The Project Gutenberg EBook of Petits Poèmes d'Automne, by Stuart Merrill This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org Title: Petits Poèmes d'Automne Author: Stuart Merrill Release Date: September 10, 2008 [EBook #26571] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK PETITS POÈMES D'AUTOMNE *** Produced by Ruth Hart[Note: In the original book, the Table was located at the end of the text, but for this online version I have placed it at the beginning.]
Petits Poèmes d'Automne
Stuart Merrill
PARIS
LÉON VANIER, LIBRAIRE-ÉDITEUR
19, QUAI SAINT-MICHEL, 19
1895
Tous droits réservés
À ADOLPHE RETTÉ
TABLE
AMOUR D'AUTOMNE
I
L’enchanteresse de Thulé
A ravi mon âme en son île
Où meurt, tel un souffle exhalé,
Le regret de l’heure inutile.
Je crois qu'on pleure autour de moi,
Prince dont la magique épée
Par la main des femmes sans foi
Se brisa, vierge d’épopée.
C’est la fuite des étendards
Le long de la mauvaise route
Aux cris des barbares hagards
Traquant mon armée en déroute.
Qu’importe?—Alors qu'au seuil des cieux
Je pourrais conquérir la Lance,
Posez vos doigts lourds sur mes yeux,
O vous, les trois Soeurs du Silence!
L’encens des jours s’est exhalé:
Pourquoi pleurer l’heure inutile?
L’enchanteresse de Thulé
A ravi mon âme en son île.
II
Des rossignols chantant à des lys
Sons la lune d’or de l’été, telle,
O toi, fut mon âme de jadis.
Tu vins cueillir mes lys d’espoir, Belle,
Mes lys qui saignèrent dans ta main
Quand se leva la lune nouvelle.
Amour, sera-ce bientôt demain,
Demain matin et ses chants de cloches
Et les oiseaux aux croix du chemin?
Pauvre, il neige dans les vallons proches.
III
Mon front pâle est sur tes genoux
Que jonchent des débris de roses;
O femme d’automne, aimons-nous
Avant le glas des temps moroses!
Oh! des gestes doux de tes doigts
Pour calmer l’ennui qui me hante!
Je rêve à mes aïeux les rois,
Mais toi, lève les yeux, et chante.
Berce-moi des dolents refrains
De ces anciennes cantilènes
Où, casqués d’or, les souverains
Mouraient aux pieds des châtelaines.
Et tandis que ta voix d’enfant,
Ressuscitant les épopées,
Sonnera comme un olifant
Dans la danse âpre des épées,
Je penserai vouloir mourir
Parmi les roses de ta robe,
Trop lâche pour reconquérir
Le royaume qu’on me dérobe.
IV
Je crois, folle, que tout l'automne
Dort en tes yeux, et ta voix,
Las! se lamente monotone
Comme le vent lent dans les bois.
Tes cheveux sont couleur des feuilles
Qui vont mourir, et tes mains
Semblent flétrir, que tu le veuilles
Ou non, les fleurs des lendemains.
Aussi t’aimais-je pour le rêve
Lamentable de tes yeux
Et ta voix qui fut la voix d’Eve
Pleurant les aubes d’anciens cieux;
Et surtout pour ta chevelure
Qui fut mou léger linceul,
Et tes mains à douce brûlure
Lors des baisers de seule à seul.
Mais tu ne sus charmer mon âme,
Dont le Sauveur ait merci!
Car elle est de souffle et de flamme
Et pure de l’impur souci.
Me voici, féal à mon glaive,
De nouveau sous le soleil,
Et ces nuits d’amour sont le rêve,
N’est-ce pas? d’un mauvais sommeil.
Je vais vers des pays où tonne
Le combat des demi-dieux...
Ah! folle, folle, tout l’automne
Ne dormait-il pas en tes yeux?
V
Au temps de la mort des marjolaines,
Alors que bourdonne ton léger
Rouet, tu me fais, les soirs, songer
A tes aïeules les châtelaines.
Tes doigts sont fluets comme les leurs
Qui dévidaient les fuseaux fragiles.
Que files-tu, soeur, en ces vigiles,
Où tu chantes d’heurs et de malheurs?
Seraient-ce des linceuls pour tes rêves
D’amour, morts en la saison des pleurs
D’avoir vu mourir toutes les fleurs
Qui parfumèrent les heures brèves?
Oh! le geste fatal de les mains
Pâles, quand je parle de ces choses,
De tes mains qui bénirent les roses
En nos jours d’amour sans lendemains!
C’est le vent d’automne dans l’allée,
Soeur, écoute, et la chute sur l’eau
Des feuilles du saule et du bouleau,
Et c’est le givre dans la vallée.
Dénoue—il est l'heure—tes cheveux
Plus blonds que le chanvre que tu files;
L’ombre où se tendent nos mains débiles
Et propice au murmure des voeux.
Et viens, pareille à ces châtelaines
Dolentes à qui tu fais songer,
Dans le silence où meurt ton léger
Rouet, ô ma soeur des marjolaines!
VI
—Viens, très douce, rêver aux heure.
Où nous effeuillâmes les lys
Au clair de la lune. Tu pleures?
—Je fus la fille du roi d'Ys,
Mon amant, et je sais à peine
Ce que nous nous dîmes, jadis.
—N’es-tu pas la petite reine
Qui s’en venait, chantant tout bas,
Mirer ses yeux en la fontaine?
—Si légers devaient choir mes pas
Sur le givre des nuits d’automne,
Que tu ne les entendis pas.
—Hélas! mais sa voix monotone
Était la tienne, et ses chers yeux
Avaient ton regard qui s’étonne.
—Dupe! Par une loi des dieux
La cité n’est plus sur la dune,
Et je vais vers de nouveaux cieux.
—Pourtant je sais que j’aimais une
Qui parlait ainsi de malheurs
En lançant des lys à la lune.
—O toi qui te souviens, ces pleurs
Sont le signe en effet de celle
Qui survit à la mort des fleurs.
—Je savais bien que tu fus elle,
Avec ta peur des lendemains,
Cet air mortel qui m’ensorcelle,
Et tes gestes las de tes mains!
VII
Tu vins vers moi par les vallées
Où s’effeuillaient les azalées,
O soeur des heures en allées!
Ta toison était de couleur
Rousse, et ta bouche de douleur
Pareille à la mort d’une fleur.
Tes yeux semblaient des cieux d’automne.
Où le dernier orage tonne,
Mélancolique et monotone.
Ta voix chantant la mort d’un roi.
Fut toute la femme pour moi,
Fol alors en quête de foi.
Et ces lèvres d’enfant mauvaise
Que seul le sang d’Amour apaise
Qu’ont-elles dit qu’il faut qu’on taise?
Ah! rien, sinon qu’Amour est mort
Sur notre seuil de mal abord
Où sourit le masque du Sort.
Je me souviens qu’en les vallées
Tombaient les fleurs des azalées,
Au cours des heures en allées.
VIII
Ce fut en un soir où les chansons
Des amants liés par leurs mains lasses
Mouraient, ô Dame pâle qui passes,
Au clair de la lune des moissons.
Long penchée au bord des lourds calices
Des lys, fleurs des reines et des rois,
Tu faisais le signe de la croix
Comme une qui renonce aux délices.
Chevelure éparse au vent léger,
Tu paraissais ceinte de lumière
Coutre l’ombre de la nuit première
Et les feuilles du prochain verger.
L’eau tintait tristement dans les vasques
Qu’enguirlandaient des danses d’amours
Et de satyres faisant des tours
Au rire à jamais muet des masques.
La puisant dans tes chétives mains,
Cette eau par laquelle tu fus sainte,
Tu baptisas les fleurs de l’enceinte,
Où dormait l’âme des lendemains.
Fus-tu le Remords ou la Mémoire,
O Passante aux yeux pleins de passé?
Maintenant l’eau stagne en le fossé
Et les lys sont morts avec la gloire.
De ce soir où les lentes chansons
Des amants liés par leurs mains lasses
Mouraient, ô Dame pâle qui passes,
Au clair de la lune des moissons.
IX
Une nuit, sous ta terrible lune
Qui saignait parmi les brumes roses,
Tu parlais, ô soeur, de tristes choses
Comme une entant prise de rancune.
Au loin les appels des mauvais hommes
Nous montaient des vergers de la plaine
Où les arbres tordus par ta haine
Tendaient, fruits du mal amour, leurs pommes.
Tu n’entendis pas le bruit des roues
Rapportant vers les petits villages
La récolte des moissonneurs sages
Qui peinent le temps où tu te joues.
Tu cueillais les pavots de la route
Pour en festonner, plein tes mains molles,
Notre maison où l'on voit les folles
Mendier, soeurs du deuil et du doute.
Comme devant une étrange auberge
Tu fis, vocatrice de désastres,
Le signe qui flétrit les bons astres
Dans le jardin d’azur de la Vierge.
Puis effeuillant au seuil de la porte
Les fleurs de l’ombre l’une après l’une,
Tu chantas quelque chose à la Lune,
Quelque chose dont mon âme est morte.
X
O narcisses et chrysanthèmes
Do ce crépuscule d’automne
Où nos voit reprenaient les thèmes
Tant tristes du vent monotone!
Des enfants dansaient sur la route
Qui mène vers la lande noire
Où hurla jadis la déroute,
Sous la lune, des rois sans gloire.
Nous chantions des chants des vieux âges
En allant tous deux vers la ville,
Toi si grave avec tes yeux sages
Et moi dont l’âme fut si vile.
Le jour tombait au son des cloches
Dans l’eau lente de la rivière
Qui charriait vers des mers proches
La flotte à la noire bannière.
Nous fûmes trop fous pour comprendre
Les présages du crépuscule:
Voici l'ombre où l'on croit entendre
Les sanglots d’un dieu qui recule.
La flotte a fui vers d’autres astres,
Les enfants sont morts sur la route,
Et les fleurs, au vent des désastres,
Ne sont qu’un souvenir de doute.
Sais-tu le chemin de la ville,
Toi si grave avec tes yeux sages?
Ah! mon âme qui fut trop vile
A peur des chansons des vieux âges!
XI
Nous avons quitté ce soir la grand’ville
Où nous marchions seuls, les yeux dans les yeux.
Entends-tu là-bas, comme des adieux,
Les cloches des morts sonner la vigile?
Le soleil n’est plus, ô soeur puérile,
Mais n’ayons pas peur de l’ombre en les cieux;
Nous saurons trouver, après les aïeux,
La bonne maison d’accueil et d’asile,
Celle de ta croix où Dieu promet l’or,
La myrrhe et l’encens et tout sou trésor
Aux pauvres amants frappant à sa porte.
Prie un peu pourtant pour le péché d'hier,
Et donne la main si faible et si forte:
Voici venir l’heure où l'on voit, moins clair.
XII
Je ne sais plus par quelle contrée
D’étoiles et de roses de lune
Je t’ai perdue en cette vesprée
Où nos voix se turent l'une après l’une.
Au loin, c’est comme un murmure d’ondes
Coulant vers une mer inconnue.
Nos yeux suivaient le rêve des mondes,
Et notre âme attendait la venue
Du Christ ou de la Vierge Marie
Dans les roses de lune et les étoiles.
Au loin, le vent, comme un Dieu qui prie,
Souffle vers la mer l’essor des voiles.
Nos mains cherchaient l'ancienne caresse
Et nos lèvres la vieille parole;
Mais nos gestes étaient de détresse,
Et nos mots tels un oiseau qui s’envole.
Au loin, comme des oublis, les feuilles
Vogueut vers la mer où dort l’automne.
Ses yeux et ses lèvres que tu cueilles,
Dieu d’hiver dont le soleil s’étonne,
Refleuriront-ils comme les roses
Et les étoiles que nous aimâmes?
Au loin, l’air est plein de voix moroses
Et la mer chante la mort des âmes.
XIII
La nuit, dans un pays de fleurs
Tristes comme tes yeux, ô Bonne,
J’ai tressé pour toi la couronne
Mystique des sept douleurs.
Ci l’amarante et l’anémone,
Le souci, la rose et l’iris,
Avec l’asphodèle et le lis
Des urnes d’or de l’automne.
Mon âme, qui se sent mourir,
Comme la lune, en leurs corolles,
Ne sait plus le sens des paroles
Dont tu voulus l’attendrir.
Aux eaux oublieuses du fleuve
Qui coule vers la mer sans nom,
Il faudra, le voudrais-je ou non,
Qu’un soir d’effroi je m’abreuve.
Voici ces fleurs des anciens cieux:
J’en vais cueillir d’autres, ô Bonne,
Dans des pays d’ombre où l'automne
Est triste comme tes yeux.
INTERLUDE DE CHANSONS
I
Mon âme, en une rose,
Est morte de douleur:
C’est l'histoire morose
Du rêve et de la fleur.
Je n’irai pas la dire
Sur les routes du roi;
Je crois, Dame et Messire,
Que vous ririez de moi.
Voici le vent d’automne
Sur mon âme et les fleurs;
Et pourtant je m’étonne
De tout ce ciel en pleurs.
O rose de mon rêve,
Fleuriras-tu jamais?
Naîtras-tu de sa sève,
Amour, aux futurs Mais?...
II
Des fleurs du soir plein tes mains,
Tous les cieux dans tes yeux,
Et l’espoir des lendemains
Dans les yeux et les cieux,
Tu vins par la plaine jaune
En ce froid mois d’automne,
O la donneuse d’aumône
Dont le pauvre s'étonne.
Chantons de vieilles chansons
Pour l’amour du passé,
Et tels des enfants lançons
Tes fleurs au jour lassé.
On dit que sur la montagne
Tombe déjà la neige,
Mais qu’importe à qui regagne
L’âtre où le feu s’abrège?
Ce sera bientôt pour nous
Baisers et bon sommeil,
Mienne, et dans nos bras jaloux
L’oubli du vieux soleil.
III
O paix de ce pays d’ici
Où jadis nous nous aimâmes
Par nos corps et par nos âmes,
O paix de ce pays d’ici!
Le crépuscule dans les arbres
Dont tous les oiseaux sont fous
De s’être aimés comme nous,
Le crépuscule dans les arbres!
Et ce fleuve sous la forêt
Où, soeur folle des automnes,
Tu cueillais les anémones,
Et ce fleuve sous la forêt!
Sais-tu ce que nous dit le fleuve
Qui pleurait dans les roseaux
—Soupirs des vents et des eaux—
Sais-tu, ce que nous dit le fleuve?
Il nous dit: Craignez la forêt
Dont au carrefour des doutes
On ne connaît plus les routes.
Il nous dit: «Craignez la forêt!»
Mais nous n’avons pas peur des arbres
Lourds du tumulte des vols
Et des chants des rossignols;
Mais nous n’avons pas peur des arbres.
O paix de ce pays d’ici,
La voix des eaux est mensonge,
Et tu ne peux être un songe,
O paix de ce pays d’ici.
IV
Des lauriers, des lilas et des lys
Pour ma soeur des oiseaux,
Qui pleure les jours de jadis
Au bord des eaux!
Le fleuve se hâle sous le vent,
Vite, comme un oubli,
Vers la mer de la mort, avant
L’effort faibli.
O soeur! ô soeur! où sont les oiseaux
Pépiant à tes doigts
Lorsque tu soufflais aux roseaux
L’âme des bois?
Ce vent venu du pays des fous
Rebrousse au loin leurs vols;
Ma soeur, va prier à genoux
Les rossignols!
Oublie un peu que tout a été
Tel un rêve en sommeil:
Les fleurs et les oiseaux d’été
Et le soleil.
Des nénufars blancs et des iris
Pour ma soeur des oiseaux,
Et pleurons les jours de jadis
Au bord des eaux!
V
O ma dame des pavots
Si pâle en ta robe d’automne,
Pourquoi pleurer les renouveaux
Morts en ce fleuve monotone?
Tes rêves, au gré lent des eaux,
Voguent vers des mers moroses
Par où volèrent les oiseaux
Au pays des fleurs toujours roses.
Le chemin connu de nos pas
Se perd sous la nouvelle lune;
Ma Dame, ne sais-tu pas
Quel désir d’oubli m’importune?
Soyons les amants du sommeil
Au vent qui souffle sur les feuilles;
Oublions le nom du soleil
Sous les pavots que tu cueilles.
VI
Elise, Liliane,
Gertrude, Viviane
Et soeur Isabelle
Chacune sous la lune
Chantant rune après l’une,
Si belle! si belle!
Des iris et des lis
Sous les volubilis
Du jardin des pleurs!
Vos parfums firent peur
A mon si faible coeur,
O les fleurs! les fleurs!
Folie, ouvre les portes
De ce jardin de mortes
A la saison qui sonne!
C’est les cloches, les cloches
Chantant aux vallons proches
L’automne! l’automne!
Elise, les iris,
Liliane, les lis,
O femmes! ô fleurs!
Quel fut donc mon chagrin
Dans cet ancien jardin
Des pleurs—de mes pleurs?
VII
O Passantes, faites le signe
Du pardon et de l’infortune
Sur l’âme qui meurt comme un cygne
Blessé par l’archer de la lune.
Un chien noir aboie à la lune
Au fond de la forêt du cygne
Où tes sept soeurs de l’infortune
Cueillent des fleurs, et font un signe.
Quel fut donc le sens de ce signe
Qui flétrit de son infortune
Les fleurs chastes comme le cygne
Dont l’essor saigne sous la lune?
O les Passantes de la lune.
Lancez un anneau d’or au cygne
Et partez, soeurs de l'infortune,
Vers les amants qui vous font signe.
ÂME D’AUTOMNE
I
Au bord de la lointaine grève
Où nous conduisit la Chimère,
Puisez dans la coupe du rêve,
O mes frères, cette onde amère.
En l'azur du soir les sirènes
Nous chanteront, surnaturelles,
L’histoire des rois et des reines
Qui moururent d’amour pour elles.
Oubliez le casque et l’épée
Dont la cime et la lame en flamme
Tonnèrent dans maintes épopée.
Vainement, pour l’Or et la Femme.
C‘est ici le pays du rêve;
Abreuvez-vous de ronde amère,
O frères, au bord de la grève
Où nous conduisit la Chimère.
II
Au son des tambours et des cymbales,
Ils s'en venaient par les routes roses,
Chantant et lançant en l’air des balles
Qu’ils rattrapaient, experts à ces choses,
Dans des coupes. Ils allaient aux fêtes
Où l’on couronne les fous de roses.
Et par la bride ils menaient des bêtes
Aux housses de pourpre, avec des plumes
Enormes qui tremblaient sur leurs tètes.
Puis dans l’azur matinal des brumes
Filèrent des chars d'or où les belles
Sonnaient les grelots de leurs costumes.
Dans la venelle, des ribambelles
D'enfants dansaient devant la parade.
A leurs poings tremblaient des colombelles.
Or quand eut passé la mascarade,
Je rêvai d’aller mimer l’amour
Comme eux, sur les tréteaux et l’estrade.
Et depuis les chansons de ce jour
Mon âme éprise de toutes feintes
Guette au bord des chemins le retour
De baladins et des femmes peintes.
III
Je suis né tians une ville d’or
Dont au crépuscule tours et dômes
Reflètent leur irréel décor
Dans des mers qui baignent de royaumes.
Il y passe, sous de étendards,
Des rois fous d’avoir suivi la lune
Jusqu’à la pâle île des brouillards.
Et du port l'on voit, l'une après l’une,
Fuir, ouvrant la voile au vent lointain,
Des galères d’or aux hautes poupes
Où des reines lourdes de butin
Boivent le sang du soir dans des coupes.
La ville est maudite de Celui
Dont le temple est désert sur la place
Depuis que ses prêtres blancs ont fui
Sous les pierres de la populace.
Et des monts où les gardiens des tours
Hérissent leurs armes vers les astres.
Un soudain tonnerre de tambours
Tombe, tremblant aux futurs désastres
Qui feront hurler d’horreur les rois
Blottis comme des gueux sous les porches.
Et siffler le feu jusqu'aux beffrois
Sonnant l’heure des porteurs de torches.
IV
Mon royaume est plein de cavalcades
Caracolant vers des plaines d’or
Aux fanfares magiques d’un cor
Qui décèlera les embuscades.
Vers l'Occident surgissent, vermeils,
Les pinacles de la Cité sainte,
Où dix mille étendards, sur l’enceinte,
S’empourprèrent du sang des soleils.
Tôt tonneront, avec les cymbales,
Les tympanons des Barbares noirs,
Signal de la bataille des soirs
Qui cabrera les pâles cavales.
Les haches heurteront de l’estoc,
Les casques incrustés d’escarboucles,
D’où s’écrouleront, rouges, les boucles
Des Païens rebroussés sous le choc.
Et leur Prince, sonnant les alarmes,
S’échouera dans les flaques de sang
Aux foudres du cor retentissant
Par-dessus le vacarme des armes.
Je tordrai dans mon poing les cheveux
Des folles qui pleurent sous les tentes
La déroute des hordes chantantes
Dont elles assouvissaient les voeux.
Que l’on danse d’amour devant l’Arche
Qui nous mène, au rire des clairons,
Vers la rive où, doux, nous puiserons
L’oubli de la lutte et de la marche!
Je vous livre tout l’or du Trésor,
O vous de la croisade des rêves,
Et les gemmes frivoles des grèves
D’où la tarasque prend son essor.
Car seul dans le temple du Silence
Où mourra la voix de vos adieux,
Je veux ravir, comparable aux dieux,
La Coupe, la Couronne et la Lance.
V
L’étendard que mon bras de rebelle
Déroula sur les terres du rêve
Tremble aux tours du palais de la Belle
Pour que son peuple en rie. Et le glaive
Que trempa dans le sang des chimères
Quelque héros aïeul de ma race,
S’est brisé dans mes mains éphémères
Contre l’Ange à la ronge cuirasse.
Prince de si triste renommée,
Me voici, revenu des désastres,
Sur la route où jadis mon armée
Chevauchait en chantant vers les astres.
Nul, hélas! n’enguirlande de roses
Cette lance où miroite la lune.
Ah! les jours de retour sont moroses
Aux maudits de la mâle fortune!
La douce diseuse d’aventure
Qui pleura sur le seuil de sa porte
Quand je lus dans l’occulte écriture,
Je sais par les signes qu’elle est morte.
Et mon âme qui d’amour tressaille
Revole vers la terre du rêve,
Où vaincu dans l’ultime bataille
Je perdis l’Etendard et te Glaive.
VI
Je suis ce roi des anciens temps
Dont la cité dort sous la mer
Aux chocs sourds des cloches de fer
Qui sonnèrent trop de printemps.
Je crois savoir des noms de reines
Défuntes depuis tant d’années,
O mon âme! et des fleurs fanées
Semblent tomber des nuits sereines.
Les vaisseaux lourds de mon trésor
Ont tous sombré je ne sais où,
Et désormais je suis le fou
Qui cherche sur les flots son or.
Pourquoi vouloir la vieille gloire
Sous les noirs étendards des villes
Où tant de barbares serviles
Hurlaient aux astres ma victoire?
Avec la lune sur mes yeux
Calmes, et l'épée à la main,
J’attends luire le lendemain
Qui tracera mon signe aux cieux.
Pourtant l’espoir de la conquête
Me gonfle le coeur de ses rages:
Ai-je entendu, vainqueur des âges,
Des trompettes dans la tempête?
Ou sont-ce les cloches de fer
Qui sonnèrent trop de printemps?
Je suis ce roi des anciens temps
Dont la cité dort sous la mer.
VII
Je suis mort au bord de la grève
D’un pays dont je fus roi
Las moi! qu’ai-je trompé le rêve
Des blancs guerriers le la foi?
Leurs trompettes d’or dans l’automne
Tonnent, et leurs cris de deuil
Vibrent dans le vent monotone
Qui souffle sur mon cercueil.
Dans ma main se rouille l’épée
Qui flamba sur maints combats
Quand les chantres de l’épopée
Suivaient l’éclair de mes pas.
Tout est fini. La Renommée
Ne sacrera plus ce front
Des fraîches palmes d’Idumée
Qui sauvent de tout affront.
Et les vierges qui par les routes
Semaient sous mon char des lys,
Je crois qu’elles vont s’enfuir toutes,
Riant des jours de jadis.
Pourquoi pleurer les infidèles
En mon éternel sommeil?
Je sais que quand les hirondelles
Voleront vers le soleil,
Ta viendras, ô Reine du rêve,
De l’hiver des mers du Nord,
Ravir mon âme vers la grève
Où tout souvenir s'endort.
VIII
Roses trop rouges de mon désir,
Je vous effeuille au bord de cette onde
Où venait se mirer le Plaisir
Sous son masque usé comme le monde.
Du bleu des monts où naît le matin
Cent bateaux dont la poupe se bombe
Se laissent voguer, lourds de butin,
Vers la mer où le soleil succombe.
Mon âme amante des nénufars
Voit passer devant elle la flotte
Brave de clairons et d’étendards
Sans ouïr l’appel du roi-pilote.
C’est demain le réveil en la mer
Pour ceux-là qui descendent le fleuve.
—Ecoute les cloches de l’hiver,
Qui sonnent pour les autres l'épreuve.
Et prie à genoux parmi les fleurs
Roses trop rouges que tu tortures,
Nénufars où pleurent tes douleurs.
Pour tous les fous de ces aventures.
La nuit douce à tes souvenirs las
Pose ses pas d’oubli sur la grève.
Dors au pays des fleurs et des glas
Et rêve que la vie est un rêve.
IX
La porte de la triste maison
Où s’abrita le rêve des ans
S’est close aux neiges de la saison
Dont frissonnent les nouveaux enfants.
La route ne connaît plus les rois
Qui passaient dans des bruits de tambours,
Ni les prêtres droits sous leurs orfrois,
Ni les bouffons et les troubadours.
Vainement les pauvres impotents,
Leurs pieds sur le seuil, chantent en choeur
D’importunes chansons du vieux temps
Sous le houx qui saigne comme un coeur.
Celle et celui qui leur donnaient l’or
Sont morts d’avoir eu peur de l’hiver
Dans la maison où l’horloge encor
Marque, sans le savoir, l'heure d’hier.
Le jardin se perd vers les confins
De la forêt interdite au jour
Qui hérisse en menace ses pins
Autour des trois croix du carrefour.
Et contre le crépuscule roux
L’on voit fuir sous les corbeaux du sort,
Comme une horde noire de loups,
Les vengeurs qui hurlent à la mort.
X
Le lierre noir et la rose églantine
Défendent les porte du jardin
Où le soir d’un printemps qui s’obstine
Est tout d’azur et d’incarnadin.
Dehors s’éplorent les folles fontaines
Qui virent mi-mort d'amour l'Enfant
Venu par les routes incertaines
Vers ce seuil du rêve triomphant,
N’ayant connu ni la magique épée
Que ne rouille pas le sang des fleurs,
Ni la parole de l’épopée
Par laquelle s’enfuit l’heure en pleurs,
Il s’agenouilla, très las, dans la poudre
De la route ouvert à tous les pas
Où les chars font le bruit de la foudre
Et leurs sonnailles celui d'un glas.
Quelles flûtes se dirent, dans les roses,
La victoire du soir sur celui
Qui crut servir l’esprit et les choses
Du lendemain et de l’aujourd'hui?
O pâle Enfant désireux des corolles,
Close longtemps est la porte d’or
Que seules descellent les paroles
De ceux qu veulent le vrai trésor.
Laisse-toi donc dormir hors de l’enceinte
Où chante te dernier rossignol;
Sache croire que l’attente est sainte,
Et donne à tes seuls rêves leur vol.
Et peut-être enfin les portes de flamme
S'ouvriront-elles à ton appel
Sous l’aube où les fleurs, ayant une âme,
En feront sauter le triple scel.
XI
Mon âme tant mal de s’endort,
Soeur, au son de ta chanson nocturne:
Un lys noir a fleuri dans l’urne,
Le roi de ce pays est mort.
De lointains luths scandent tes paroles
Que je ne comprends plus, ô ma soeur.
Semez, mes mains, avec douceur
Des étoiles et des corolles.
Oh! du silence pour écouter
Ce que soufflent les anges funèbres:
Drapeaux du roi dans les ténèbres,
L’heure des fous vient de tinter.
Des vols d’aigles tonnent sur ma tète
Dont s’ensanglantèrent les regards:
O mort, ouvre es yeux hagards,
Dans la tempête, à la conquête.
Mes rêves noirs ont pris leur essor
Vers une ville à la tour penchée:
Voici passer la chevauchée
Des princes sous la lune d’or.
Oh! des baisers, ma soeur, sur mes lèvres,
Et tes mains sur mes yeux, ou je meurs:
Tôt hurleront toutes les peurs
Dans le rouge palais des fièvres.
Plus de lune! mon âme s’endort,
Tant folle, à cette heure taciturne:
Un lys noir a fleuri dans l'urne,
Le roi de ce pays est mort.
XII
Les sept fontaines sont taries
Qui jaillissaient dans la grand'place
De la ville où la populace
Accourait rire aux féeries.
Sur le palais dont les cent porches
Ne s’ouvriront plus à l’attente,
Tombe la nuit épouvantante,
Lourdement, sans bruit ni torches.
La danse est dansée aux terrasses
Où ne vibreront plus de cordes:
Le Conquérant, avec ses hordes,
A passé, fuyant ses traces.
Seule parmi les fleurs fanées,
Celle qui survit la vie
File en chantant à voix ravie
Le lin rouge des années.
Là-bas la route des désastres
Monte vers la montagne sombre
Où la Fileuse entend, dans l’ombre,
Tonner la chute des astres.
XIII
Rouge en la cathèdre royale
Parmi les trompettes de fer,
Elle impose en reine d’enfer
Ses lois à la gent déloyale.
D'un bandeau de pourpre à clous d’or
S’écroule l’azur de ses boucles
Jusqu’à ses doigts lourds d’escarboucles
Qui serrent la clef du trésor.
Sur sa simarre à larges barres
Rayonne au soleil des orfrois
Le féroce blason des rois
Qui massacrèrent les barbares.
---
Dans la salle des étendards
C’est soir d’affolante épouvante;
Sur les routes il pleut et vente,
Au gibet dansent les pendards.
Une trompette sonne et tonne
Au haut de la tour du manoir,
Et l'on entend au fond du noir
Les pas du bourreau qui l'étonne.
Ce qu’oyant, le fou de la cour,
Dont tinte en tremblant la marotte,
Chante de sa voix qui chevrote
Un ancien virelai d’amour.
---
Sur la couche à lourdes courtines
Que froisse son singe badin,
La Reine étrangle un baladin
De ses étreintes serpentines.
Dans l’ombre des couloirs couverts
D’où jaillit un éclair de bagues
Sifflent, hors des fourreaux, les dagues
Des pages pervers aux yeux verts.
Et les flambeaux chus des pilastres
Ont mis feu, sous le veut des pas,
Aux plis frissonnants des lampas
Fleuris d'or comme les vieux astres.
---
C’est la révolte et les bûchers
En la nuit de la décadence
Où le peuple aux yeux jaunes danse
Autour du tocsin des clochers.
Et du haut d’une hallebarde
Où s’enroule un obscène écrit,
La tète de la Reine rit
Aux crachats sanglants de sa garde;
Rit! car en le secret trésor
Qu'ont à jamais sacré les flammes,
Sous la cendre des oriflammes
Resplendit sa couronne d'or!
End of Project Gutenberg's Petits Poèmes d'Automne, by Stuart Merrill *** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK PETITS POÈMES D'AUTOMNE *** ***** This file should be named 26571-h.htm or 26571-h.zip ***** This and all associated files of various formats will be found in: https://www.gutenberg.org/2/6/5/7/26571/ Produced by Ruth Hart Updated editions will replace the previous one--the old editions will be renamed. Creating the works from public domain print editions means that no one owns a United States copyright in these works, so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties. Special rules, set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark. Project Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you charge for the eBooks, unless you receive specific permission. If you do not charge anything for copies of this eBook, complying with the rules is very easy. You may use this eBook for nearly any purpose such as creation of derivative works, reports, performances and research. They may be modified and printed and given away--you may do practically ANYTHING with public domain eBooks. Redistribution is subject to the trademark license, especially commercial redistribution. *** START: FULL LICENSE *** THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free distribution of electronic works, by using or distributing this work (or any other work associated in any way with the phrase "Project Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full Project Gutenberg-tm License (available with this file or online at https://gutenberg.org/license). Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg-tm electronic works 1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to and accept all the terms of this license and intellectual property (trademark/copyright) agreement. If you do not agree to abide by all the terms of this agreement, you must cease using and return or destroy all copies of Project Gutenberg-tm electronic works in your possession. If you paid a fee for obtaining a copy of or access to a Project Gutenberg-tm electronic work and you do not agree to be bound by the terms of this agreement, you may obtain a refund from the person or entity to whom you paid the fee as set forth in paragraph 1.E.8. 1.B. "Project Gutenberg" is a registered trademark. It may only be used on or associated in any way with an electronic work by people who agree to be bound by the terms of this agreement. There are a few things that you can do with most Project Gutenberg-tm electronic works even without complying with the full terms of this agreement. See paragraph 1.C below. There are a lot of things you can do with Project Gutenberg-tm electronic works if you follow the terms of this agreement and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm electronic works. See paragraph 1.E below. 1.C. The Project Gutenberg Literary Archive Foundation ("the Foundation" or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project Gutenberg-tm electronic works. Nearly all the individual works in the collection are in the public domain in the United States. If an individual work is in the public domain in the United States and you are located in the United States, we do not claim a right to prevent you from copying, distributing, performing, displaying or creating derivative works based on the work as long as all references to Project Gutenberg are removed. Of course, we hope that you will support the Project Gutenberg-tm mission of promoting free access to electronic works by freely sharing Project Gutenberg-tm works in compliance with the terms of this agreement for keeping the Project Gutenberg-tm name associated with the work. You can easily comply with the terms of this agreement by keeping this work in the same format with its attached full Project Gutenberg-tm License when you share it without charge with others. 1.D. The copyright laws of the place where you are located also govern what you can do with this work. Copyright laws in most countries are in a constant state of change. If you are outside the United States, check the laws of your country in addition to the terms of this agreement before downloading, copying, displaying, performing, distributing or creating derivative works based on this work or any other Project Gutenberg-tm work. The Foundation makes no representations concerning the copyright status of any work in any country outside the United States. 1.E. Unless you have removed all references to Project Gutenberg: 1.E.1. The following sentence, with active links to, or other immediate access to, the full Project Gutenberg-tm License must appear prominently whenever any copy of a Project Gutenberg-tm work (any work on which the phrase "Project Gutenberg" appears, or with which the phrase "Project Gutenberg" is associated) is accessed, displayed, performed, viewed, copied or distributed: This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org 1.E.2. If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is derived from the public domain (does not contain a notice indicating that it is posted with permission of the copyright holder), the work can be copied and distributed to anyone in the United States without paying any fees or charges. If you are redistributing or providing access to a work with the phrase "Project Gutenberg" associated with or appearing on the work, you must comply either with the requirements of paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 or obtain permission for the use of the work and the Project Gutenberg-tm trademark as set forth in paragraphs 1.E.8 or 1.E.9. 1.E.3. If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is posted with the permission of the copyright holder, your use and distribution must comply with both paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 and any additional terms imposed by the copyright holder. Additional terms will be linked to the Project Gutenberg-tm License for all works posted with the permission of the copyright holder found at the beginning of this work. 1.E.4. Do not unlink or detach or remove the full Project Gutenberg-tm License terms from this work, or any files containing a part of this work or any other work associated with Project Gutenberg-tm. 1.E.5. Do not copy, display, perform, distribute or redistribute this electronic work, or any part of this electronic work, without prominently displaying the sentence set forth in paragraph 1.E.1 with active links or immediate access to the full terms of the Project Gutenberg-tm License. 1.E.6. You may convert to and distribute this work in any binary, compressed, marked up, nonproprietary or proprietary form, including any word processing or hypertext form. However, if you provide access to or distribute copies of a Project Gutenberg-tm work in a format other than "Plain Vanilla ASCII" or other format used in the official version posted on the official Project Gutenberg-tm web site (www.gutenberg.org), you must, at no additional cost, fee or expense to the user, provide a copy, a means of exporting a copy, or a means of obtaining a copy upon request, of the work in its original "Plain Vanilla ASCII" or other form. Any alternate format must include the full Project Gutenberg-tm License as specified in paragraph 1.E.1. 1.E.7. Do not charge a fee for access to, viewing, displaying, performing, copying or distributing any Project Gutenberg-tm works unless you comply with paragraph 1.E.8 or 1.E.9. 1.E.8. You may charge a reasonable fee for copies of or providing access to or distributing Project Gutenberg-tm electronic works provided that - You pay a royalty fee of 20% of the gross profits you derive from the use of Project Gutenberg-tm works calculated using the method you already use to calculate your applicable taxes. The fee is owed to the owner of the Project Gutenberg-tm trademark, but he has agreed to donate royalties under this paragraph to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation. Royalty payments must be paid within 60 days following each date on which you prepare (or are legally required to prepare) your periodic tax returns. Royalty payments should be clearly marked as such and sent to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation at the address specified in Section 4, "Information about donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation." - You provide a full refund of any money paid by a user who notifies you in writing (or by e-mail) within 30 days of receipt that s/he does not agree to the terms of the full Project Gutenberg-tm License. You must require such a user to return or destroy all copies of the works possessed in a physical medium and discontinue all use of and all access to other copies of Project Gutenberg-tm works. - You provide, in accordance with paragraph 1.F.3, a full refund of any money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the electronic work is discovered and reported to you within 90 days of receipt of the work. - You comply with all other terms of this agreement for free distribution of Project Gutenberg-tm works. 1.E.9. If you wish to charge a fee or distribute a Project Gutenberg-tm electronic work or group of works on different terms than are set forth in this agreement, you must obtain permission in writing from both the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and Michael Hart, the owner of the Project Gutenberg-tm trademark. Contact the Foundation as set forth in Section 3 below. 1.F. 1.F.1. Project Gutenberg volunteers and employees expend considerable effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread public domain works in creating the Project Gutenberg-tm collection. Despite these efforts, Project Gutenberg-tm electronic works, and the medium on which they may be stored, may contain "Defects," such as, but not limited to, incomplete, inaccurate or corrupt data, transcription errors, a copyright or other intellectual property infringement, a defective or damaged disk or other medium, a computer virus, or computer codes that damage or cannot be read by your equipment. 1.F.2. LIMITED WARRANTY, DISCLAIMER OF DAMAGES - Except for the "Right of Replacement or Refund" described in paragraph 1.F.3, the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, the owner of the Project Gutenberg-tm trademark, and any other party distributing a Project Gutenberg-tm electronic work under this agreement, disclaim all liability to you for damages, costs and expenses, including legal fees. YOU AGREE THAT YOU HAVE NO REMEDIES FOR NEGLIGENCE, STRICT LIABILITY, BREACH OF WARRANTY OR BREACH OF CONTRACT EXCEPT THOSE PROVIDED IN PARAGRAPH F3. YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE TRADEMARK OWNER, AND ANY DISTRIBUTOR UNDER THIS AGREEMENT WILL NOT BE LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH DAMAGE. 1.F.3. LIMITED RIGHT OF REPLACEMENT OR REFUND - If you discover a defect in this electronic work within 90 days of receiving it, you can receive a refund of the money (if any) you paid for it by sending a written explanation to the person you received the work from. If you received the work on a physical medium, you must return the medium with your written explanation. The person or entity that provided you with the defective work may elect to provide a replacement copy in lieu of a refund. If you received the work electronically, the person or entity providing it to you may choose to give you a second opportunity to receive the work electronically in lieu of a refund. If the second copy is also defective, you may demand a refund in writing without further opportunities to fix the problem. 1.F.4. Except for the limited right of replacement or refund set forth in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS' WITH NO OTHER WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO WARRANTIES OF MERCHANTIBILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE. 1.F.5. Some states do not allow disclaimers of certain implied warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages. If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by the applicable state law. The invalidity or unenforceability of any provision of this agreement shall not void the remaining provisions. 1.F.6. INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone providing copies of Project Gutenberg-tm electronic works in accordance with this agreement, and any volunteers associated with the production, promotion and distribution of Project Gutenberg-tm electronic works, harmless from all liability, costs and expenses, including legal fees, that arise directly or indirectly from any of the following which you do or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause. Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of electronic works in formats readable by the widest variety of computers including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from people in all walks of life. Volunteers and financial support to provide volunteers with the assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will remain freely available for generations to come. In 2001, the Project Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 and the Foundation web page at https://www.pglaf.org. Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit 501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at https://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by U.S. federal laws and your state's laws. The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered throughout numerous locations. Its business office is located at 809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email [email protected]. Email contact links and up to date contact information can be found at the Foundation's web site and official page at https://pglaf.org For additional contact information: Dr. Gregory B. Newby Chief Executive and Director [email protected] Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide spread public support and donations to carry out its mission of increasing the number of public domain and licensed works that can be freely distributed in machine readable form accessible by the widest array of equipment including outdated equipment. Many small donations ($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt status with the IRS. The Foundation is committed to complying with the laws regulating charities and charitable donations in all 50 states of the United States. Compliance requirements are not uniform and it takes a considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up with these requirements. We do not solicit donations in locations where we have not received written confirmation of compliance. To SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any particular state visit https://pglaf.org While we cannot and do not solicit contributions from states where we have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition against accepting unsolicited donations from donors in such states who approach us with offers to donate. International donations are gratefully accepted, but we cannot make any statements concerning tax treatment of donations received from outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff. Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation methods and addresses. Donations are accepted in a number of other ways including including checks, online payments and credit card donations. To donate, please visit: https://pglaf.org/donate Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic works. Professor Michael S. Hart was the originator of the Project Gutenberg-tm concept of a library of electronic works that could be freely shared with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support. Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper edition. Most people start at our Web site which has the main PG search facility: https://www.gutenberg.org This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, including how to make donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.