Ksar-el-Benat (page 142). (D'après une photographie.) 133
Le canal de Séleucie est, par endroits, un tunnel (page 140). 133
Vers le coude de l'Euphrate: la pensée de relever les traces de vie antique a dicté l'itinéraire. 134
L'Antioche moderne: de l'ancienne Antioche il ne reste que l'enceinte, aux flancs du Silpios (page 137). 135
Les rues d'Antioche sont étroites et tortueuses; parfois, au milieu, se creuse en fossé. (D'après une photographie.) 136
Le tout-Antioche inonde les promenades. (D'après une photographie.) 137
Les crêtes des collines sont couronnées de chapelles ruinées (page 142). 138
Alep est une ville militaire. (D'après une photographie.) 139
La citadelle d'Alep se détache des quartiers qui l'avoisinent (page 143). (D'après une photographie.) 139
Les parois du canal de Séleucie s'élèvent jusqu'à 40 mètres. (D'après une photographie.) 140
Les tombeaux de Séleucie s'étageaient sur le Kasios. (D'après une photographie.) 141
À Alep une seule mosquée peut presque passer pour une œuvre d'art. (D'après une photographie.) 142
Tout alentour d'Alep la campagne est déserte. (D'après une photographie.) 143
Le Kasr-el-Benat, ancien couvent fortifié. 144
Balkis éveille, de loin et de haut, l'idée d'une taupinière (page 147). (D'après une photographie.) 145
Stèle Hittite. L'artiste n'a exécuté qu'un premier ravalement (page 148). 145
Église arménienne de Nisib; le plan en est masqué au dehors. (D'après une photographie.) 146
Tell-Erfat est peuplé d'Yazides; on le reconnaît à la forme des habitations. (D'après une photographie.) 147
La rive droite de l'Euphrate était couverte de stations romaines et byzantines. (D'après une photographie.) 148
Biredjik vu de la citadelle: la plaine s'allonge indéfiniment (page 148). (D'après une photographie.) 149
Sérésat: village mixte d'Yazides et de Bédouins (page 146). (D'après une photographie.) 150
Les Tcherkesses diffèrent des autres musulmans; sur leur personne, pas de haillons (page 152). (D'après une photographie.) 151
Ras-el-Aïn. Deux jours se passent, mélancoliques, en négociations (page 155). (D'après une photographie.) 152
J'ai laissé ma tente hors les murs devant Orfa. (D'après une photographie.) 153
Environs d'Orfa: les vignes, basses, courent sur le sol. (D'après une photographie.) 154
Vue générale d'Orfa. (D'après une photographie.) 155
Porte arabe à Rakka (page 152). (D'après une photographie.) 156
Passage de l'Euphrate: les chevaux apeurés sont portés dans le bac à force de bras (page 159). (D'après une photographie.) 157
Bédouin. (D'après une photographie.) 157
Citadelle d'Orfa: deux puissantes colonnes sont restées debout. (D'après une photographie.) 158
Orfa: mosquée Ibrahim-Djami; les promeneurs flânent dans la cour et devant la piscine (page 157). (D'après une photographie.) 159
Pont byzantin et arabe (page 159). (D'après une photographie.) 160
Mausolée d'Alif, orné d'une frise de têtes sculptées (page 160). (D'après une photographie.) 161
Mausolée de Théodoret, selon la légende, près de Cyrrhus. (D'après une photographie.) 162
Kara-Moughara: au sommet se voit une grotte taillée (page 165). (D'après une photographie.) 163
L'Euphrate en amont de Roum-Kaleh; sur la falaise campait un petit corps de légionnaires romains (page 160). (D'après une photographie.) 163
Trappe de Checkhlé: un grand édifice en pierres a remplacé les premières habitations (page 166). 164
Trappe de Checkhlé: la chapelle (page 166). (D'après une photographie.) 165
Père Maronite (page 168). (D'après une photographie.) 166
Acbès est situé au fond d'un grand cirque montagneux (page 166). (D'après une photographie.) 167
Trappe de Checkhlé: premières habitations des trappistes (page 166). (D'après une photographie.) 168
LA FRANCE AUX NOUVELLES-HÉBRIDES
Par M. RAYMOND BEL
Indigènes hébridais de l'île de Spiritu-Santo. (D'après une photographie.) 169
Le petit personnel d'un colon de Malli-Colo. (D'après une photographie.) 169
Le quai de Franceville ou Port-Vila, dans l'île Vaté. (D'après une photographie.) 170
Une case de l'île de Spiritu-Santo et ses habitants. (D'après une photographie.) 171
Le port de Franceville ou Port-Vila, dans l'île Vaté, présente une rade magnifique. (D'après une photographie.) 172
(p. iv) C'est à Port-Vila ou Franceville, dans l'île Vaté, que la France a un résident. (D'après une photographie.) 173
Dieux indigènes ou Tabous. (D'après une photographie.) 174
Les indigènes hébridais de l'île Mallicolo ont un costume et une physionomie moins sauvages que ceux de l'île Pentecôte. (D'après des photographies.) 175
Pirogues de l'île Vao. (D'après une photographie.) 176
Indigènes employés au service d'un bateau. (D'après une photographie.) 177
Un sous-bois dans l'île de Spiritu-Santo. (D'après une photographie.) 178
Un banquet de Français à Port-Vila (Franceville). (D'après une photographie.) 179
La colonie française de Port-Vila (Franceville). (D'après une photographie.) 179
La rivière de Luganville. (D'après une photographie.) 180
LA RUSSIE, RACE COLONISATRICE
Par M. ALBERT THOMAS
Les enfants russes, aux grosses joues pales, devant l'isba (page 182). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 181
La reine des cloches «Tsar Kolokol» (page 180). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 181
Les chariots de transport que l'on rencontre en longues files dans les rues de Moscou (page 183). 182
Les paysannes en pèlerinage arrivées enfin à Moscou, la cité sainte (page 182). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 183
Une chapelle où les passants entrent adorer les icônes (page 183). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 184
La porte du Sauveur que nul ne peut franchir sans se découvrir (page 185). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 185
Une porte du Kreml (page 185). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 186
Les moines du couvent de Saint-Serge, un des couvents qui entourent la cité sainte (page 185). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 187
Deux villes dans le Kreml: celle du xve siècle, celle d'Ivan, et la ville moderne, que symbolise ici le petit palais (page 190). 188
Le mur d'enceinte du Kreml, avec ses créneaux, ses tours aux toits aigus (page 183). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 189
Tout près de l'Assomption, les deux églises-sœurs se dressent: les Saints-Archanges et l'Annonciation (page 186). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 189
À l'extrémité de la place Rouge, Saint-Basile dresse le fouillis de ses clochers (page 184). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 190
Du haut de l'Ivan Véliki, la ville immense se découvre (page 190). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 191
Un des isvotchiks qui nous mènent grand train à travers les rues de Moscou (page 182). 192
Il fait bon errer parmi la foule pittoresque des marchés moscovites, entre les petits marchands, artisans ou paysans qui apportent là leurs produits (page 195). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 193
L'isvotchik a revêtu son long manteau bleu (page 194). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 193
Itinéraire de Moscou à Tomsk. 194
À côté d'une épicerie, une des petites boutiques où l'on vend le kvass, le cidre russe (page 195). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 195
Et des Tatars offraient des étoffes étalées sur leurs bras (page 195). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 196
Patients, résignés, les cochers attendent sous le soleil de midi (page 194). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 197
Une cour du quartier ouvrier, avec l'icône protectrice (page 196). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 198
Sur le flanc de la colline de Nijni, au pied de la route qui relie la vieille ville à la nouvelle, la citadelle au marché (page 204). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 199
Le marché étincelait dans son fouillis (page 195). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 200
Déjà la grande industrie pénètre: on rencontre à Moscou des ouvriers modernes (page 195). (D'après une photographie.) 201
Sur l'Oka, un large pont de bois barrait les eaux (page 204). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 202
Dans le quartier ouvrier, les familles s'entassent, à tous les étages, autour de grandes cours (page 196). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 203
Le char funèbre était blanc et doré (page 194). (D'après une photographie.) 204
À Nijni, toutes les races se rencontrent, Grands-Russiens, Tatars, Tcherkesses (page 208). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 205
Une femme tatare de Kazan dans l'enveloppement de son grand châle (page 214). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 205
Nous avons traversé le grand pont qui mène à la foire (page 205). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 206
Au dehors, la vie de chaque jour s'étalait, pêle-mêle, à l'orientale (page 207). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 207
Les galeries couvertes, devant les boutiques de Nijni (page 206). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 208
Dans les rues, les petits marchands étaient innombrables (page 207). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 209
Dans une rue, c'étaient des coffres de toutes dimensions, peints de couleurs vives (page 206). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 210
Près de l'asile, nous sommes allés au marché aux cloches (page 208). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 211
Plus loin, sous un abri, des balances gigantesques étaient pendues (page 206). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 211
Dans une autre rue, les charrons avaient accumulé leurs roues (page 206). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 212
Paysannes russes, de celles qu'on rencontre aux petits marchés des débarcadères ou des stations (page 215). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 213
Le Kreml de Kazan. C'est là que sont les églises et les administrations (page 214). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 214
Sur la berge, des tarantass étaient rangées (page 216). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 215
Partout sur la Volga d'immenses paquebots et des remorqueurs (page 213). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 216
À presque toutes les gares il se forme spontanément un petit marché (page 222). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 217
Dans la plaine (page 221). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 217
Un petit fumoir, vitré de tous côtés, termine le train (page 218). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 218
Les émigrants étaient là, pêle-mêle, parmi leurs misérables bagages (page 226). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 219
Les petits garçons du wagon-restaurant s'approvisionnent (page 218). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 220
Émigrants prenant leur maigre repas pendant l'arrêt de leur train (page 228). (Photographie de M. A. N. de Koulomzine) 221
L'ameublement du wagon-restaurant était simple, avec un bel air d'aisance (page 218). (Photographie de M. A. N. de Koulomzine) 222
Les gendarmes qui assurent la police des gares du Transsibérien. (Photographie de M. Thiébeaux.) 223
L'église, près de la gare de Tchéliabinsk, ne diffère des isbas neuves que par son clocheton (page 225). (Photographie extraite du «Guide du Transsibérien».) 224
Un train de constructeurs était remisé là, avec son wagon-chapelle (page 225). (Photographie de M. A. N. de Koulomzine.) 225
Vue De Stretensk: la gare est sur la rive gauche, la ville sur la rive droite. (Photographie de M. A. N. de Koulomzine.) 226
(p. v) Un point d'émigration (page 228). (Photographie de M. A. N. de Koulomzine.) 227
Enfants d'émigrants (page 228). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 228
Un petit marché dans une gare du Transsibérien. (Photographie de M. Legras.) 229
La cloche luisait, immobile, sous un petit toit isolé (page 230). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 229
Nous sommes passés près d'une église à clochetons verts (page 230). (Photographie de M. Thiébeaux.) 230
Tomsk a groupé dans la vallée ses maisons grises et ses toits verts (page 230). (Photographie de M. Brocherel.) 231
Après la débâcle de la Tome, près de Tomsk (page 230). (D'après une photographie de M. Legras.) 232
Le chef de police demande quelques explications sur les passeports (page 232). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 233
La cathédrale de la Trinité à Tomsk (page 238). (Photographie extraite du «Guide du Transsibérien».) 234
Tomsk: en revenant de l'église (page 234). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 235
Tomsk n'était encore qu'un campement, sur la route de l'émigration (page 231). (D'après une photographie.) 236
Une rue de Tomsk, définie seulement par les maisons qui la bordent (page 231). (Photographie de M. Brocherel.) 237
Les cliniques de l'Université de Tomsk (page 238). (Photographie extraite du «Guide du Transsibérien».) 238
Les longs bâtiments blancs où s'abrite l'Université (page 237). (Photographie extraite du «Guide du Transsibérien».) 239
La voiture de l'icône stationnait parfois (page 230). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 240
Flâneurs à la gare de Petropavlosk (page 242). (D'après une photographie de M. Legras.) 241
Dans les vallées de l'Oural, habitent encore des Bachkirs (page 245). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 241
Un taillis de bouleaux entourait une petite mare. (D'après une photographie.) 242
Les rivières roulaient une eau claire (page 244). (D'après une photographie.) 243
La ligne suit la vallée des rivières (page 243). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 244
Comme toute l'activité commerciale semble frêle en face des eaux puissantes de la Volga! (page 248.) (D'après une photographie de M. G. Cahen.) 245
Bachkirs sculpteurs. (D'après une photographie de M. Paul Labbé.) 246
À la gare de Tchéliabinsk, toujours des émigrants (page 242). (D'après une photographie de M. J. Legras.) 247
Une bonne d'enfants, avec son costume traditionnel (page 251). (D'après une photographie de M. G. Cahen.) 248
Joie naïve de vivre, et mélancolie. — un petit marché du sud (page 250). (D'après une photographie de M. G. Cahen.) 249
Un russe dans son vêtement d'hiver (page 249). (D'après une photographie de M. G. Cahen.) 250
Dans tous les villages russes, une activité humble, pauvre de moyens. — Marchands de poteries (page 248). (D'après une photographie de M. G. Cahen.) 251
Là, au passage, un Kirghize sur son petit cheval (page 242). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 252
LUGANO, LA VILLE DES FRESQUES
Par M. GERSPACH
Lugano: les quais offrent aux touristes une merveilleuse promenade. (Photographie Alinari.) 253
Porte de la cathédrale Saint-Laurent de Lugano (page 256). (Photographie Alinari.) 253
Le lac de Lugano dont les deux bras enserrent le promontoire de San Salvatore. (D'après une photographie.) 254
La ville de Lugano descend en amphithéâtre jusqu'aux rives de son lac. (Photographie Alinari.) 255
Lugano: faubourg de Castagnola. (D'après une photographie.) 256
La cathédrale de Saint-Laurent: sa façade est décorée de figures de prophètes et de médaillons d'apôtres (page 256). (Photographie Alinari.) 257
Saint-Roch: détail de la fresque de Luini à Sainte-Marie-des-Anges (Photographie Alinari.) 258
La passion: fresque de Luini à l'église Sainte-Marie-des-Anges (page 260). (Photographie Alinari) 259
Saint Sébastien: détail de la grande fresque de Luini à Sainte-Marie-des-Anges. (Photographie Alinari.) 260
La madone, l'enfant Jésus et Saint Jean, par Luini, église Sainte-Marie-des-Anges (page 260). (Photographie Alinari.) 261
La Scène: fresque de Luini à l'église Sainte-Marie-des-Anges (page 260). 262
Lugano: le quai et le faubourg Paradiso. (Photographie Alinari.) 263
lac de Lugano: viaduc du chemin de fer du Saint-Gothard. (D'après une photographie.) 264
SHANGHAÏ, LA MÉTROPOLE CHINOISE
Par M. ÉMILE DESCHAMPS
Les quais sont animés par la population grouillante des Chinois (page 266). (D'après une photographie.) 265
Acteurs du théâtre chinois. (D'après une photographie.) 265
Plan de Shanghaï. 266
Shanghaï est sillonnée de canaux qui, à marée basse, montrent une boue noire et mal odorante. (Photographie de Mlle Hélène de Harven.) 267
Panorama de Shanghaï. (D'après une photographie.) 268
Dans la ville chinoise, les «camelots» sont nombreux, qui débitent en plein vent des marchandises ou des légendes extraordinaires. (D'après une photographie.) 269
Le poste de l'Ouest, un des quatre postes où s'abrite la milice de la Concession française (page 272). (D'après une photographie.) 270
La population ordinaire qui grouille dans les rues de la ville chinoise de Shanghaï (page 268). 271
Les coolies conducteurs de brouettes attendent nonchalamment l'arrivée du client (page 266). (Photographies de Mlle H. de Harven.) 271
Une maison de thé dans la cité chinoise. (D'après une photographie.) 272
Les brouettes, qui transportent marchandises ou indigènes, ne peuvent circuler que dans les larges avenues des concessions (page 270). (D'après une photographie.) 273
La prison de Shanghaï se présente sous l'aspect d'une grande cage, à forts barreaux de fer. (D'après une photographie.) 274
Le parvis des temples dans la cité est toujours un lieu de réunion très fréquenté. (D'après une photographie.) 275
Les murs de la cité chinoise, du côté de la Concession française. (D'après une photographie.) 276
La navigation des sampans sur le Ouang-Pô. (D'après une photographie.) 277
Aiguille de la pagode de Long-Hoa. (D'après une photographie.) 277
Rickshaws et brouettes sillonnent les ponts du Yang King-Pang. (D'après une photographie.) 278
Dans Broadway, les boutiques alternent avec des magasins de belle apparence (page 282). 279
Les jeunes Chinois flânent au soleil dans leur Cité. (Photographies de Mlle H. de Harven.) 279
Sur les quais du Yang-King-Pang s'élèvent des bâtiments, banques ou clubs, qui n'ont rien de chinois. (D'après une photographie.) 280
Le quai de la Concession française présente, à toute heure du jour, la plus grande animation. (D'après une photographie.) 281
Hong-Hoa: pavillon qui surmonte l'entrée de la pagode. (D'après une photographie.) 282
«L'omnibus du pauvre» (wheel-barrow ou brouette) fait du deux à l'heure et coûte quelques centimes seulement. (D'après une photographie.) 283
Une station de brouettes sur le Yang-King-Pang. (D'après une photographie.) 284
Les barques s'entre-croisent et se choquent devant le quai chinois de Tou-Ka-Dou. (D'après une photographie.) 285
(p. vi) Chinoises de Shanghaï. (D'après une photographie.) 286
Village chinois aux environs de Shanghaï. (D'après une photographie.) 287
Le charnier des enfants trouvés (page 280). (D'après une photographie.) 288
L'ÉDUCATION DES NÈGRES
AUX ÉTATS-UNIS
Par M. BARGY
L'école maternelle de Hampton accueille et occupe les négrillons des deux sexes. (D'après une photographie.) 289
Institut Hampton: cours de travail manuel. (D'après une photographie.) 289
Booker T. Washington, le leader de l'éducation des nègres aux États-Unis, fondateur de l'école de Tuskegee, en costume universitaire. (D'après une photographie.) 290
Institut Hampton: le cours de maçonnerie. (D'après une photographie.) 291
Institut Hampton: le cours de laiterie. (D'après une photographie.) 292
Institut Hampton: le cours d'électricité. (D'après une photographie.) 293
Institut Hampton: le cours de menuiserie. (D'après une photographie.) 294
Le salut au drapeau exécuté par les négrillons de l'Institut Hampton. (D'après une photographie.) 295
Institut Hampton: le cours de chimie. (D'après une photographie.) 296
Le basket ball dans les jardins de l'Institut Hampton. (D'après une photographie.) 297
Institut Hampton: le cours de cosmographie. (D'après une photographie.) 298
Institut Hampton: le cours de botanique. (D'après une photographie.) 299
Institut Hampton: le cours de mécanique. (D'après une photographie.) 300
À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE
Par le Major PERCY MOLESWORTH SYKES
Consul général de S. M. Britannique au Khorassan.
Une foule curieuse nous attendait sur les places de Mechhed. (D'après une photographie.) 301
Un poney persan et sa charge ordinaire. (D'après une photographie.) 301
Le plateau de l'Iran. Carte pour suivre le voyage de l'auteur, d'Astrabad à Kirman. 302
Les femmes persanes s'enveloppent la tête et le corps d'amples étoffes. (D'après une photographie.) 303
Paysage du Khorassan: un sol rocailleux et ravagé, une rivière presque à sec; au fond, des constructions à l'aspect de fortins. (D'après une photographie.) 304
Le sanctuaire de Mechhed est parmi les plus riches et les plus visités de l'Asie. (D'après une photographie.) 305
La cour principale du sanctuaire de Mechhed. (D'après une photographie.) 306
Enfants nomades de la Perse orientale. (D'après une photographie.) 307
Jeunes filles kurdes des bords de la mer Caspienne. (D'après une photographie.) 308
Les préparatifs d'un campement dans le désert de Lout. (D'après une photographie.) 309
Le désert de Lout n'est surpassé, en aridité, par aucun autre de l'Asie. (D'après une photographie.) 310
Avant d'arriver à Kirman, nous avions à traverser la chaîne de Kouhpaia. (D'après une photographie.) 311
Rien n'égale la désolation du désert de Lout. (D'après une photographie.) 312
La communauté Zoroastrienne de Kirman vint, en chemin, nous souhaiter la bienvenue. (D'après une photographie.) 313
Un marchand de Kirman. (D'après une photographie.) 313
Le «dôme de Djabalia», ruine des environs de Kirman, ancien sanctuaire ou ancien tombeau. (D'après une photographie.) 314
À Kirman: le jardin qui est loué par le Consulat, se trouve à un mille au delà des remparts. (D'après une photographie.) 315
Une avenue dans la partie ouest de Kirman. (D'après une photographie.) 316
Les gardes indigènes du Consulat anglais de Kirman. (D'après une photographie.) 317
La plus ancienne mosquée de Kirman est celle dite Masdjid-i-Malik. (D'après une photographie.) 318
Membres des cheikhis, secte qui en compte 7~000 dans la province de Kirman. (D'après une photographie.) 319
La Masdjid Djami, construite en 1349, une des quatre-vingt-dix mosquées de Kirman. (D'après une photographie.) 320
Dans la partie ouest de Kirman se trouve le Bagh-i-Zirisf, terrain de plaisance occupé par des jardins. (D'après une photographie.) 321
Les environs de Kirman comptent quelques maisons de thé. (D'après une photographie.) 322
Une «tour de la mort», où les Zoroastriens exposent les cadavres. (D'après une photographie.) 323
Le fort dit Kala-i-Dukhtar ou fort de la Vierge, aux portes de Kirman. (D'après une photographie.) 324
Le «Farma Farma». (D'après une photographie.) 325
Indigènes du bourg d'Aptar, Baloutchistan. (D'après une photographie.) 325
Carte du Makran. 326
Baloutches de Pip, village de deux cents maisons groupées autour d'un fort. (D'après une photographie.) 327
Des forts abandonnés rappellent l'ancienne puissance du Baloutchistan. (D'après une photographie.) 328
Chameliers brahmanes du Baloutchistan. (D'après une photographie.) 329
La passe de Fanoch, faisant communiquer la vallée du même nom et la vallée de Lachar. (D'après une photographie.) 330
Musiciens ambulants du Baloutchistan. (D'après une photographie.) 331
Une halte dans les montagnes du Makran. (D'après une photographie.) 332
Baloutches du district de Sarhad. (D'après une photographie.) 333
Un fortin sur les frontières du Baloutchistan. (D'après une photographie.) 334
Dans les montagnes du Makran: À des collines d'argile succèdent de rugueuses chaînes calcaires. (D'après une photographie.) 335
Bureau du télégraphe sur la côte du Makran. (D'après une photographie.) 336
L'oasis de Djalsk, qui s'étend sur 10 kilomètres carrés, est remplie de palmiers-dattiers, et compte huit villages. (D'après une photographie.) 337
Femme Parsi du Baloutchistan. (D'après une photographie.) 337
Carte pour suivre les délimitations de la frontière perso-baloutche. 338
Nous campâmes à Fahradj, sur la route de Kouak, dans une palmeraie. (D'après une photographie.) 339
C'est à Kouak que les commissaires anglais et persans s'étaient donné rendez-vous. (D'après une photographie.) 340
Le sanctuaire de Mahoun, notre première étape sur la route de Kouak. (D'après une photographie.) 341
Cour intérieure du sanctuaire de Mahoun. (D'après une photographie.) 342
Le khan de Kélat et sa cour. (D'après une photographie.) 343
Jardins du sanctuaire de Mahoun. (D'après une photographie.) 344
Dans la vallée de Kalagan, près de l'oasis de Djalsk. (D'après une photographie.) 345
Oasis de Djalsk: Des édifices en briques abritent les tombes d'une race de chefs disparue. (D'après une photographie.) 346
Indigènes de l'oasis de Pandjgour, à l'est de Kouak. (D'après une photographie.) 347
Camp de la commission de délimitation sur la frontière perso-baloutche. (D'après une photographie.) 348
Campement de la commission des frontières perso-baloutches. (D'après une photographie.) 349
Parsi de Yezd. (D'après une photographie.) 349
Une séance d'arpentage dans le Seistan. (D'après une photographie.) 350
(p. vii) Les commissaires persans de la délimitation des frontières perso-baloutches. (D'après une photographie.) 351
Le delta du Helmand. 352
Sculptures sassanides de Persépolis. (D'après une photographie.) 352
Un gouverneur persan et son état-major. (D'après une photographie.) 353
La passe de Buzi. (D'après une photographie.) 354
Le Gypsies du sud-est persan. 355
Sur la lagune du Helmand. (D'après une photographie.) 356
Couple baloutche. (D'après une photographie.) 357
Vue de Yezd, par où nous passâmes pour rentrer à Kirman. (D'après une photographie.) 358
La colonne de Nadir s'élève comme un phare dans le désert. (D'après une photographie.) 359
Mosquée de Yezd. (D'après une photographie.) 360
AUX RUINES D'ANGKOR
Par M. le Vicomte De MIRAMON-FARGUES
Entre le sanctuaire et la seconde enceinte qui abrite sous ses voûtes un peuple de divinités de pierre.... (D'après une photographie.) 361
Emblème décoratif (art khmer). (D'après une photographie.) 361
Porte d'entrée de la cité royale d'Angkor-Tom, dans la forêt. (D'après une photographie.) 362
Ce grand village, c'est Siem-Réap, capitale de la province. (D'après une photographie) 363
Une chaussée de pierre s'avance au milieu des étangs. (D'après une photographie.) 364
Par des escaliers invraisemblablement raides, on gravit la montagne sacrée. (D'après une photographie.) 365
Colonnades et galeries couvertes de bas-reliefs. (D'après une photographie.) 366
La plus grande des deux enceintes mesure 2 kilomètres de tour; c'est un long cloître. (D'après une photographie.) 367
Trois dômes hérissent superbement la masse formidable du temple d'Angkor-Wat. (D'après une photographie.) 367
Bas-relief du temple d'Angkor. (D'après une photographie.) 368
La forêt a envahi le second étage d'un palais khmer. (D'après une photographie.) 369
Le gouverneur réquisitionne pour nous des charrettes à bœufs. (D'après une photographie.) 370
La jonque du deuxième roi, qui a, l'an dernier, succédé à Norodom. (D'après une photographie.) 371
Le palais du roi, à Oudong-la-Superbe. (D'après une photographie.) 371
Sculptures de l'art khmer. (D'après une photographie.) 372
EN ROUMANIE
Par M. Th. HEBBELYNCK
La petite ville de Petrozeny n'est guère originale; elle a, de plus, un aspect malpropre. (D'après une photographie.) 373
Paysan des environs de Petrozeny et son fils. (D'après une photographie.) 373
Carte de Roumanie pour suivre l'itinéraire de l'auteur. 374
Vendeuses au marché de Targu-Jiul. (D'après une photographie.) 375
La nouvelle route de Valachie traverse les Carpathes et aboutit à Targu-Jiul. (D'après une photographie.) 376
C'est aux environs d'Arad que pour la première fois nous voyons des buffles domestiques. (D'après une photographie.) 377
Montagnard roumain endimanché. (Cliché Anerlich.) 378
Derrière une haie de bois blanc s'élève l'habitation modeste. (D'après une photographie.) 379
Nous croisons des paysans roumains. (D'après une photographie.) 379
Costume national de gala, roumain. (Cliché Cavallar.) 380
Dans les vicissitudes de leur triste existence, les tziganes ont conservé leur type et leurs mœurs. (Photographie Anerlich.) 381
Un rencontre près de Padavag d'immenses troupeaux de bœufs. (D'après une photographie.) 382
Les femmes de Targu-Jiul ont des traits rudes et sévères, sous le linge blanc. (D'après une photographie.) 383
En Roumanie, on ne voyage qu'en victoria. (D'après une photographie.) 384
Dans la vallée de l'Olt, les «castrinza» des femmes sont décorées de paillettes multicolores. 385
Dans le village de Slanic. (D'après une photographie.) 385
Roumaine du défilé de la Tour-Rouge. (D'après une photographie.) 386
La petite ville d'Horezu est charmante et animée. (D'après une photographie.) 387
La perle de Curtea, c'est cette superbe église blanche, scintillante sous ses coupoles dorées. (D'après une photographie.) 388
Une ferme près du monastère de Bistritza. (D'après une photographie.) 389
Entrée de l'église de Curtea. (D'après une photographie.) 390
Les religieuses du monastère d'Horezu portent le même costume que les moines. (D'après une photographie.) 391
Devant l'entrée de l'église se dresse le baptistère de Curtea. (D'après une photographie.) 392
Au marché de Campolung. (D'après une photographie.) 393
L'excursion du défilé de Dimboviciora est le complément obligé d'un séjour à Campolung. (D'après une photographie.) 394
Dans le défilé de Dimboviciora. (D'après des photographies.) 395
Dans les jardins du monastère de Curtea. 396
Sinaïa: le château royal, Castel Pelés, sur la montagne du même nom. (D'après une photographie.) 397
Un enfant des Carpathes. (D'après une photographie.) 397
Une fabrique de ciment groupe autour d'elle le village de Campina. (D'après une photographie.) 398
Vue intérieure des mines de sel de Slanic. (D'après une photographie.) 399
Entre Campina et Sinaïa la route de voiture est des plus poétiques. (D'après une photographie.) 400
Un coin de Campina. (D'après une photographie.) 401
Les villas de Sinaïa. (D'après une photographie.) 402
Vues de Bucarest: le boulevard Coltei. — L'église du Spiritou Nou. — Les constructions nouvelles du boulevard Coltei. — L'église métropolitaine. — L'Université. — Le palais Stourdza. — Un vieux couvent. — (D'après des photographies.) 403
Le monastère de Sinaïa se dresse derrière les villas et les hôtels de la ville. (D'après une photographie.) 404
Une des deux cours intérieures du monastère de Sinaïa. (D'après une photographie.) 405
Une demeure princière de Sinaïa. (D'après une photographie.) 406
Busteni (les villas, l'église), but d'excursion pour les habitants de Sinaïa. (D'après une photographie.) 407
Slanic: un wagon de sel. (D'après une photographie.) 408
CROQUIS HOLLANDAIS
Par M. Lud. GEORGES HAMÖN
Photographies de l'auteur.
À la kermesse. 409
Ces anciens, pour la plupart, ont une maigreur de bon aloi. 409
Des «boerin» bien prises en leurs justins marchent en roulant, un joug sur les épaules. 410
Par intervalles une femme sort avec des seaux; elle lave sa demeure de haut en bas. 410
Emplettes familiales. 411
Les ménagères sont là, également calmes, lentes, avec leurs grosses jupes. 411
Jeune métayère de Middelburg. 412
Middelburg: le faubourg qui prend le chemin du marché conduit à un pont. 412
Une mère, songeuse, promenait son petit garçon. 413
Une famille hollandaise au marché de Middelburg. 414
Le marché de Middelburg: considérations sur la grosseur des betteraves. 415
Des groupes d'anciens en culottes courtes, chapeaux marmites. 416
(p. viii) Un septuagénaire appuyé sur son petit-fils me sourit bonassement. 417
Roux en le décor roux, l'éclusier fumait sa pipe. 417
Le village de Zoutelande. 418
Les grandes voitures en forme de nacelle, recouvertes de bâches blanches. 419
Aussi comme on l'aime, ce home. 420
Les filles de l'hôtelier de Wemeldingen. 421
Il se campe près de son cheval. 421
Je rencontre à l'orée du village un couple minuscule. 422
La campagne hollandaise. 423
Environs de Westkapelle: deux femmes reviennent du «molen». 423
Par tous les sentiers, des marmots se juchèrent. 424
Le père Kick symbolisait les générations des Néerlandais défunts. 425
Wemeldingen: un moulin colossal domine les digues. 426
L'une entonna une chanson. 427
Les moutons broutent avec ardeur le long des canaux. 428
Famille hollandaise en voyage. 429
Ah! les moulins; leur nombre déroute l'esprit. 429
Les chariots enfoncés dans les champs marécageux sont enlevés par de forts chevaux. 430
La digue de Westkapelle. 431
Les écluses ouvertes. 432
Les petits garçons rôdent par bandes, à grand bruit de sabots sonores.... 433
Jeune mère à Marken. 433
Volendam, sur les bords du Zuiderzee, est le rendez-vous des peintres de tous les pays. 434
Avec leurs figures rondes, épanouies de contentement, les petites filles de Volendam font plaisir à voir. 435
Aux jours de lessive, les linges multicolores flottent partout. 436
Les jeunes filles de Volendam sont coiffées du casque en dentelle, à forme de «salade» renversée. 437
Deux pêcheurs accroupis au soleil, à Volendam. 438
Une lessive consciencieuse. 439
Il y a des couples d'enfants ravissants, d'un type expressif. 440
Les femmes de Volendam sont moins claquemurées en leur logis. 441
Vêtu d'un pantalon démesuré, le pêcheur de Volendam a une allure personnelle. 442
Un commencement d'idylle à Marken. 443
Les petites filles sont charmantes. 444
ABYDOS
dans les temps anciens et dans les temps modernes
Par M. E. AMELINEAU
Le lac sacré d'Osiris, situé au sud-est de son temple, qui a été détruit. (D'après une photographie.) 445
Séti Ier présentant des offrandes de pain, légumes, etc. (D'après une photographie.) 445
Une rue d'Abydos. (D'après une photographie.) 446
Maison d'Abydos habitée par l'auteur, pendant les trois premières années. (D'après une photographie.) 447
Le prêtre-roi rendant hommage à Séti Ier (chambre annexe de la deuxième salle d'Osiris). (D'après une photographie.) 448
Thot présentant le signe de la vie aux narines du roi Séti Ier (chambre annexe de la deuxième salle d'Osiris). (D'après une photographie.) 449
Le dieu Thot purifiant le roi Séti Ier (chambre annexe de la deuxième salle d'Osiris, mur sud). (D'après une photographie.) 450
Vue intérieure du temple de Ramsès II. (D'après une photographie.) 451
Perspective de la seconde salle hypostyle du temple de Séti Ier. (D'après une photographie.) 451
Temple de Séti Ier, mur est, pris du mur nord. Salle due à Ramsès II. (D'après une photographie.) 452
Temple de Séti Ier, mur est, montrant des scènes diverses du culte. (D'après une photographie.) 453
Table des rois Séti Ier et Ramsès II, faisant des offrandes aux rois leurs prédécesseurs. (D'après une photographie.) 454
Vue générale du temple de Séti Ier, prise de l'entrée. (D'après une photographie.) 455
Procession des victimes amenées au sacrifice (temple de Ramsès II). (D'après une photographie.) 456
VOYAGE DU PRINCE SCIPION BORGHÈSE
AUX MONTS CÉLESTES
Par M. JULES BROCHEREL
Le bazar de Tackhent s'étale dans un quartier vieux et fétide. (D'après une photographie.) 457
Un Kozaque de Djarghess. (D'après une photographie.) 457
Itinéraire de Tachkent à Prjevalsk. 458
Les marchands de pain de Prjevalsk. (D'après une photographie.) 459
Un des trente-deux quartiers du bazar de Tachkent. (D'après une photographie.) 460
Un contrefort montagneux borde la rive droite du «tchou». (D'après une photographie.) 461
Le bazar de Prjevalsk, principale étape des caravaniers de Viernyi et de Kachgar. (D'après une photographie.) 462
Couple russe de Prjevalsk. (D'après une photographie.) 463
Arrivée d'une caravane à Prjevalsk. (D'après une photographie.) 464
Le chef des Kirghizes et sa petite famille. (D'après une photographie.) 465
Notre djighite, sorte de garde et de policier. (D'après une photographie.) 466
Le monument de Prjevalsky, à Prjevalsk. (D'après une photographie.) 467
Des têtes humaines, grossièrement sculptées, monuments funéraires des Nestoriens... (D'après une photographie.) 467
Enfants kozaques sur des bœufs. (D'après une photographie.) 468
Un de nos campements dans la montagne. (D'après une photographie.) 469
Montée du col de Tomghent. (D'après une photographie.) 469
Dans la vallée de Kizil-Tao. (D'après une photographie.) 470
Itinéraire du voyage aux Monts Célestes. 470
La carabine de Zurbriggen intriguait fort les indigènes. (D'après une photographie.) 471
Au sud du col s'élevait une blanche pyramide de glace. (D'après une photographie.) 472
La vallée de Kizil-Tao. (D'après une photographie.) 473
Le col de Karaguer, vallée de Tomghent. (D'après une photographie.) 474
Sur le col de Tomghent. (D'après une photographie.) 475
J'étais enchanté des aptitudes alpinistes de nos coursiers. (D'après une photographie.) 475
Le plateau de Saridjass, peu tourmenté, est pourvu d'une herbe suffisante pour les chevaux. (D'après une photographie.) 476
Nous passons à gué le Kizil-Sou. (D'après des photographies.) 477
Panorama du massif du Khan-Tengri. (D'après une photographie.) 478
Entrée de la vallée de Kachkateur. (D'après une photographie.) 479
Nous baptisâmes Kachkateur-Tao, la pointe de 4~250 mètres que nous avions escaladée. (D'après une photographie.) 479
La vallée de Tomghent. (D'après une photographie.) 480
Des Kirghizes d'Oustchiar étaient venus à notre rencontre. (D'après une photographie.) 481
Kirghize joueur de flûte. (D'après une photographie.) 481
Le massif du Kizil-Tao. (D'après une photographie.) 482
Région des Monts Célestes. 482
Les Kirghizes mènent au village une vie peu occupée. (D'après une photographie.) 483
Notre petite troupe s'aventure audacieusement sur la pente glacée. (D'après une photographie.) 484
Vallée supérieure d'Inghiltchik. (D'après une photographie.) 485
(p. ix) Vallée de Kaende: l'eau d'un lac s'écoulait au milieu d'une prairie émaillée de fleurs. (D'après une photographie.) 486
Les femmes kirghizes d'Oustchiar se rangèrent, avec leurs enfants, sur notre passage. (D'après une photographie.) 487
Le chirtaï de Kaende. (D'après une photographie.) 488
Nous saluâmes la vallée de Kaende comme un coin de la terre des Alpes. (D'après une photographie.) 489
Femmes mariées de la vallée de Kaende, avec leur progéniture. (D'après une photographie.) 490
L'élément mâle de la colonie vint tout l'après-midi voisiner dans notre campement. (D'après une photographie.) 491
Un «aoul» kirghize. 492
Yeux bridés, pommettes saillantes, nez épaté, les femmes de Kaende sont de vilaines Kirghizes. (D'après une photographie.) 493
Enfant kirghize. (D'après une photographie.) 493
Kirghize dressant un aigle. (D'après une photographie.) 494
Itinéraire du voyage aux Monts Célestes. 494
Nous rencontrâmes sur la route d'Oustchiar un berger et son troupeau. (D'après une photographie.) 495
Je photographiai les Kirghizes de Kaende, qui s'étaient, pour nous recevoir, assemblés sur une éminence. (D'après une photographie.) 496
Le glacier de Kaende. (D'après une photographie.) 497
L'aiguille d'Oustchiar vue de Kaende. 498
Notre cabane au pied de l'aiguille d'Oustchiar. (D'après des photographies.) 498
Kirghizes de Kaende. (D'après une photographie.) 499
Le pic de Kaende s'élève à 6~000 mètres. (D'après une photographie.) 500
La fille du chirtaï (chef) de Kaende, fiancée au kaltchè de la vallée d'Irtach. (D'après une photographie.) 501
Le kaltchè (chef) de la vallée d'Irtach, l'heureux fiancé de la fille du chirtaï de Kaende. (D'après une photographie.) 502
Le glacier de Kaende. 503
Cheval kirghize au repos sur les flancs du Kaende. (D'après des photographies.) 503
Retour des champs. (D'après une photographie.) 504
Femmes kirghizes de la vallée d'Irtach. (D'après une photographie.) 505
Un chef de district dans la vallée d'Irtach. (D'après une photographie.) 505
Le pic du Kara-tach, vu d'Irtach, prend vaguement l'aspect d'une pyramide. (D'après une photographie.) 506
Les caravaniers passent leur vie dans les Monts Célestes, emmenant leur famille avec leurs marchandises. (D'après une photographie.) 507
La vallée de Zououka, par où transitent les caravaniers de Viernyi à Kachgar. (D'après une photographie.) 508
Le massif du Djoukoutchiak; au pied, le dangereux col du même nom, fréquenté par les nomades qui se rendent à Prjevalsk. (D'après une photographie.) 509
Le chaos des pics dans le Kara-Tao. (D'après une photographie.) 510
Étalon kirghize de la vallée d'Irtach et son cavalier. (D'après une photographie.) 511
Véhicule kirghize employé dans la vallée d'Irtach. (D'après une photographie.) 511
Les roches plissées des environs de Slifkina, sur la route de Prjevalsk. (D'après une photographie.) 512
Campement kirghize, près de Slifkina. (D'après une photographie.) 513
Femme kirghize tannant une peau. (D'après une photographie.) 514
Les glaciers du Djoukoutchiak-Tao. (D'après une photographie.) 515
Tombeau kirghize. (D'après une photographie.) 516
L'ARCHIPEL DES FEROÉ
Par Mlle ANNA SEE
«L'espoir des Feroé» se rendant à l'école. (D'après une photographie.) 517
Les enfants transportent la tourbe dans des hottes en bois. (D'après une photographie.) 517
Thorshavn apparut, construite en amphithéâtre au fond d'un petit golfe. 518
Les fermiers de Kirkebœ en habits de fête. (D'après une photographie.) 519
Les poneys feroïens et leurs caisses à transporter la tourbe. (D'après une photographie.) 520
Les dénicheurs d'oiseaux se suspendent à des cordes armées d'un crampon. (D'après une photographie.) 521
Des îlots isolés, des falaises de basalte ruinées par le heurt des vagues. (D'après des photographies.) 522
On pousse vers la plage les cadavres des dauphins, qui ont environ 6 mètres. (D'après une photographie.) 523
Les femmes feroïennes préparent la laine.... (D'après une photographie.) 524
On sale les morues. (D'après une photographie.) 525
Feroïen en costume de travail. (D'après une photographie.) 526
Les femmes portent une robe en flanelle tissée avec la laine qu'elles ont cardée et filée. (D'après une photographie.) 527
Déjà mélancolique!... (D'après une photographie.) 528
PONDICHÉRY
chef-lieu de l'Inde française
Par M. G. VERSCHUUR
Groupe de Brahmanes électeurs français. (D'après une photographie.) 529
Musicien indien de Pondichéry. (D'après une photographie.) 529
Les enfants ont une bonne petite figure et un costume peu compliqué. (D'après une photographie.) 530
La visite du marché est toujours une distraction utile pour le voyageur. (D'après une photographie.) 531
Indienne en costume de fête. (D'après une photographie.) 532
Groupe de Brahmanes français. (D'après une photographie.) 533
La pagode de Villenour, à quelques kilomètres de Pondichéry. (D'après une photographie.) 534
Intérieur de la pagode de Villenour. (D'après une photographie.) 535
La Fontaine aux Bayadères. (D'après une photographie.) 536
Plusieurs rues de Pondichéry sont larges et bien bâties. (D'après une photographie.) 537
Étang de la pagode de Villenour. (D'après une photographie.) 538
Brahmanes français attendant la clientèle dans un bazar. (D'après une photographie.) 539
La statue de Dupleix à Pondichéry. (D'après une photographie.) 540
UNE PEUPLADE MALGACHE
LES TANALA DE L'IKONGO
Par M. le Lieutenant ARDANT DU PICQ
Les populations souhaitent la bienvenue à l'étranger. (D'après une photographie.) 541
Femme d'Ankarimbelo. (D'après une photographie.) 541
Carte du pays des Tanala. 542
Les femmes tanala sont sveltes, élancées. (D'après une photographie.) 543
Panorama de Fort-Carnot. (D'après une photographie.) 544
Groupe de Tanala dans la campagne de Milakisihy. (D'après une photographie.) 545
Un partisan tanala tirant à la cible à Fort-Carnot. (D'après une photographie.) 546
Enfants tanala. (D'après une photographie.) 547
Les hommes, tous armés de la hache. (D'après une photographie.) 548
Les cercueils sont faits d'un tronc d'arbre creusé, et recouverts d'un drap. (D'après une photographie.) 549
Le battage du riz. (D'après une photographie.) 550
(p. x) Une halte de partisans dans la forêt. (D'après une photographie.) 551
Femmes des environs de Fort-Carnot. (D'après une photographie.) 552
Les Tanala au repos perdent toute leur élégance naturelle. (D'après une photographie.) 553
Une jeune beauté tanala. (D'après une photographie.) 553
Le Tanala, maniant une sagaie, a le geste élégant et souple. (D'après une photographie.) 554
Le chant du «e manenina», à Iaborano. (D'après une photographie.) 555
La rue principale à Sahasinaka. (D'après une photographie.) 556
La danse est exécutée par des hommes, quelquefois par des femmes. (D'après une photographie.) 557
Un danseur botomaro. (D'après une photographie.) 558
La danse, chez les Tanala, est expressive au plus haut degré. (D'après des photographies.) 559
Tapant à coups redoublés sur un long bambou, les Tanala en tirent une musique étrange. (D'après une photographie.) 560
Femmes tanala tissant un lamba. (D'après une photographie.) 561
Le village et le fort de Sahasinaka s'élèvent sur les hauteurs qui bordent le Faraony. (D'après une photographie.) 562
Un détachement d'infanterie coloniale traverse le Rienana. (D'après une photographie.) 563
Profil et face de femmes tanala. (D'après une photographie.) 564
LA RÉGION DU BOU HEDMA
(sud tunisien)
Par M. Ch. MAUMENÉ
Les murailles de Sfax, véritable décor d'opéra.... (D'après une photographie.) 565
Salem, le domestique arabe de l'auteur. (D'après une photographie.) 565
Carte de la région du Bou Hedma (sud tunisien). 566
Les sources chaudes de l'oued Hadedj sont sulfureuses. (D'après une photographie.) 567
L'oued Hadedj, d'aspect si charmant, est un bourbier qui sue la fièvre. (D'après une photographie.) 568
Le cirque du Bou Hedma. (D'après une photographie.) 569
L'oued Hadedj sort d'une étroite crevasse de la montagne. (D'après une photographie.) 570
Manoubia est une petite paysanne d'une douzaine d'années. (D'après une photographie.) 571
Un puits dans le défilé de Touninn. (D'après une photographie.) 571
Le ksar de Sakket abrite les Ouled bou Saad Sédentaires, qui cultivent oliviers et figuiers. (D'après une photographie.) 572
De temps en temps la forêt de gommiers se révèle par un arbre. (D'après une photographie.) 573
Le village de Mech; dans l'arrière-plan, le Bou Hedma. (D'après une photographie.) 574
Le Khrangat Touninn (défile de Touninn), que traverse le chemin de Bir Saad à Sakket. (D'après une photographie.) 575
Le puits de Bordj Saad. (D'après une photographie.) 576
DE TOLÈDE À GRENADE
Par Mme JANE DIEULAFOY
Après avoir croisé des bœufs superbes.... (D'après une photographie.) 577
Femme castillane. (D'après une photographie.) 577
On chemine à travers l'inextricable réseau des ruelles silencieuses. (D après une photographie.) 578
La rue du Commerce, à Tolède. (D'après une photographie.) 579
Un représentant de la foule innombrable des mendiants de Tolède. (D'après une photographie.) 580
Dans des rues tortueuses s'ouvrent les entrées monumentales d'anciens palais, tel que celui de la Sainte Hermandad. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 581
Porte du vieux palais de Tolède. (D'après une photographie.) 582
Fière et isolée comme un arc de triomphe, s'élève la merveilleuse Puerta del Sol. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 583
Détail de sculpture mudejar dans le Transito. (D'après une photographie.) 584
Ancienne sinagogue connue sous le nom de Santa Maria la Blanca. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 585
Madrilène. (D'après une photographie.) 586
La porte de Visagra, construction massive remontant à l'époque de Charles Quint. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 587
Tympan mudejar. (D'après une photographie.) 588
Des familles d'ouvriers ont établi leurs demeures près de murailles solides. (D'après une photographie.) 589
Castillane et Sévillane. (D'après une photographie.) 589
Isabelle de Portugal, par le Titien (Musée du Prado). (Photographie Lacoste, à Madrid.) 590
Le palais de Pierre le Cruel. (D'après une photographie.) 591
Statue polychrome du prophète Élie, dans l'église de Santo Tomé (auteur inconnu). (D'après une photographie.) 592
Porte du palais de Pierre le Cruel. (D'après une photographie.) 593
Portrait d'homme, par le Greco. (Photographie Hauser y Menet, à Madrid.) 594
La cathédrale de Tolède. 595
Enterrement du comte d'Orgaz, par le Greco (église Santo Tomé). (D'après une photographie.) 596
Le couvent de Santo Tomé conserve une tour en forme de minaret. (D'après une photographie.) 597
Les évêques Mendoza et Ximénès. (D'après une photographie.) 598
Salon de la prieure, au couvent de San Juan de la Penitencia. (D'après une photographie.) 599
Prise de Melilla (cathédrale de Tolède). (D'après une photographie.) 600
C'est dans cette pauvre demeure que vécut Cervantès pendant son séjour à Tolède. (D'après une photographie.) 601
Saint François d'Assise, par Alonzo Cano, cathédrale de Tolède. 601
Porte des Lions. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 602
Le cloître de San Juan de los Reyes apparaît comme le morceau le plus précieux et le plus fleuri de l'architecture gothique espagnole. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 603
Ornements d'église, à Madrid. (D'après une photographie.) 604
Porte due au ciseau de Berruguete, dans le cloître de la cathédrale de Tolède. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 605
Une torea. (D'après une photographie.) 606
Vue intérieure de l'église de San Juan de Los Reyes. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 607
Une rue de Tolède. (D'après une photographie.) 608
Porte de l'hôpital de Santa Cruz. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 609
Sur les bords du Tage. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 610
Escalier de l'hôpital de Santa Cruz. (D'après une photographie.) 611
Détail du plafond de la cathédrale. (D'après une photographie) 612
Pont Saint-Martin à Tolède. (D'après une photographie.) 613
Guitariste castillane. (D'après une photographie.) 613
La «Casa consistorial», hôtel de ville. (D'après une photographie.) 614
Le «patio» des Templiers. (D'après une photographie.) 615
Jeune femme de Cordoue avec la mantille en chenille légère. (D'après une photographie.) 616
Un coin de la Mosquée de Cordoue. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 617
Chapelle de San Fernando, de style mudejar, élevée au (p. xi) centre de la Mosquée de Cordoue. (D'après une photographie.) 618
La mosquée qui fait la célébrité de Cordoue, avec ses dix-neuf galeries hypostyles, orientées vers la Mecque. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 619
Détail de la chapelle de San Fernando. (D'après une photographie.) 620
Vue extérieure de la Mosquée de Cordoue, avec l'église catholique élevée en 1523, malgré les protestations des Cordouans. (D'après une photographie.) 621
Statue de Gonzalve de Cordoue. (D'après une photographie.) 622
Statue de doña Maria Manrique, femme de Gonzalve de Cordoue. (D'après une photographie.) 623
Détail d'une porte de la mosquée. (D'après une photographie.) 624
Note 1: Les pages dont nous donnons ici la primeur aux lecteurs du Tour du Monde sont empruntées au livre encore inédit: NAPOLÉON, ROI DE L'ÎLE D'ELBE, que doit prochainement publier la librairie Hachette, et qui sera l'histoire complète et singulièrement vivante, reconstituée sur place par l'auteur, de cette période si peu connue de la vie impériale.[Retour au texte principal]
Note 2: Allusion aux mines de fer de l'île, dont nous parlerons tout à l'heure.[Retour au texte principal]
Les pages dont nous donnons ici la primeur aux lecteurs du Tour du Monde sont empruntées au livre encore inédit: NAPOLÉON ROI DE L'ÎLE D'ELBE, que doit prochainement publier la librairie Hachette, et qui sera l'histoire complète et singulièrement vivante, reconstituée sur place par l'auteur, de cette période si peu connue de la vie impériale.[Retour au texte principal]
Note 4: Il existe encore en Provence, dans les Pyrénées et parmi presque tous les pays du Midi, un assez grand nombre de ces ermites laïques, qui n'ont plus aucun caractère religieux, mais qui sont simplement chargés, par les communes ou par l'église, de la garde et de l'entretien de certains sanctuaires célèbres, en échange des menus bénéfices que les visiteurs et les pèlerins leur procurent. Les uns rentrent coucher chaque soir dans leur village, d'autres habitent l'ermitage même et s'accommodent, pour le restant de leurs jours, de ces solitudes tranquilles. Nous retrouverons un autre ermitage de ce genre à Monserrat.[Retour au texte principal]
Note 5: Suite. Voyez pages 97 et 109.
Les pages dont nous donnons ici la primeur aux lecteurs du Tour du Monde sont empruntées au livre encore inédit: NAPOLÉON, ROI DE L'ÎLE D'ELBE, que doit prochainement publier la librairie Hachette, et qui sera l'histoire complète et singulièrement vivante, reconstituée sur place par l'auteur, de cette période si peu connue de la vie impériale.[Retour au texte principal]
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